Si 70 % des Français considèrent la voiture comme une nécessité au quotidien, le marché du véhicule est un vrai yo-yo. Entre thermique, électrique et hybride, le cœur des Français varie. Alors que l’offre de véhicules électriques ne cesse de s’enrichir (en 2024, +85 % par rapport à 2023 vs. +2 % pour les thermiques, selon les chiffres de la Centrale) et des prix qui baissent et tendent à s’aligner sur les véhicules thermiques, les Français ont encore du mal à franchir le pas. Le sondage Ifop pour la Centrale (1) montre qu’à prix identiques, seuls 13 % d’entre eux choisiraient immédiatement un véhicule électrique. 24 % indiquent qu’ils pourraient choisir une voiture électrique mais dans quelques années. En revanche, même à prix égal, 21 % des interrogés préféreraient l’achat d’un véhicule thermique plutôt qu’électrique et 26 % se tourneraient vers des alternatives comme les véhicules hybrides.
« L’achat de véhicules électriques marque le pas, certes en raison du prix élevé de ces modèles. Mais la question du prix n’est manifestement pas le seul frein » note Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’Ifop.
D’autres enquêtes montrent en effet que ceux qui ont encore des réticences à passer à l’électrique émettent notamment des doutes sur la disponibilité et la fiabilité des stations de recharge et le coût de fonctionnement et de réparation des véhicules. Pour 8 Français sur 10, les voitures électriques ne sont pas adaptées pour de grands trajets, y compris pour leurs propriétaires (76 % d’entre eux). « La peur de ne pas pouvoir se déplacer sereinement reste centrale ». Parmi les aspects qui les feraient passer à l’électrique, 38 % des interrogés citent la diminution du temps de recharge, ainsi que la disponibilité et la fiabilité des bornes (34 %). Ne pas disposer d’une borne de recharge chez soi constitue un frein notable pour beaucoup, notamment chez les moins de 35 ans (21 % d’entre eux). D’ailleurs, 19 % des Français estiment qu’avoir un système de recharge sur ou à proximité de leur lieu de travail les ferait adopter l’électrique plus facilement. « À l’appréhension s’ajoute donc la contrainte : la perspective de ne pas trouver de borne et le temps long de la recharge s’avèrent peu encourageants quand faire le plein reste très accessible et rapide » (2). Sur le long terme, la durée de vie des batteries pose aussi problème : elle est jugée trop limitée par 86 % des répondants (92 % des plus de 65 ans), y compris par la majorité des propriétaires de voitures électriques (74 %) (2).
Pour certains Français, les vertus écologiques du véhicule électriques sont même directement mises en doute. Ils ne voient pas dans le véhicule électrique « une solution efficace pour réduire les émissions de CO2 » (2). Nombre de Français (surtout les plus âgés) se montrent aussi réservés face au manque de recul de la technologie des véhicules électriques.
Sans surprise, les jeunes adultes sont les plus promptes à se dire prêts à passer au véhicule électrique (47 % des 18-24 ans, 53 % des 25-34 ans) tout comme les catégories sociales aisées (50 %) et les Franciliens (50 %) (1). L’Observatoire Roole note par sa part que les habitants des zones rurales, majoritairement contre l’interdiction des véhicules thermiques envisagent difficilement de passer à l’électrique (seuls 14 % y songent). « 8 habitants des communes rurales sur 10 considèrent que ces véhicules sont réservés aux plus aisés, pointant aussi leur coût de fonctionnement et de réparation jugé trop élevé par 14 % d’entre eux ». Grands rouleurs (un quart effectue plus de 20 000 km chaque année), 84 % des ruraux estiment que les voitures électriques ne sont pas adaptées pour de grands trajets. « Et pour un tiers d’entre eux, leur véhicule actuel est suffisamment performant pour ne pas envisager un changement » (2).
Si le prix ne fait pas tout, il reste déterminant au moment de l’achat d’un véhicule, même si ça l’est moins. Reste aussi que « beaucoup de Français semblent se sentir poussés à le faire sans raison valable » écrit Roole. « Au-delà de l’aspect écologique qui convainc peu, 32 % des interrogés estiment que l’achat d’une voiture électrique n’est pas pertinent, leur voiture actuelle étant en bon état ». C’est même « une dépense importante et superflue pour 49 % des artisans-commerçants, 43 % des dirigeants d’entreprise et 41 % des plus de 65 ans » (2).
« Ces résultats traduisent un certain attentisme vis-à-vis du véhicule électrique. De nombreuses incertitudes telles que l’autonomie et la fiabilité subsistent et pèsent davantage que le prix dans la décision. Pour beaucoup de Français, l’électrique reste perçue comme une technologie encore peu mature et les réductions tarifaires des constructeurs ne suffiront pas à convaincre si elles ne sont pas accompagnées d’un réel effort d’information » conclut Anaïs Harmant, Directrice Marketing de La Centrale. ■
(1) Les Français et la voiture d’occasion en 2025 - sondage IFOP et La Centrale
(2) Observatoire Roole 2025 : Les automobilistes français face au passage à l’électrique : freins et leviers.