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Voitures électriques : de plus en plus de bornes de recharge

Selon un baromètre réalisé par l’Avere-France* et le Ministère de la Transition écologique sur la base de données de Gireve, au 28 février 2025, la France comptait 159 963 points de recharge ouverts au public, ce qui correspond à une évolution de + 30 % de leur nombre en un an.

Décrit souvent comme un point faible, le réseau de recharge des voitures électriques en France est en pleine croissance. C’est en tout cas ce que tend à démontrer le dernier baromètre réalisé par l’Avere-France et le Ministère de la Transition écologique sur la base de données de Gireve (expert de l’électromobilité) publié mi-mars. « Le mois de février 2025 confirme la croissance continue du réseau de recharge en France, avec un total de 159 963 points de charge accessibles au public à la fin du mois » se félicite Clément Molizon, Délégué général de l’Avere-France en introduction du baromètre. « Le nombre total de points de charge a augmenté de 30 % au cours des 12 derniers mois » ajoute-il même fièrement. Depuis le mois de janvier, on a ainsi dénombré pas moins de 1 484 nouvelles stations ouvertes sur l’ensemble du territoire français, soit 5269 points de recharge offerts au public. Ce qui représente 237 points de recharge en moyenne pour 100 000 habitants.

Le nombre de points de recharge rapide (150kW et plus) a connu une hausse significative de 58 %, passant de 19 848 en février 2024 à 31 335 en février 2025. Parallèlement, le nombre de points de charge lente et accélérée (50kW et moins) est passé de 104 498 à 129 872, soit une augmentation de 24,3 %.

Sans grande surprise, c’est en Région Île-de-France que l’on trouve le plus grand nombre de stations (6 544) et de points de recharge (27 646) avec une puissance de 916 963 KW (total France 7 259 115 KW). La région parisienne est suivie par la Région Auvergne-Rhône-Alpes avec 6212 stations, 19 167 points de recharge pour une puissance installée de 944 633 KW. La région la moins bien dotée est le Centre-Val de Loire avec 2 095 stations mais avec 6 587 points de recharge.

Les sites d’implantation des points de recharge se situent majoritairement dans les commerces (43 %, 69 416 points de recharge) suivis par les parkings (33 %, 52 004), la voirie (17 %, 27 709), les entreprises (7 %, 7 424) et autres (2 %, 3 411).

A noter encore que le taux moyen de session de recharge (1) par point de recharge (toutes puissances confondues) tournait en février 2025 autour de 20,8 sessions sur le mois, ce qui est relativement peu. En moyenne, le taux de disponibilité, hors pannes ou opérations de maintenance, est d’environ 85 %.

« Bien que le maillage du territoire s’améliore, l’accessibilité et la fiabilité des infrastructures doivent encore progresser. L’essor de la recharge haute puissance est un signal positif, permettant d’accompagner l’électrification des usages, y compris pour les trajets longue distance et le transport de marchandises. Il est essentiel de veiller à une bonne répartition des bornes tant en localisation qu’en mix pour garantir une couverture homogène, éviter les disparités entre les territoires et les zones rurales, et répondre aux besoins des utilisateurs qui ne disposent pas d’un emplacement de stationnement privatif à leur domicile » conclut Clément Molizon.

Quoiqu’il en soit, pour Avere-France, l’année 2025 sera une année charnière pour l’électrique. « Quand on a du retard dans la course à l’électrification automobile, on ne doit pas chercher à se ralentir » s’agace même Clément Molizon. Antoine Herteman, président de l’Avere se montre quant à lui confiant et assure que « l’année 2025 sera véritablement l’année de la démocratisation des véhicules électriques ». Reste que « le compte à rebours est lancé » arguent-ils en chœur. 2035, c’est demain rappelle l’association qui aimerait voir les choses bouger plus vite tout en déplorant un « contexte économique et budgétaire qui évolue beaucoup, une politique instable et une résurgence de critiques ». Relance de la demande et stabilité sur le plan des aides publiques sont les conditions d’une année électrique réussie. 


*Créée en 1978, l’Avere-France est l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique. Elle a pour objectif de faire la promotion de l’utilisation des véhicules électriques et hybrides rechargeables.

1. Une session de recharge correspond à la période durant laquelle un véhicule est branché à un point de recharge.


La fin des voitures thermiques, vraiment ?
Sous la pression médiatique et européenne, emportés dans leur élan, les constructeurs européens promettaient l’avènement des voitures électriques et la fin des voitures thermiques avant l’échéance de 2035. Stellantis annonçait même fièrement le 100 % électrique pour 2030. Chez Renault on pensait pouvoir atteindre 30 % de ventes de BEV (battery electric vehicle) dès 2025 (13 % en 2024).
En février les chiffres montrent que le secteur à dû mal à décoller : les BEV ont représenté 15 % des ventes en Europe tandis que les voitures hybrides comptaient pour 34, 9 % des ventes et les hybrides rechargeables, 7,4 %.
Auditionné par les sénateurs, le patron Europe de Stellantis, Jean-Philippe Imparato s’est montré beaucoup plus pragmatique (et peut être même réaliste). « Le marché ne bouge pas à la vitesse prévue » a-t-il ainsi déclaré aux sénateurs. L’idée remise à la mode est donc bien de produire ce qui se vend. Avec un avantage certain à Stellantis qui grâce à ses lignes de productions industrielles multi-énergies peut produire selon la demande du marché des véhicules électriques, hybrides ou à essence.
Une nouvelle technologie fait aussi son apparition et pourrait trouver son public : les range extended electric vehicule (REEV). Ces véhicules électriques sont équipés d’un moteur à essence qui produit de l’électricité pour augmenter l’autonomie de la batterie. La technologie est plutôt destinée à de gros véhicules avec moteur et batterie.
Enfin, le diesel semble ne pas avoir encore dit son dernier mot. Si les ventes baissent d’année en année (-11,4 % en 2024), il s’est encore vendu 1,25 million de véhicules l’an dernier. « Il y a toujours de la demande en Europe » note Frank Weber, le patron du développement chez BMW qui prône le « power of choice » en assurant la motorisation diesel pour l’ensemble de sa gamme.


En février 2025, treize acteurs majeurs de la recharge électrique se sont réunis pour créer une association professionnelle Charge France : Allego, Atlante, Chargepoint, Chargeguru/ZePlug, Driveco, Electra, E-totem, Engie Vianeo, Fastned, Ionity, Izivia, Powerdot et Zunder. Ces seuls opérateurs de recharge acteurs possèdent plus de 2 000 stations de recharge ultrarapides (d’une puissance supérieure à 100 kW, soit une recharge complète entre 20 et 40 minutes), pour un total de plus de 10 000 bornes.
Charge France entend structurer l’écosystème des opérateurs d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques en France. Ils souhaitent aussi être « un interlocuteur clé auprès des pouvoirs publics » auprès desquels ils défendront « la stabilité réglementaire et le maintien de la trajectoire actuelle d’électrification des véhicules électriques (dite norme CAFE), y compris la fin de vente des véhicules thermiques et hybrides neufs en 2035 ». Ils prônent encore « la mise en place d’un choc de demande avec le développement d’une réglementation ambitieuse sur le verdissement des flottes d’entreprises, notamment via des mesures fiscales, à l’instar de ce qui est mis en place en Belgique ».
« L’électrification des transports est une priorité pour la France et l’Union européenne et va accélérer notamment grâce à l’application d’objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2 à partir de 2025. La France doit jouer un rôle moteur dans cette dynamique, en s’appuyant sur des infrastructures de recharge fiables et en nombre suffisant. Charge France doit y contribuer en représentant les spécificités et les besoins des opérateurs de recharge auprès des pouvoirs publics », a souligné Aurélien de Meaux, directeur général d’Electra et président de Charge France.

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