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Reconnaître les audioprothésistes comme des professionnels de santé à part entière : une nécessité pour la qualité des soins et la protection des patients

Par François Gernigon, Député de Maine-et-Loire, Secrétaire de la commission des Affaires sociales

En France, près de 10 millions de personnes souffrent de troubles de l’audition. Ce chiffre dit combien l’enjeu est important. Bien entendre, c’est bien vivre : c’est pouvoir suivre une conversation, garder son autonomie, rester inséré dans la vie sociale et professionnelle.

Grâce à la réforme du 100 % santé, nous avons franchi une étape majeure pour lever les freins économiques à l’accès aux soins auditifs. Mais cette avancée a aussi mis en lumière une réalité complexe : celle d’un secteur en pleine mutation, confronté à une croissance rapide, à une diversification de ses acteurs, et à l’absence d’un cadre professionnel structurant.

C’est dans ce contexte que j’ai déposé une proposition de loi visant à créer un ordre national des audioprothésistes. Cette initiative répond à un double besoin : mieux protéger les patients et mieux reconnaître les professionnels qui exercent leur métier avec compétence et éthique.

Aujourd’hui, les audioprothésistes jouent un rôle fondamental dans le parcours de soins des personnes malentendantes et font partie des rares professions de santé reconnues par le code de la santé publique à ne pas disposer d’un ordre.

Lorsque l’on pousse la porte d’un audioprothésiste, le patient doit avoir la certitude que le professionnel a bien suivi une formation initiale solide, ainsi qu’une formation continue tout au long de sa carrière. Cette exigence est d’autant plus cruciale que le nombre de médecins ORL est en diminution constante, tandis que le nombre d’audioprothésistes, lui, a doublé en dix ans. Leurs responsabilités dans le parcours de soins et le partage des tâches sont donc certainement amenés à se renforcer.

La création d’un ordre ne vise pas à alourdir les contraintes. Elle répond à une logique simple : structurer la profession, garantir une déontologie commune, dans l’intérêt du patient. Un ordre pourra notamment veiller au respect des règles de bonne conduite, contrôler les conditions d’exercice, organiser la formation continue, et défendre une pratique centrée sur la qualité de la prise en charge, et non sur une logique commerciale.

Cette démarche s’inscrit dans une demande forte exprimée depuis plusieurs années par les professionnels eux-mêmes, mais aussi par de nombreux acteurs du monde de la santé, comme encore récemment le président de la HAS, Lionel Collet.

Elle fait aussi écho aux alertes récentes et édifiantes de l’Assurance Maladie, qui a pointé certaines dérives et fraudes graves, avec un préjudice détecté et stoppé atteignant 115 millions d’euros.

Je ne crois pas à la stigmatisation. Ce texte ne vise pas à désigner des coupables, mais à construire un cadre protecteur et ambitieux. Il s’inspire du modèle des autres professions de santé réglementées, où les ordres jouent un rôle clé.

Ma méthode est celle de l’écoute et du dialogue. J’ai échangé avec les organisations représentatives de la profession. C’est aussi à travers ce travail collectif que ce texte voit le jour.

Créer un ordre des audioprothésistes, c’est répondre à une exigence de clarté, c’est affirmer que la santé auditive mérite un encadrement à la hauteur de ses enjeux. Et c’est, enfin, faire le choix de la responsabilité collective au service de l’intérêt général. 

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