Il ne fait aucun doute aux yeux des parlementaires (mais pas seulement) que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris (JOP), qui se sont tenus à l’été 2024, « ont été un réel succès sportif et populaire ». Toutefois, lors de la conférence de presse du 19 mars dernier, les deux élus ont rappelé qu’avant et pendant l’événement une sourde inquiétude concernant l’aspect sécuritaire prédominait dans l’opinion publique notamment. « À l’exception des actes de sabotages opérés sur les lignes de train à grande vitesse, la veille de la cérémonie d’ouverture, les JOP se seront finalement déroulés sans incident » reconnaissent sans mal les députés. « Dans l’agglomération parisienne, les principaux indicateurs de délinquance ont connu une baisse notable, contribuant ainsi au fort sentiment de sécurité ressenti par le public, et à l’impression d’une France apaisée » ajoutent-ils. Et sur le reste du territoire, la délinquance semblait être maîtrisée. Ce bilan positif n’est évidemment pas le fruit du hasard. « La tenue des JOP a donné lieu à la mise en oeuvre d’un dispositif de sécurité exceptionnel, fondé sur une longue préparation, une organisation adaptée, et une mobilisation humaine sans précédent, ainsi que sur le recours à des mesures administratives d’entrave et à des moyens technologiques nouveaux » écrivent dans leur rapport les élus qui en profitent pour remercier « nos forces de l’ordre, nos militaires, nos volontaires ». Pour autant, soulignent-ils, ce bilan est aussi le résultat de l’ampleur de la mobilisation humaine au cours de l’évènement. « Cette mobilisation exceptionnelle ne semble pas, malheureusement, et en dépit de son efficacité certaine, pouvoir constituer un modèle de long terme. Elle représente en effet un effort budgétaire très important ainsi que d’importantes contraintes personnelles pour les agents concernés » pointent-ils.
Les députés se sont aussi tout particulièrement intéressés au recours aux nouvelles technologies, et notamment à l’utilisation de traitement algorithmiques sur les images de vidéoprotection (la « vidéoprotection algorithmique », ou VPA). Pour Stéphane Peu et Éric Martineau, le recours à ces nouvelles technologies autorisé par la loi du 19 mai 2023 s’est déroulé correctement même si des efforts seraient souhaitables autour de l’information du public notamment qui « pourrait gagner en visibilité et en pédagogie ». Toutefois, les députés restent assez dubitatifs sur l’efficacité réelle de l’utilisation de ces nouvelles technologies. « L’expérimentation qui a été faite pendant les Jeux olympiques n’a pas été à la hauteur » a même estimé Éric Martineau. Stéphane Peu juge pour sa part le recours intensif à la VPA sans « utilité concrète » au regard du déploiement important des forces de l’ordre sur le terrain. Les deux préconisent pourtant de poursuivre l’expérimentation jusqu’en mars 2027 comme cela a été votée dans la proposition de loi relative au « renforcement de la sûreté dans les transports ». La pérennisation viendra plus tard, si cela doit être. Sur les huit cas d’usage autorisés par la loi*, trois cas d’usage ont été identifiés de façon satisfaisante par la solution d’IA déployée : l’intrusion dans une zone non autorisée, la circulation dans un sens non autorisé et la densité de personnes. Le bilan est plus nuancé en ce qui concerne les mouvements de foule. Quant aux quatre autres, « tous n’ont pas été d’une grande utilité » voire sont « carrément déceptifs » déplore Stéphane Peu. La détection des départs de feu est souvent confondue par le traitement avec de simples éclats lumineux, comme des gyrophares ou des effets de soleil. Les objets abandonnés sont régulièrement confondus avec du mobilier urbain ou même des personnes assises ou statiques par le traitement, ce qui se manifeste par un nombre élevé de faux positifs. Le traitement peine à distinguer les personnes au sol à la suite d’une chute de celles qui s’y installent délibérément, par exemple pour s’asseoir.
Finalement si la mission juge que la prolongation de l’expérimentation est « nécessaire », elle propose tout de même plusieurs évolutions : « le dispositif gagnerait à être étendu à certains lieux exposés à des risques d’actes de terrorisme, au-delà des seules grandes manifestations sportives, culturelles ou récréatives, afin de mesurer l’apport de la VPA dans des situations plus habituelles, tandis que l’octroi aux opérateurs d’une souplesse dans le choix des prestataires leur permettrait de tester un plus grand nombre de solutions existant sur le marché » écrivent les élus. ■
* la présence d’objets abandonnés ; la présence ou l’utilisation d’armes ; le non-respect par une personne ou un véhicule, du sens de circulation commun ; le franchissement ou la présence d’une personne ou d’un véhicule dans une zone interdite ou sensible ; la présence d’une personne au sol à la suite d’une chute ; des mouvements de foule ; une densité trop importante de personnes ; un départ de feu.