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Favoriser l’accès aux pharmacies en milieu rural

Par Sylvie Ferrer, Députée des Hautes-Pyrénées

Depuis 2023, le nombre de pharmacies est tombé sous la barre des 20 000 en France.

Pourtant, celles-ci occupent une place nodale dans le parcours de soins : elles dispensent des remèdes médicamenteux nécessaires aux patients, offrent des informations utiles pour comprendre les résultats d’analyse ou assurer une politique de prévention, redirigent vers les praticiens correspondant au besoin, et déchargent le système de soins sous tension, en délivrant, par exemple, des antibiotiques sans ordonnance après la réalisation d’un test rapide pour les angines d’origine bactérienne et les cystites simples. Par ailleurs, pour surmonter la pénurie de médecins, il a été donné aux pharmaciens la possibilité de prescrire et administrer aux adultes et aux enfants de plus de 11 ans, l’ensemble des vaccins mentionnés dans le calendrier des vaccinations en vigueur conformément aux recommandations y figurant. Dès lors, chaque disparition d’officine emporte avec elle l’accès aux soins de centaines de patients, et par là même, menace directement leur santé. Face à cela, il convient d’analyser les causes du déclin des officines dans notre pays. Elles sont multiples et diffèrent profondément en fonction de l’implantation géographique des établissements et de leur taille.

En effet, dans les zones urbaines, les pharmacies peinent à maintenir leur niveau de rentabilité. Celles dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1 million d’euros sont particulièrement concernées contrairement à celles dépassant les 2,5 millions qui affichent une croissance forte et continue. Selon une étude d’OffiSanté datée du 15 juillet 2025, le réseau urbain est composé à 39 % d’officines de petite taille. Pour répondre à cet enjeu, la loi a fixé un seuil plancher de 4 500 habitants par officine en ville afin de préserver un nombre minimum de clients et ainsi de protéger les pharmacies d’une trop forte concurrence. Paradoxalement, le 4 août 2025, un nouvel arrêté ministériel vient progressivement abaisser de 40 % à 20 % le plafond des remises, ristournes, avantages commerciaux et financiers assimilés de toute nature que les laboratoires peuvent consentir aux officines sur les médicaments génériques, hybrides et biosimilaires. Cette mesure devrait entraîner une perte annuelle de 558 millions d’euros aux pharmacies de l’ensemble du réseau, essentiellement sur les plus petites pharmacies de ville moins résiliente qui verront leur marge se réduire drastiquement et ne pourront maintenir un prix de vente de leurs produits équivalent à celui des officines les plus grandes.

En zone rurale, la question de la rentabilité ne se pose plus. Une diminution du nombre de pharmacies est également constatée mais pour des raisons de renouvellement générationnel. Plusieurs établissements n’ont su trouver de repreneurs dans des campagnes françaises en situation de dépérissement. De fait, le recul des services publics, la dévitalisation des centres-villes et la désertification médicale sont les principaux freins à l’installation de nouveaux pharmaciens. Cette situation s’aggrave d’années en années à force de coupes budgétaires détruisant directement l’offre de services publics en zone rurale et face à un manque d’évolution du cadre réglementaire. En 2018, l’ouverture d’une pharmacie dans les communes de moins de 2 000 habitants, soit plus de 80 % des communes françaises, a été interdite, notamment afin de préserver la rentabilité des établissements. Cette problématique n’existe plus et malgré la promulgation d’une ordonnance présidentielle en 2024 visant à assouplir cette règle, les conditions de création, de transfert, de regroupement et de cession des officines restent contraintes par ce seuil caduc.

C’est pourquoi, avec mon collègue député Hadrien Clouet, nous avons rédigé en juillet dernier, une proposition de loi abaissant à 500 habitants le seuil nécessaire à l’installation d’une officine de pharmacie dans une commune. Bien que celle-ci ne permette pas de répondre entièrement à l’ensemble des enjeux de fond du système de soins, elle permet d’actionner un levier rapide facilitant l’ouverture urgente de nouvelles officines en milieu rural. 

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