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Philippe Séguin, in memoriam

Par Raphael Piastra, Maitre de Conférences en droit public à l’Université Clermont Auvergne

Le 7 janvier 2010 disparaissait Philippe Séguin, dernier grand et vrai gaulliste de la Ve République. Un novateur dans sa pratique du pouvoir. Un visionnaire dans sa conception de l’Europe. Ces quelques lignes se veulent aussi hommage à celui que nous avons eu l’honneur de côtoyer dans des circonstances particulières que nous révélerons. Nous souhaitons aussi présenter aux jeunes générations qui nous liront un personnage aussi singulier qu’en avance sur son temps.

Il faut d’abord rappeler quel fut le parcours de ce personnage à nul autre pareil de notre Ve République. Avant que de s’intéresser aux fonctions éminentes qu’il a pu occuper puis à la fin de sa carrière trop tôt arrivée.

Un exemple de réussite de l’ascenseur social républicain

Philippe Séguin est né le 21 avril 1943 à Tunis. Il perd son père en 1944 tué au champ d’honneur dans le Doubs. Il a a peine un an. C’est ainsi qu’il sera pupille de la Nation. Comme il le dira souvent : « je devais remplacer mon père. J’avais en quelque sorte deux destins à assumer »

Le 11 Novembre 1949 c’est un garçonnet d’à peine 7 ans qui reçoit la croix de guerre et la médaille militaire posthumes de son papa. Cette cérémonie le marquera à vie dira-t-il. Il vit avec sa maman, devenue institutrice, et ses grands parents paternels. C’est à Tunis que le futur maire d’Épinal commence sa scolarité et surtout construit les bases de sa personnalité. Il reviendra souvent en Tunisie comme en pèlerinage.

Puis la famille vient en France plus précisément à Draguignan. Il est élève au lycée Carnot où il se révèle très doué pour les études. Il y rafle tous les prix. Philippe Séguin a à peine 15 ans lorsqu’il intègre sur dérogation l’École Normale des instituteurs du Var. Avec un bac histoire -philo (mention assez bien) il intègre l’École Normale d’Aix - en - Provence. Mais la rigidité de cette école lui pèse et il décide de s’inscrire comme étudiant libre à la faculté des Lettres aixoise. Il a 18 ans. Pour payer ses études il devient pigiste au journal Le Provençal. Il y couvre la vie universitaire. Philippe Séguin se révèle être un étudiant brillant. Comme pigiste il couvre aussi les informations générales car il a la plume facile. Il fait la connaissance d’Eugene Saccomano, célèbre journaliste sportif. Durant la période de l’OAS, il se définit comme un « socialiste réticent » partisan de la paix en Algérie. A cette époque le futur président de l’Assemblée connaît sa première élection en tant que secrétaire général de l’UNEF locale. Il ira en mission enseignante en Algérie qui se décolonise. C’est à cette période qu’il commence à s’intéresser au général de Gaulle. En 1965 Philippe Séguin obtient brillamment une licence de lettres. Il n’aspire plus à une carrière d’enseignant mais se passionne pour tout ce qui touche l’Etat, son rôle et son service. Il prépare donc l’ENA. Alors qu’il devait se marier avec une jeune fille de la bourgeoisie locale, les parents de celle-ci décident de rompre les fiançailles. Le jeune Philippe Séguin vit cela comme un échec important. Lui le fils d’une institutrice de Tunis, le pupille de la nation, gardera toute sa vie une prévention certaine et parfois démonstrative contre les « petits notables ». Les salons parisiens ne seront jamais sa tasse de thé…

A la rentrée 1965 il intègre Sciences Politiques Aix en Provence (un des plus réputés de province). A côté de sa carte d’étudiant, il a une carte de l’UNR, le parti gaulliste. Il va participer à l’élection du général de Gaulle. Deux ans après Phlippe Séguin sort major de sa promotion de sciences po. Il obtient aussi un diplôme d’études supérieures d’histoire. Un élément brillant comme l’on dit ! Philippe Séguin se voit confier un service de collaborateur technique du doyen de la Faculté de lettres d’Aix (il fait passer des examens).

C’est à l’automne 1967 qu’il se retrouve à Paris pour présenter l’ENA. Il intègre cette dernière. Son premier stage se déroule en Polynésie française. Il obtient la note maximale et regagne Paris. Il n’a donc pas assisté à mai 68 et le regrettera longtemps.

Il sort 7e dans la botte de l’ENA en 1970. Sa promotion est baptisée Robespierre (pour lequel Philippe Séguin, jacobin s’il en est, n’a aucune détestation). Il est un « énarque républicain » comme il aime à se définir. Il choisit la Cour des Comptes dont il deviendra président des années plus tard. Devant accomplir une « année sociale », mise en place par Jacques Chaban Delmas alors à Matignon, Philippe Séguin choisit Toulon. Il a entre temps fondé une famille avec notamment deux filles. Dans le Var il sera notamment chargé de monter un centre universitaire avec en particulier un IUT et trois cycles de droit, économie et sciences. Ce seront les bases de la future université de Toulon !

Avec sa famille il regagne Paris et réintègre la Cour des Comptes. Passionné de football, le futur ministre va être chargé d’un rapport sur la réorganisation du statut des joueurs professionnels. Son rapport sera considéré comme « une bible » par Fernand Sastre alors président de la FFR. Eugène Saccomano ne tarit pas d’éloges sur Europe 1 au sujet du rapport de son ami ! La grande majorité des conclusions du texte seront mises en œuvre. Ce qui est rarissime pour ce genre de rapport.

Une méthode Séguin est consacrée : savoir rompre avec ce qui existe et ensuite rassembler. De toute évidence il y a une patte gaulliste dans la démarche ! Et surtout lorsqu’il donne des instructions, elles sont « carrées » et il est du plus mauvais goût de ne pas les respecter. Et en cas de problème beaucoup de ses collaborateurs entendent encore raisonner le célèbre « démerdez-vous » !

Au printemps 1973 il devient chargé de mission au secrétariat général de l’Elysée. Comme le dit un de ses biographes, « Seguin à l’Elysée ». Avant l’heure ? On verra plus loin que, malheureusement, non…. C’est Michel Jobert, alors secrétaire général, qui l’a choisi. Philippe Séguin a en charge les dossiers agricoles puis environnementaux et des rapatriés. Il a alors 30 ans. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Jacques Chirac alors ministre de de l’Agriculture. L’entente n’est pas forcément cordiale. Il est à noter qu’en un an à l’Élysée Philippe Séguin ne rencontra pas une seule fois le président Pompidou (qui appréciait cependant ses notes). Suite à la mort de ce dernier, Séguin va soutenir Chaban Delmas à la présidentielle. Pourquoi ce choix ? « Le véritable gaulliste c’était lui » dira-t-il. Après l’Elysée il a intégré le secrétariat à la jeunesse et aux sports comme directeur adjoint. Chirac lui avait promis d’être directeur de l’éducation physique et des sports. Promesse (déjà) non tenue. Philippe Séguin démissionne. Il se souviendra toujours de cette parole non respectée….

Il revient donc à la Cour des Comptes au printemps 1975 sans enthousiasme. Il en profite pour devenir maître de conférences à l’IEP de Paris et donne toujours quelques cours à sciences po Aix. Suite à la démission de Jacques Chirac en 1976, Séguin adhère au RPR qui vient d’être créé. A la Cour il se rapproche de Marie France Garaud qu’il a un peu connu à l’Elysée. Mais surtout, grâce à Jacques Georges, puissant président d’honneur vosgien de la FFF, Philippe Séguin va se retrouver propulser député des Vosges (circonscription d’Épinal).

Et c’est là, notamment à Épinal (dont il deviendra maire), que va naître la substantielle carrière politique de Philippe Séguin.

Un personnage politique majeur de la Ve République

C’est donc dans ces contrées vosgiennes que l’enfant de Tunis va s’implanter politiquement. Il est devenu directeur de cabinet de Christian Poncelet alors ministre des relations avec le Parlement. Puis lorsque ce dernier est élu au Sénat, Séguin devient chargé de mission auprès de Raymond Barre à Matignon. C’est donc en mars 1978 qu’il est élu, de haute lutte, député de la première circonscription des Vosges. En 1981 il est réélu. La greffe Séguin a pris dans ces terres rudes. A tel point qu’en 1983 il remporte la mairie d’Épinal. Ses rapports avec Poncelet, autre personnage fort du coin, se dégradent. Séguin a une conception très intransigeante de sa fonction de premier édile. « Ceindre l’écharpe c’est comme entrer en religion. C’est plus que changer de vie, c’est vraiment changer d’état ». Quand il est à Épinal (en moyenne 3 jours par semaine car il vit toujours à Paris) il est spinalien à temps complet. Il en arpente les rues de sa silhouette massive qui inquiète et rassure à la fois ! Il sait prendre le pouls de cette cité qui va devenir un peu sa Corrèze à lui. Maire et député il sera régulièrement et brillamment réélu. Il nous le dira « Chirac était inimitable en campagne mais j’essayais de m’en inspirer ! ». Et il est vrai que sous sa mandature la capitale des Vosges va considérablement se transformer. Il y aura un avant et un après Séguin ! Il fera notamment de sa ville un laboratoire social et culturel. Elle sera même élue « première ville sportive de France ». Il est réélu à la tête de sa ville en 1989 dès le 1er tour. Les élus d’opposition ne peuvent que se résigner à constater les résultats plus que positifs de leur Maire. Les budgets sont votés le plus souvent à l’unanimité. Philippe Séguin est moins investi dans son mandat de député. Car il sait mieux que quiconque la relativité de ce dernier, présidentialisme oblige. Nos avons eu la grande chance d’échanger avec lui sur ce point. Sa pensée constitutionnelle était très prolixe à n’en point douter. De toutes les personnalités de sa génération que nous avons rencontrées, Philippe Séguin était le plus marquant en la matière.

Il ne nous a pas été difficile de comprendre l’importance que revêtait pour lui cette capitale des Vosges. On peut le dire, et certains de ses collaborateurs nous l’ont confirmé, il entendait donc faire de sa ville un laboratoire. Mais aussi un modèle de sa capacité de gestion et, disons-le, de gouvernance. Comme le berceau de ce que l’on appellera dans les années 90 le séguinisme. En cumulant avec son mandat de député (alors qu’il était contre et proposa même une réforme constitutionnelle en ce sens), il put appréhender à la fois la gestion locale et celle nationale.

Ce n’est pas le fruit du hasard si Jacques Chirac le nomme ministre des Affaires Sociales en 1986 lors de la première cohabitation. C’est un gaulliste social qui prend un poste important. D’autant qu’Épinal est, on l’a dit, un véritable laboratoire de politiques sociales toutes plus innovantes les unes que les autres. C’est donc lui qui va prendre en charge les ordonnances remettant en cause les (trop généreuses) lois sociales votées sous François Mitterrand. Ce dernier prévint qu’il ne signerait pas celles qui remettaient en cause ces dernières. Et c’est ce qu’il fit. Philippe Séguin avoua avoir pensé que Mitterrand n’oserait pas. La loi du 19 juin 1987 d’aménagement du temps de travail, dite « loi Séguin », va dans le sens d’une plus grande flexibilité. La France souffre d’une grande rigidité en ce domaine. Toujours sous l’impulsion du député des Vosges, la loi du 10 juillet 1987 est votée en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés qui introduit pour la première fois dans le code du travail la notion d’« Obligation d’emploi ».

Très actif dans la campagne de Chirac en 1988, Philippe Séguin retrouve son mandat de député, jusqu’aux élections législatives de 2002. Toujours à la barre d’Epinal aussi, il s’implique également dans la vie du RPR. Il fait partie de ceux qui, à droite, pensent que la défaite de Chirac nécessite de revoir la stratégie de conquête de l’Elysée notamment en s’opposant à Chirac lui-même. C’est le mouvement des « rénovateurs » (1989-1990). L’ancien ministre des Affaires Sociales fait même tandem avec Pasqua pour prendre la tête du RPR en février 90. Mais, comme nous le confiera un proche conseiller de Séguin, « Chirac avait tout verrouillé »…. Mais il est clair que le premier a pris date et devient la valeur montante du mouvement gaulliste. Les militants l’apprécient beaucoup. D’autant que le duo, improbable à priori, qu’il va former avec Pasqua fait mouche ! Et ce n’est qu’un début.

En effet en 1992, la carrière politique de Philippe Séguin connaît un tournant, lorsqu’il s’engage avec Charles Pasqua pour le « non » au référendum sur le traité de Maastricht, alors que les dirigeants de sa famille politique sont majoritairement en faveur de l’adoption. Fidèle à la tradition gaulliste et attaché à l’implication de l’État dans le domaine social, le maire d’Epinal estime que le traité européen est une menace pour l’indépendance de la France. Pour avoir milité alors, en Auvergne, au soutien de ce tandem, nous pouvons affirmer qu’il connaissait un fort engouement populaire. Les rôles étaient très bien répartis. D’abord Pasqua chauffait les foules comme personne, puis arrivait Séguin qui sur le fond et avec une maestria éprouvée, démontait article par article le traité. Le 5 mai 1992, ce dernier prononce un discours exceptionnel à l’Assemblée nationale, dans lequel il pourfend la « logique » fédérale du traité et réclame un référendum (« Discours prononcé par Philippe Séguin - 5 mai 1992 », site de l’Assemblée nationale). Le président François Mitterrand lui donne satisfaction le 3 juin suivant. Le 3 septembre 1992, le chef de l’Etat accepte un débat télévisé avec celui qui est considéré comme le leader du « non », au grand amphithéâtre de la Sorbonne. Les grands témoins de l’époque, et nous en avons côtoyé de près un certain nombre, se rejoignent pour dire que l’état de santé d’un président très affaibli par son cancer a beaucoup joué dans ce débat. En effet l’émission a été interrompu deux ou trois fois par des pauses publicitaires afin de soigner le président en coulisse. Cette situation à laquelle il ne s’attendait pas, n’a pas permis à Philippe Séguin de donner sa pleine mesure. Charasse nous confiera plus tard que « Séguin était un sérieux client. Encore 15 jours de campagne et le NON l’emportait ».

Malgré la courte victoire du « oui » (tout juste 51 %), qui était pourtant crédité de 70 % au début de la campagne, la notoriété de Philippe Séguin en sort renforcée. Il devient un des leaders de la droite. Ce dernier poursuit alors, sur un mode plus discret, un lobbying dans les milieux économiques et financiers, pour trouver une solution aux excès de la politique dite du "franc fort", sur fond de dévaluations au sein du système monétaire européen, qui selon lui se traduit par des taux d’intérêt maintenus trop longtemps à un niveau trop élevé. Il est persuadé qu’avec une bonne politique économique et des mesures sociales adaptées, le plein emploi est possible.

Et puis ce sont les législatives de 1993 et la seconde cohabitation. Philippe Séguin est élu président de l’Assemblée nationale par un score rarement atteint pour ce scrutin (389 voix contre 59 à André Labarrère). Son combat consiste à protéger l’autonomie des parlementaires face au gouvernement. Il instaure le vote électronique, rendant impossible la pratique jusqu’alors tolérée de vote par procuration en masse. De par sa stature, son autorité naturelle (il n’hésite jamais à couper le micro aux parlementaires trop bavards !) et ses compétences, le natif de Tunis fait partie des grands présidents de l’Assemblée depuis 1958. Lorsque la cohabitation touche à sa fin, le leadership de la droite échappe de plus en plus à Jacques Chirac. Mi-1994 il est même dépassé par le maire d’Epinal dans les sondages. C’est alors qu’avec quelques proches, ce dernier créé l’Association Nationale pour une République Citoyenne qui a pour rôle de faire vivre le séguinisme. Au niveau local, se mettent en place dans de nombreux départements, des Comités départementaux. Avec quelques élus locaux, nous participons activement à la création d’un comité puydômois. Nous aidons à faire de même dans l’Allier. C’est à ce titre que nous fûmes reçus un jour à l’Assemblée par Roger Karoutchi et Pinte, garde rapprochée de Philippe Séguin. Quelle ne fut pas notre surprise de voir débarquer dans leur bureau, ce dernier en personne qui demandait un document. Il n’était visiblement pas à prendre avec des pincettes ! Lorsque R. Karoutchi lui fit signe que nous étions là, il nous serra la main (une vraie main !). Lorsqu’ il lui expliqua pourquoi nous étions là, il nous remercia non sans nous dire « bon courage surtout en Auvergne. On vous aidera » !... Allusion à peine voilée à ces terres giscardiennes où il était alors difficile d’évoluer hors « l’ex » comme disait Séguin ! Ce contact avec le personnage, parfois ombrageux, ne dura pas plus de 5 minutes. Et Etienne Pinte de nous dire en souriant « bienvenue chez Séguin » !

La perspective de la présidentielle se rapproche et il est évident que le président de l’Assemblée Nationale pèse de plus en plus dans le débat national. Le scrutin sur Maastricht lui a donné une nouvelle dimension. Il songe à l’Elysée c’est une évidence. D’autant qu’il est à près de 15 % dans les sondages à l’automne 2014 (loin devant Chirac). Les milieux socio-économiques, ses réseaux locaux, nombre de parlementaires, lui conseillent d’y aller. Les comités départementaux travaillent aussi dans ce sens qui réunissent de plus en plus de monde (élus locaux et société civile). François Pinte viendra même un jour nous animer une réunion.

Et puis finalement, par loyauté (et influence familiale dit-on), Philippe Séguin renonce à se lancer et apporte un franc soutien à Jacques Chirac. Il joue un rôle-clé dans sa campagne puisqu’il est l’un des inspirateurs de son discours sur la fameuse « fracture sociale ». Il est le favori des meetings. Lors de ceux d’avant premier tour il n’a pas son pareil pour dézinguer qui Balladur, qui Pasqua et tous ceux ayant trahi Chirac. Et lors du second tour, il n’a aucune peine à démonter le programme de Jospin. C’est un drôle de remerciement que Chirac lui adresse en nommant Juppé à Matignon plutôt que lui…. Le nouveau président a souvent eu un problème avec la loyauté…. Il dira dans ses Mémoires qu’il redoutait le caractère ombrageux de Séguin à Matignon.

Ce dernier reste donc président de l’Assemblée nationale jusqu’en avril 1997 date de cette dissolution insensée décidée par Chirac (suggérée par Juppé et de Villepin). « Tu fais une connerie monumentale » lui dira Séguin. En Novembre 1997 ce dernier prend alors la tête du RPR pour le « socialiser » un peu et, à n’en point douter, se le préparer pour 2002. D’ailleurs contre toute attente il démissionne de la mairie d’Épinal (« il commençait à s’y ennuyer » nous confiera un de ses proches) pour se consacrer à sa nouvelle fonction. On peut dater de cette époque le début d’un déclin politique de Séguin. Ainsi ne parvenant pas à établir une liste unique aux élections européennes et sous la pression des chiraquiens, il abandonne la direction du RPR en avril 1999. Après quelques mois de retraite politique (qu’il passera principalement au Québec), Philippe Séguin revient en tant que candidat à la mairie de Paris. Il est toujours député des Vosges mais se désengage de ce coin qui l’a vu naitre politiquement.

Le déclin politique

A partir de 2000 et cette candidature à la mairie de Paris, il amorce son retrait de la vie politique. En effet, il échoue à ladite mairie devant Bertrand Delanoë. On peut dire que Philippe Séguin, s’il n’a pas toujours été aidé par ses propres amis, s’y est mal pris pour gagner. Nous avons assisté à un ou deux meetings. Nous avons discuté avec son staff. Il n’y était pas. Le ton n’y était pas. La flamboyance avait disparu. Il semblait usé. Contrairement à Bertrand Delanoë, il n’avait pas une parfaite connaissance de la capitale. Et puis le maire sortant, Jean Tiberi, refusa de retirer sa candidature, alors que J. Chirac avait assuré de ce retrait Philippe Séguin. Ce dernier dit non à la fusion de leurs listes entre les deux tours. Il souhaitait un soutien clair de Jacques Chirac qui ne viendra jamais (nouvelle déloyauté). Tiberi savait tant de choses sur la gestion chiraquienne de la mairie…

Séguin démissionne du conseil de Paris (où il est souvent absent) en octobre 2002 et se retire de la vie politique. En juin 2002, il ne s’est pas représenté aux législatives et a réintégré la Cour des Comptes. Le 21 juillet 2004, l’ancien premier édile spinalien est nommé Premier président de la Cour des comptes par Jacques Chirac. Cette nomination d’une personnalité de poids a donc permis à l’institution de revenir sur le devant de la scène, même si les rapports de la Cour des comptes n’ont aucun caractère contraignant pour l’État comme on le sait.

Quand en 2007, Nicolas Sarkozy pense à lui pour devenir ministre dans le gouvernement François Fillon, il refuse, préférant son poste de Premier président. La publication des rapports et la médiatisation qui en est faite par Philippe Séguin renforcent la légitimité et l’impact de la Cour des comptes. Son indépendance également, car il a, à plusieurs reprises, critiqué les comptes de l’Élysée et la politique budgétaire de Nicolas Sarkozy. Disons-le entre le premier président et le chef de l’Etat ce n’est pas l’entente cordiale. Un certain nombre de conseillers nous l’ont confirmé à mots à peine feutrés !

On l’a dit au début, Philippe Séguin était un passionné de football. Ainsi il a volontiers accepté de présider la commission nationale tripartite de la Fédération française de football et a pris la présidence, en janvier 2008, de la commission Grands stades Euro 2016 créée par le secrétariat d’État aux Sports afin d’évaluer les stades de football existants, ainsi que les atouts et les faiblesses du projet de candidature de la France à l’organisation de l’Euro 2016 de football. Il devient également président de la Fondation du football à partir de février 2008.

Pour conclure rappelons que Philippe Séguin meurt d’une crise cardiaque le 7 janvier 2010 à son domicile du 16e arrondissement de Paris, à l’âge de 66 ans. Après de belles cérémonies d’hommages nationaux et locaux, il est inhumé, le 13 janvier 2010, dans le caveau familial de Bagnols-en-Forêt, dans le Var. Quelques mois avant sa mort, il n’excluait pas un retour en politique. "Si je peux être plus utile ailleurs..." (L’Express 16/04/2009). Y croyait-il vraiment ? Nous en doutons. Il avait fait le tour de cette vie.

Sa disparition provoque un vif émoi dans toute la classe politique, qui lui rend un hommage unanime et qui regrette la perte d’un « grand serviteur de l’État ». L’héritage politique de Philippe Séguin est assez simple à nos yeux. Il est le dernier des grands gaullistes d’action, le dernier gaulliste social. Ce qu’il a mis en place à Epinal l’atteste. Ce qu’il a impulsé au Ministère des Affaires Sociales de 1986 à 1988, l’atteste. Le programme social du candidat Chirac en 1995 (fracture sociale, ascenseur social) qu’il a inspiré l’atteste. Son action comme député également. Il n’est qu’à lire aussi ses grands discours. Philippe Séguin fait incontestablement partie de ces personnalités qui ont manqué le grand rendez-vous présidentiel. Parce que la vie politique est ainsi faite, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui décrochent le graal. Loin de là même parfois. Il rejoint Pierre Mendès France, Chaban-Delmas, Barre, Rocard, DSK, de Villepin.

En vérité, et une fois de plus, certains ont choisi de faire cuire leur petite soupe dans leur petit coin. (Philippe Séguin). 


Références :

P. Séguin, La Force de convaincre (entretiens avec Pierre Servent, 1990)

P. Séguin, De l’Europe en général et de la France en particulier.

P.Séguin, Demain, la France : tome 1 : la priorité sociale (en coll., 1992) ; tome 2 : La reconquête du territoire (1993)

P. Séguin, Discours encore et toujours républicains (1994)

P. Séguin, Itinéraire dans la France d’en bas, d’en haut et d’ailleurs (Mémoires, 2003)

A. Teyssier, Philippe Séguin - Le Remords De La Droite, 2017

D. Pierrejean, Philippe Seguin - Une Certaine Idée De La Politique, 1998

B. Seznec, Séguin, 1994

R.Piastra, La conception républicaine de P. Séguin, Revue Administrative, 1998

R.Piastra, Petit Lexique de la Vè République (préface de Pascal Perrineau), Les éditions du Net, 2022

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