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Absentéisme au travail : une hausse inquiétante

Plusieurs études montrent que l’absentéisme au travail en France est un phénomène en hausse dans le secteur privé comme dans le secteur public.

Le dernier baromètre du cabinet de conseil Mercer (1) montre que l’absentéisme au travail a atteint 5,8 % dans le privé en 2024. Il était de 5,3 % en 2023. En moyenne, un salarié du privé a été absent 19 jours en 2024, soit un jour de plus qu’en 2023.

Ces chiffres révèlent aussi des disparités selon les secteurs et les catégories de personnes touchées. L’étude Mercer montre notamment que les femmes sont plus souvent absentes que les hommes. En effet, quelle que soit la cause de l’absence (maladie, maternité/paternité ou AT-MP/Accident du Travail et Maladie Professionnelle), les femmes sont à la fois plus fréquemment absentes que les hommes, mais aussi sur des durées plus longues. Le taux d’absentéisme des femmes est de 7,9 % en 2024 contre 4,4 % chez les hommes. 36 % des femmes interrogées ont été arrêtées au moins une fois dans l’année contre 28 % pour les hommes.

Si les cadres sont moins souvent absents que les autres salariés du privé, leurs arrêts maladie durent souvent plus longtemps.

A noter encore que les moins de 30 ans ont un taux d’absentéisme qui s’élève à 5,4 % à comparer à celui de plus de 50 ans qui est de 6,8 %

Sur la question de l’âge, Malakoff Humanis note pour sa part qu’en 2024, 49 % des jeunes actifs se sont vu prescrire au moins un arrêt maladie, soit 7 points au-dessus de la moyenne des salariés (2). « Depuis 2019, l’absentéisme maladie des moins de 30 ans a progressé de 3 points, là où celui de l’ensemble des salariés est resté stable, même si à un niveau toujours très élevé : 42 % » précise le cabinet.

Le taux d’absentéisme varie considérablement d’un secteur d’activité à un autre. Les secteurs les plus touchés par l’absentéisme en 2024 sont : les services à la personne (10,7 %) et les centres d’appels (9,8 %). Les secteurs les moins touchés restent Syntec, SSII (3,6 %) et Banque, assurance, finance (4,1 %). Les secteurs de l’industrie, l’intérim, la pharmacie, santé et du service à la personne voient leur taux d’absentéisme augmenter en 2024.

Troubles musculosquelettiques et maladies graves sont les premières causes d’arrêts longue durée constate encore le cabinet Mercer. Pour autant, apparaît nettement dans les réponses l’essor d’un nouveau trouble mais en croissance continue depuis 2020 : les troubles psychosociaux. : « Les absences pour troubles psychologiques continuent d’augmenter depuis la pandémie » souligne avec inquiétude le cabinet Mercer. Arrivés en deuxième position au sortir de la période Covid, les troubles psychologiques se maintiennent à cette place pour l’ensemble des salariés. Et le nombre de jeunes concernés augmente insiste Malakoff Humanis : 22 % des salariés de moins de 30 ans arrêtés l’ont été pour troubles psychologiques (+6 points par rapport à 2019). Plus d’un quart des jeunes de moins de 30 ans ayant demandé un arrêt maladie déclare que leur état psychologique ne leur permettait pas de travailler (26 % vs 15 % des jeunes actifs en 2020, et 22 % pour l’ensemble des salariés en 2024) précise encore le Baromètre de Malakoff Humanis. Pour lutter contre l’absentéisme maladie, ces mêmes jeunes jugent que l’entreprise pourrait diminuer ou réorganiser la charge de travail (pour 29 % d’entre eux, contre 23 % pour l’ensemble des salariés), faire davantage preuve de reconnaissance (24 % vs 29 %), proposer des horaires plus flexibles (20 % vs 18 %) et un meilleur suivi médical (20 % vs 15 %). « Il est temps de briser le silence et d’intégrer les échanges sur la santé mentale au sein de l’entreprise, comme cela a été le cas pour la santé physique » conclue le cabinet Mercer. Une prise de conscience plus que nécessaire en cette année durant laquelle la santé mentale est investie « Grande cause nationale »,

Face à cette hausse de l’absentéisme, les dirigeants se sentent parfois démunis. Pour plus d’un sur deux (54 %), l’absentéisme est vu comme un enjeu majeur et une source de préoccupation. Ils se montrent aussi inquiets estimant que le phénomène va encore s’accentuer dans les années à venir : 41 % en 2025 contre 37 % en 2024 et 30 % en 2020. 


1. Baromètre 2025 Mercer Marsh Benefits sur l’absentéisme en France. Etude réalisée auprès de plus de 575 000 assurés issus de 3.500 entreprises.

2. Baromètre Absentéisme Malakoff Humanis, Edition 2025 - Etude réalisée par Ifop pour Malakoff Humanis auprès d’un échantillon représentatif composé de 400 dirigeants d’entreprise et 3000 salariés du secteur privé, du 6 au 30 janvier 2025.

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