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Quelles réponses à l’hyper violence des jeunes ?

Par le Docteur Maurice Berger, Pédopsychiatre*

Mes propos reposent sur 42 ans de travail comme pédopsychiatre avec des mineurs violents. Pendant 35 ans, j’ai dirigé le seul service français de pédopsychiatrie dédié à la prise en charge des enfants de moins de 12 ans extrêmement violents, puis j’ai travaillé sept ans dans un Centre éducatif renforcé recevant des adolescents violents issus des quartiers dits sensibles.

Ces mineurs commettent de plus en plus jeunes (certains meurtriers ont 13 ans) des actes de plus en plus graves, et la nature de leur violence a changé. Leur fonctionnement psychique est différent de ceux qui commettent uniquement des atteintes aux biens. Ils n’éprouvent ni empathie, ni culpabilité, n’ont pas comme repère la différence entre le bien et le mal, et m’ont déclaré n’avoir « rien à foutre » de l’état de la victime, ou « de toutes manières, il serait mort un jour ou l’autre ». Ils n’ont aucune loi dans la tête sauf la loi du plus fort ou les codes de l’honneur du clan. Ainsi quand je demande à un jeune de 15 ans pourquoi il ne s’est pas arrêté lorsque la police l’a demandé alors qu’il conduisait un véhicule volé, il me répond « je fais ce que je veux », le mot obtempérer n’a aucun sens pour lui. Ces adolescents sont insensibles à la parole, et toute manifestation d’autorité comme un contrôle de titre de transport est vécue comme une provocation. Leur violence est moins liée qu’autrefois à la période de l’adolescence et se déroule dans un continuum depuis la maternelle. Ils vont jusqu’au bout au sens où il s’agit souvent non pas de prendre l’ascendant en mettant la victime au sol mais d’éliminer celui qui est considéré comme gênant, avec un plaisir jubilatoire à frapper ou à tuer. Ceci s’accompagne d’un fort sentiment d’impunité et j’ai souvent entendu : « Comme mineur, je ne peux pas être condamné et même si je fais quelque chose de grave, je sais que je n’irai pas en prison ».

Derrière un acte sommaire, frapper, voire tuer, se trouvent différents processus psychiques car cette violence a des origines diverses. Ainsi 70 à 80 % des mineurs violents ont été exposés précocement au spectacle de violences conjugales : pendant les deux premières années de sa vie, l’enfant, qui ne peut mettre de mots sur ce qu’il ressent, n’a pas d’autre choix que de laisser les images, les cris, les gestes s’inscrire à l’état brut dans son cerveau, et ces images peuvent resurgir plus tard à l’occasion d’une bousculade, d’un supposé mauvais regard. L’enfant se transforme alors en son père violent. Il se produit plus de violences conjugales dans toute culture qui inclut une inégalité homme-femme. Sont aussi fréquentes les négligences importantes lors du maternage, comme laisser pleurer l’enfant pendant des heures, ce qui le met dans un état de stress permanent qui abime les zones cérébrales impliquées dans la régulation des émotions, de la colère.

La famille peut avoir un fonctionnement clanique. Un clan est un corps dont chaque individu est un membre, sous l’autorité d’un patriarche ou d’une matriarche. Si un sujet s’éloigne géographiquement ou se met à penser différemment, le groupe se vit comme amputé d’un membre et va chercher à le récupérer, la ghettoïsation est donc autosécrétée. Le mode de pensée est indifférencié : le but n’est pas qu’un sujet pense par lui-même, son identité est d’abord d’appartenir au groupe et qu’il en reste proche. Le code de l’honneur prime sur la loi de la République. Et la représentation de la relation qu’ont ces jeunes n’est pas de personne à personne mais de groupe à groupe : si l’un d’eux est en difficulté lors d’un différend, il rameute son groupe : « mes frères vont venir te tuer ».

Certains mineurs sont en échec scolaire complet dès le CP, n’ont aucun plaisir à apprendre, ne peuvent rêver à un métier futur, ne peuvent pas envisager une satisfaction différée. Le seul pouvoir qui leur reste sur leur vie est un gain rapide, quotidien par le trafic de drogue. L’argent prend une dimension obsédante, et tous les moyens sont permis pour l’obtenir. Mais les objets achetés avec cet argent sont rapidement dépréciés, car le manque n’est pas seulement celui de la drogue, c’est aussi un manque affectif permanent.

A l’opposé, une idéologie prégnante chez certains politiques, magistrats, éducateurs estime que la violence des mineurs est due à notre « vilaine société » : le mineur est décrit comme une victime de la précarité, de la ghettoïsation, etc. C’est faux : 90 % des mineurs placés dans le Centre éducatif renforcé où je travaillais étaient maghrébins, ainsi que 80 % des éducateurs, tous venaient des mêmes quartiers « sensibles » et avaient vécu dans les mêmes conditions économiques. Mais les parents de ces futurs éducateurs avaient un projet parental, ils exigeaient que leur enfant rentre à la maison dès la sortie de l’école, que les devoirs soient faits, voulaient qu’il soit aimable en société, « présentable », capable de se construire un projet personnel et de devenir autonome. Donc on nait dans une famille avant de naitre dans un quartier. L’excuse victimaire nie l’impact des attitudes éducatives gravement inadéquates des parents et celui de la culture d’origine. Elle est à l’origine d’une véritable érosion de la peine à laquelle participe le Code de la justice pénale des mineurs, entre autres parce qu’il interdit les peines de prison de moins d’un mois, et impose une alternative à l’incarcération pour les peines entre un et six mois, souvent sous forme d’un séjour à domicile avec un bracelet électronique alors que beaucoup de membres de la famille de l’agresseur sont en prison au même moment ou présentent des troubles psychiatriques importants.

Dans mon travail en réadaptation fonctionnelle, je constate que l’agresseur reste plus central que la victime, avec une disproportion entre les lésions infligées et les peines prononcées. Blessure réelle, peine virtuelle pour des atteintes cérébrales gravissimes, des articulations détruites qui ne se réparent pas comme les pièces d’une voiture qu’on pourrait changer. Pour des faits qualifiés de « violence suivie d’infirmité permanente encourant 10 ans de prison et 150 000 d’amende », l’auteur est condamné à quelques mois de prison avec sursis, ou ne fait aucun jour de prison. D’authentiques tentatives d’homicide sont requalifiées en violence volontaire sans intention de donner la mort. Donc les faits n’apparaissent graves ni pour le juge, ni pour le mineur. Il existe un déséquilibre entre la justice de l’auteur (étude de sa personnalité, de son histoire), et la justice de l’acte (le fait que l’acte a été commis de manière délibérée, et ses conséquences). A la place vient « l’obsession » d’attendre la récidive pour considérer que les délits d’un mineur sont réellement graves, et ce droit à « l’erreur de jeunesse » aboutit à un droit de premier tabassage. La décision judiciaire devrait être beaucoup plus centrée sur la gravité de l’acte, donc sur les dommages matériels et physiques subis par la victime.

Beaucoup de politiques et de juges n’ont pas saisi l’importance de sanctuariser l’intégrité du corps humain, de le préserver des attaques. Un contrat de base de notre civilisation consiste à déléguer à l’Etat l’utilisation de la force dans l’espace public, nous lui confions ainsi la préservation de notre intégrité physique. Or elle n’est pas protégée, sauf parfois par la police au moment d’une agression. Ce contrat est rompu parce que nous avons installé une tradition d’impunité au lieu d’une tradition de responsabilité.

Notre pays sacralise idéologiquement l’individu et sa liberté personnelle. Mais la primauté de la liberté individuelle n’est plus un concept opérant face à la généralisation des comportements violents et du refus de respecter l’autorité. Elle s’accompagne comme tous les droits, de devoirs, entre autres celui de ne pas mettre autrui en danger, de ne pas frapper.

La loi a perdu sa fonction structurante. Car on doit légiférer à partir d’un projet de société qui devrait prendre comme axe directeur la volonté absolue de protéger le corps des citoyens. Dit autrement, quelle société voulons-nous ?

C’est là que se situe le sens de la butée judiciaire. A la loi du plus fort, la justice doit opposer une force supérieure à la violence, et c’est très souvent incompris. Le principe fondamental défini en 1945, la primauté de l’éducatif sur le répressif, ne correspond plus aux formes actuelles de violence, il empêche de comprendre que la sanction fait partie de l’éducation, qu’il faut articuler les deux, et qu’actuellement, souvent le travail éducatif ne prendra de sens qu’après une peine de prison. L’arrestation n’est pas qu’une sanction, c’est un empêchement d’agir, elle offre une contenance corporelle de la violence permettant que le sujet puisse commencer à penser, à éprouver de la curiosité à l’égard de lui-même avec l’aide de professionnels, même si tous n’y parviendront pas. De plus, la sanction est le seul reflet signifiant la gravité de l’acte, un miroir. Valeur de la sanction, valeur de l’acte. Le sursis, parce qu’il n’a aucune matérialité, est considéré par eux comme un effacement de la dangerosité du délit. D’où l’importance des courtes peines imposées rapidement, sans césure, et accompagnées d’un sursis important, épée de Damoclès, dont plusieurs études montrent l’efficacité. Aux Pays Bas, les prisons se sont vidées parce qu’on a décidé de les remplir par des peines moins longues qu’en France, mais certaines, alors qu’en France, on n’incarcère, sauf crime, que des mineurs multirécidivistes ancrés dans la délinquance. La juge Brugère indique que la prison n’est pas l’école du crime, cette école a lieu avant la prison. Ceci nécessiterait la création d’établissements spécialisés pour ces courtes peines.

En l’absence de projet de société, on légifère par obligation, par des mesures partielles toujours en retard sur les faits. C’est pourquoi le projet Attal est très insuffisant car il n’évolue pas au rythme de la délinquance des mineurs. Une révolution pénale est donc indispensable. Le strict minimum serait la possibilité de comparution immédiate réelle, de prononcer rapidement des courtes peines et de définir des peines planchers, l’absence d’excuse de minorité automatique, l’abaissement de l’âge de majorité pénale (15 ans au Danemark), et une immigration choisie de manière à ne pas accroître la taille des clans. Sans cela, la violence continuera à s’étendre inexorablement sur l’ensemble du territoire. 


*Auteur de « Mineurs violents, Etat inconsistant » aux Editions de l’Artilleur – 104 pages

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