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Yaël Braun-Pivet : quatrième personnage de l’État

Élue au perchoir, l’ancienne présidente de la commission des lois est la première femme à occuper ce poste.

Elle n’est députée que depuis cinq ans et est pourtant parvenue à se hisser à la plus haute fonction de l’Assemblée nationale en très peu de temps seulement. Elue en 2017, cette quinquagénaire, mère de cinq enfants a été réélue députée des Yvelines en 2022. Elle succède au perchoir à Richard Ferrand, battu en Bretagne aux dernières législatives.

Yaël Braun-Pivet, native de Nancy, descendante de « l’immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes » dans les années 30, est une marcheuse au parcours assez classique. Avocate de profession, elle est inscrite aux barreaux de Paris et des Hauts-de-Seine entre 1996 et 2003, avant de s’expatrier à Taïwan et au Japon avec son mari, cadre chez L’Oréal. C’est à son retour en France, en 2012, qu’elle s’investit dans la vie politique locale, au Vésinet. Ancienne du parti socialiste - elle occupe des postes de second rang, tel celui de trésorière du PS à Tokyo, dans les années 2000 -, adhère à En marche ! à l’automne 2016. Investie en juin 2017 face à Jacques Myard, dans la 5ème circonscription des Yvelines, elle emporte la mise haut-la-main, avec 58,99 % des voix. Alors qu’elle n’était pourtant pas favorite pour briguer la présidence de la commission des lois, habituellement réservée à des députés expérimentés, connaisseurs de l’institution, elle l’emporte facilement. La dernière femme à avoir accédé à la présidence de la commission des lois était Catherine Tasca, entre 1997 et 2002.

L’événement qui la fera vraiment connaître au grand public est l’affaire Benalla, lorsqu’elle prendra la tête de la commission d’enquête à l’Assemblée. Une présidence qui ne sera pas pour Yaël Braun-Pivet un long fleuve tranquille. On lui reprochera notamment un certain parti pris. Elle est celle qui « a enterré l’affaire Benalla » estime même la députée insoumise Mathilde Panot.

Au fil de la mandature, et en dépit d’un certain apriori, la députée des Yvelines se fait remarquer pour son travail à la tête de cette commission des lois et sa grande capacité d’écoute. « J’ai tenu la barre face aux crises, du terrorisme à la pandémie » répond la députée à ses détracteurs. Aujourd’hui, sa compétence reconnue, c’est sous des auspices favorables qu’elle accède à l’une des fonctions les plus prestigieuses de République française, après avoir passé quelques semaines comme ministre des Outre-mer, poste dont elle a démissionné officiellement le 26 juin dernier. « Personne ne croit que cette élection est due au seul fait que Yaël Braun-Pivet soit une femme. Elle a été présidente de la commission des lois et y a fait un travail reconnu » confesse la députée LR Annie Genevard.

Lors de son premier discours au perchoir, le soir de son élection, Yaël Braun-Pivet, que l’on dit volontiers « chaleureuse » et parfois « trop sympa » quand d’autres la disent « cassante », s’est voulue apaisante et rassurante : « Notre Assemblée doit être une chance pour notre pays, elle le sera si elle fait la part au dialogue ». Face aux députés, la nouvelle présidente s’est aussi réjouie de voir une Assemblée qui « a le visage de la France » formant le vœu (pieux ?) de la voir « débattre » plutôt que « se battre ».

Aussi, son élection au perchoir semble rassurer : « elle a démontré une volonté de faire respecter l’Assemblée nationale et la pluralité des opinions » confie ainsi le député Les Républicains, Ian Boucard, au Figaro. De son côté, un brin méfiant, Olivier Faure espère pour sa part qu’elle ne sera pas le « garde-chiourme de l’exécutif ».

La nouvelle présidente de l’Assemblée doit maintenant se préparer à relever de nombreux défis dans les mois à venir. Avec l’absence de majorité absolue pour le président et une assemblée hétéroclite, son rôle de médiation sera certainement plus important que ne l’a été celui de ses récents prédécesseurs. Sa ligne de conduite : « Faire en sorte que cette Assemblée fonctionne de façon apaisée et que chacun y trouve sa place »Maximilien Nagy

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