Après l’examen des dotations du Sénat et de l’Assemblée, le rapporteur pour avis, Emmanuel Duplessy (Génération.s, Loiret) s’est penché sur l’avance de frais de mandat (AFM), désormais dénommée « dotation de fonctionnement parlementaire » (DFP). Il s’est étonné de l’éligibilité de certaines dépenses comme celles liées à l’achat de boissons par les députés. Dans le cadre de sa mission, le député a donc auditionné le déontologue qui a pu préciser que des dépenses pour des boissons alcoolisées pouvaient être incluses dans les frais de repas du député, ou dans les frais de représentation et de réception, « sous réserve de leur caractère raisonnable et du lien avec l’exercice du mandat parlementaire (par exemple, achat dans le cadre de cérémonie des voeux) ». Emmanuel Duplessy ne voit donc rien à redire dès lors qu’il s’agit « de frais liés à l’organisation de réceptions, par exemple en circonscription au moment de diverses cérémonies, ou encore dans le cadre d’un dîner de travail au cours duquel le député invite des personnes susceptibles de consommer de l’alcool ». Il en est tout autrement pour les verres payés à la buvette de l’Assemblée. En 2024, les recettes de la buvette parlementaire sur la vente de boissons alcoolisées étaient légèrement inférieures à 100 000 e hors taxes lui a dit le déontologue. « Cela ne correspond pas nécessairement à des commandes payées par des députés - et éventuellement remboursées au titre de l’AFM si elles intègrent des frais de repas - dans la mesure où la buvette est ouverte à un public plus large que les seuls parlementaires (ministres, collaborateurs, conseillers ministériels, anciens députés…) » reconnaît l’élu. Il recommande toutefois que l’on modifie la liste des dépenses non éligibles au titre de l’AFM (…) afin d’y inclure les dépenses concernant des boissons alcoolisées imputées aux frais de repas. Et quand le vin est tiré, il faut le boire. Emmanuel Duplessy juge qu’avec la consommation d’alcool à la buvette, il y a là une vraie question de principe qui est posée. Comment peut-on autoriser un député à boire un verre de vin sur son lieu de travail alors que cela est interdit à tous les autres Français ? Sans même attendre de réponse, il préconise sans coup férir que l’on arrête la vente d’alcool à la buvette de l’Assemblée nationale. Tout simplement. Une idée qui, connaissant les députés, ressemble à s’y méprendre à une tempête dans un verre d’eau. ■
