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Le Grand Est, terre de tous les possibles

Par Jean-Paul Hasseler, Président de la CCI Grand Est

Notre Région a longtemps souffert de l’image d’une terre en perte de vitesse, qui se désindustrialisait, avec les difficultés rencontrées par la sidérurgie ou l’industrie minière dans les dernières décennies. Aujourd’hui la réalité est bien différente.

Le premier défi : l’accélération de l’industrie du territoire

Au-delà des chiffres – l’industrie représente près de 20 % du PIB contre moins de 15 % au plan national - le passé et le présent industriel sont de formidables atouts de la région. Notre territoire bénéficie d’une main d’œuvre formée, attentive au travail bien fait. Elle dispose aussi d’entrepreneurs, de filières (automobile, agroalimentaire, nucléaire, pharmacie, biotech, …) et d’écosystèmes ambitieux et innovants. Elle est ouverte sur l’Europe et le monde. Elle peut s’appuyer sur une situation exceptionnelle, unique, au cœur de l’Europe, avec plus de 800 Kilomètres de frontières avec 6 pays ou länder, parmi les territoires les plus dynamiques et innovants de la planète.

C’est grâce à ces atouts et grâce au sens du collectif des acteurs du territoire, animé par le Conseil Régional, que le Grand Est se positionne aujourd’hui comme la première région pour la part de l’export dans son PIB (près de 40 %) et la seconde région exportatrice avec un fort excédent commercial. C’est aussi l’une des premières Régions en termes d’accueil des investissements directs étrangers avec 150 projets et près de 5000 emplois nouveaux.

Mais il faut encore aller plus loin et l’ambition, portée par la Région Grand Est, est de relocaliser 500 entreprises sur notre territoire d’ici 2028. La crise sanitaire et le conflit en Ukraine nous ont fait prendre conscience de la nécessité de sécuriser l’approvisionnement de certaines matières premières et de certaines pièces.

Cette ambition devra prendre en compte la zéro artificialisation nette qui va conduire à une diminution du foncier disponible. Il nous faudra donc accélérer sur la réhabilitation des friches, identifier les terrains industriels sous exploités, accepter que la logistique construise en hauteur et peut-être définir des aménagements pour des projets à fort impact sur notre souveraineté, sur une chaîne de valeur stratégique ou bien encore sur l’emploi.

Le deuxième défi : une croissance verte et décarbonée

La Région dispose d’autres atouts et de taille. En effet, elle est la 1ère Région productrice de biogaz, elle est très engagée sur les biomatériaux et dispose d’une formidable réserve de biomasse diversifiée. Cela présente un intérêt majeur dans un contexte durable de tension sur l’énergie. Elle est également la 4ème région en termes de brevets déposés, c’est dire sa force en matière de capacité d’innovation et d’ingénierie. Enfin, elle est surtout leader en matière d’énergies renouvelables.

Les chiffres ne mentent pas : comme le montre le classement Enviroscore, porté par l’observatoire de la transition écologique des territoires, notre région est leader sur ces questions et particulièrement en matière de sobriété énergétique.

Cet effort n’aurait pas pu être réalisé sans le concours des entreprises, TPE et PME qui s’investissent chaque jour pour réduire leur impact carbone. La CCI Grand Est est à leur côté, particulièrement active sur le sujet. Elle permet aux entreprises de s’inscrire dans un parcours très concret de transformation en matière de performance énergétique, d’économie circulaire ou d’adaptation au changement climatique. C’est le programme NOÉE (Nouvelle économie efficace en carbone), qui n’a pas d’équivalent en France et qui n’aurait pu voir le jour sans le soutien remarquable et dans la durée de l’ADEME, de la Région et de l’Europe.

L’innovation verte et énergétique constitue une force dans notre territoire où se structure un véritable réseau d’entreprises qui se créent et performent dans ce domaine. Nous sommes en route pour construire une industrie de la décarbonation avec les « Green Factories ».

C’est le cas du projet Holosolis qui produira chaque année à Sarreguemines, territoire industriel d’excellence, 10 millions de panneaux photovoltaïques, soit l’équivalent des besoins énergétiques d’un million de foyers. C’est aussi le cas du projet de Lohr à Duppigheim qui conçoit les trains de demain pour des petites lignes désaffectées et qui permettront ainsi de desservir des territoires ruraux.

A ces initiatives, s’ajoutent d’autres projets, notamment dans la bioéconomie et la chimie verte qui permettront là aussi de mieux répondre aux enjeux de demain : hydrogène vert, gaz vert, biocarburant, biomasse… par exemple, c’est à Golbey (Vosges) qu’il y aura la plus importante chaudière biomasse de France qui produira de la vapeur et de l’électricité à partir du bois de démolition. Autre illustration : La CCI Grand Est, est engagée avec la Chambre d’agriculture Grand Est, dans un projet labellisé France 2030, pour expérimenter dans la Marne un écosystème territorial décarboné, fondé sur la biomasse et produisant du biogaz et d’hydrogène vert.

Citons également le projet Parkes qui rassemble le canadien Loop, le français suez et le coréen SK Géocentric qui vont investir 450 millions d’euros pour créer plus de 200 emplois à Saint-Avold (Moselle) dans le recyclage du PET.

Notre territoire a clairement pris à bras le corps la question de la transition énergétique et de l’économie circulaire. C’est une ambition très forte portée par le Président de la Région, Frank Leroy, Une ambition partagée par les CCI qui sont totalement engagées.

Le rôle de la CCI Grand Est est d’accompagner les entreprises, les porteurs de projets vers ces nouveaux enjeux, de les aider à trouver leur place dans ces nouveaux paradigmes qui définissent un monde en émergence où la performance environnementale sera une condition de la performance économique. Une condition pour recruter des générations écoengagées, pour convaincre ses clients, pour rester ou entrer dans les panels fournisseurs ou gagner des appels d’offre … une condition tout simplement pour assumer sa responsabilité sociale et environnementale.

Le défi des défis… penser les mutations de manière systémique… et concrète

Autrement dit articuler l’humain et le digital, le métropolitain et l’hyper-rural, la proximité et l’ouverture au monde.

En plus des problématiques environnementales, d’autres défis sont centraux, comme la transformation digitale. Depuis quelques années, les CCI apportent des solutions aux petites entreprises en leur proposant des diagnostics de maturité digitale afin de définir avec elles une feuille de route de transformation. Par ailleurs, la CCI Grand Est et la Région s’investissent au travers de leur agence d’innovation Grand E Nov + pour accélérer la transformation digitale des industries, notamment sur les sujets de l’intelligence artificielle et la cybersécurité.

Aujourd’hui, une entreprise piratée sur deux cesse son activité dans les 6 mois après avoir été attaquée. Il faut que nous accélérions sur ce sujet car la prévention, la formation et la sécurisation sont des outils qui doivent être à la portée et de toutes les entreprises.

L’humain … c’est-à-dire les compétences dont l’économie a besoin. C’est ici en Grand Est encore plus qu’ailleurs – travail frontalier oblige – un défi vital. Le sujet de l’adaptation de l’appareil de formation est essentiel, mais les entreprises doivent aussi s’interroger sur leur attractivité, sur leur marque employeur … dont on a dit qu’elle était indexée, entre autres facteurs, sur leur trajectoire carbone.

Ces femmes et ses hommes vivent dans une Région Grand Est composée des territoires très contrastés parfois métropolitains, engagés dans la compétition mondiale, mais aussi de vastes territoires ruraux très peu denses où il est essentiel de préserver la maille économique et sociale, le dernier commerce, l’artisan, l’atelier de production. Faire société c’est aussi cela. Les CCI en ont fait une de leurs priorités, en lien partout avec les collectivités locales.

Ces défis, tous articulés les uns avec les autres, ne sont pas une mince affaire, mais les atouts de notre Région sont réels. Elle a la bonne dimension pour porter les enjeux de demain et elle dispose d’une atout maître : le sens du collectif, pour gérer la complexité et se projeter dans un avenir désirable. 

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