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Après l'épisode Belfort, Alstom affiche de bons résultats

Début novembre, seulement un mois après l’annonce du sauvetage de l’usine de Belfort par le Gouvernement, Alstom affichait un chiffre d’affaires global en hausse. Dans le même temps, lors du comité de suivi convoqué par le Secrétaire d’Etat à l’Industrie Christophe Sirugue, le PDG d’Alstom, rassurant, confirmait les engagements de sa société en faveur du maintien du site de Belfort. Le consortium Alstom-Bombardier s’est également vu confier le contrat passé par le Syndicat des Transports d’Île-de-France pour le renouvellement des RER D et E.

Entre le 1er avril et le 30 septembre 2016, Alstom a enregistré 6,2 milliards d’euros de commandes entraînant un nouveau record du carnet de commandes à 33,6 milliards d’euros. Au cours de cette même période, le chiffre d’affaires a augmenté de 8 % (7 % à périmètre et taux de change constants), s’élevant à 3,6 milliards d’euros. Le résultat d’exploitation ajusté a progressé de 167 millions d’euros à 200 millions d’euros, représentant une croissance de 20 %, et une marge de 5,6 %. Le résultat net a atteint 128 millions d’euros. Seulement un mois après Belfort, ces chiffres laissent songeurs.

Une activité commerciale « très dynamique »

Mais pour Henri Poupart-Lafarge ces résultats s’expliquent par une activité commerciale « très dynamique » avec notamment l’enregistrement de contrats pour la nouvelle génération de trains à grande vitesse aux Etats-Unis (1,8 Md€) et l’extension du système de métro de Dubaï (1,3 MD€). Des commandes qui pourraient être suivies, en consortium avec le Canadien Bombardier, par un autre gros contrat de 3,7 MDS€ portant sur la livraison de 271 RER, la SNCF ayant mis fin aux discussions avec le concurrent espagnol CAF. Après le rachat fin 2015 de la branche énergie d’Alstom par General Electric, le groupe s’est recentré sur le transport. Mais dans un contexte concurrentiel difficile et une baisse du carnet de commandes, l’annonce par la direction d’Alstom du transfert d’ici 2018 de la production de trains et du bureau d’études de son site historique de Belfort vers celui de Reichshoffen en Alsace a fait l’effet d’une bombe. L’Etat qui détient 20 % du capital a vu rouge, surtout en cette période électorale. Sauver les activités ferroviaires d’Alstom à Belfort - sur les 480 salariés, 400 se seraient vus proposer un reclassement sur un autre site - est devenu l’objectif numéro un pour le Gouvernement.

Sauver Alstom

Pourtant auditionné par les députés le 27 septembre dernier, Henri Poupart-Lafarge, assurait, tout en le déplorant, ne pas voir « d’issue structurelle » pour le site de Belfort. « Conscient de la difficulté du transport ferroviaire en France », le patron d’Alstom ne s’imaginait pas non plus aller « forcer des commandes de trains qui iraient rouiller dans des placards ». Lui peut-être. Pas le Gouvernement qui a ainsi présenté un plan de sauvetage qui prévoit la commande de vingt locomotives de secours, six TGV pour la ligne Lyon-Turin et quinze rames TGV destinées à rouler… sur des lignes classiques entre Bordeaux et Marseille. Pour François Hollande « l’Etat a pris ses responsabilités » pour « assurer la pérennité du site d’Alstom à Belfort ». Pour autant, si à Belfort on se réjouit, beaucoup ont été néanmoins surpris.

D’aucuns ont parlé de « bricolage » et d’un plan « électoraliste ». Certains éditorialistes y ont vu un moyen « d’acheter la paix sociale » (Est-Eclair), d’autres parlent d’« une petite victoire qui risque d’être de courte durée » (L’Union, L’Ardennais). Pour Sud-Ouest, « François Hollande restera donc comme le président qui fait rouler à 200 km/h des locomotives pouvant atteindre les 320 km/h, et certains y verront comme une métaphore de son quinquennat ». Le PDG du groupe a, pour sa part, promis d’investir à moyen terme dans l’usine de Belfort et de diversifier son activité. Un nouveau départ pour Belfort ? C’est ce qu’a voulu vérifier le Secrétaire d’Etat à l’Industrie Christophe Sirugue en réunissant, fin novembre, un comité de suivi associant Etat, direction de l’entreprise, syndicats et élus locaux. Objectif : s’assurer que l’entreprise respecte bien les engagements pris. « Les nouvelles sont bonnes pour le site d’Alstom à Belfort » s’est réjoui le député-maire de Belfort, Damien Meslot à l’issue de cette rencontre.

De bonnes nouvelles pour Belfort

La SNCF devrait en effet confirmer ses commandes d’ici mars prochain. Alstom a précisé les voies de diversification envisagées pour son site de Belfort : travaux de recherche pour une nouvelle génération de simulateurs de conduite, pile à combustible et motrice hybride diesel-électrique. La société engagera cinq millions d’euros, dont un million déjà engagé en 2016 pour l’aménagement d’un nouveau bâtiment industriel pour la maintenance des rames TGV et quatre millions en 2017 en vue de faire de Belfort le centre de référence européen de la maintenance des motrices du groupe. Trente millions d’euros sont aussi prévus à Belfort pour le TGV du futur, dont deux tiers pour l’ingénierie. Enfin, dans le cadre des investissements d’avenir, le Gouvernement a promis 4,4 millions d’euros.

Autre bonne nouvelle pour Alstom en France : la confirmation d’une promesse de commande de 255 rames RER au consortium Alstom-Bombardier pour un montant global estimé à 3,75 milliards d’euros. L’annonce a été officialisée par le Conseil d’administration de la SNCF et par celui du STIF (syndicat des Transports d’Île-de-France). « C’est une bouffée d’air pour le site de production d’Alstom Reichshoffen, qui voit ainsi la perspective immédiate d’un creux de charge s’éloigner » s’est notamment félicitée Fabienne Keller, la sénatrice LR du Bas-Rhin et Secrétaire nationale LR en charge des Transports et de l’Energie. Les 71 premières rames devraient être livrées en 2021. Elles concerneront les RER D (125 rames) et E (130). Alstom aura en charge la partie cabines de pilotage, les voitures de tête et de queue, tandis que Bombardier s’occupera des rames centrales. Le contrat prévoit également que la majorité des composants comme les moteurs seront fabriqués en France dans plusieurs sites d’Alstom (12 sites en France). Selon certaines informations, ce contrat représenterait l’équivalent de quatre à cinq années de travail. Au sein du consortium, ce projet mobilisera environ 2000 personnes dont 550 ingénieurs et permettra de pérenniser plus de 8000 emplois en France.

Alstom fournira également au STIF et à la RATP 20 métros MP14 de 6 voitures pour un montant de 163 millions d’euros, dans le cadre de l’automatisation et de la modernisation de la ligne 4, deuxième ligne la plus fréquentée du métro parisien. Cette levée d’option s’inscrit dans le cadre du marché MP14 signé en mars 2015, entre la RATP (mandatée par le STIF et la SGP) et Alstom ; et portant sur la livraison d’un maximum de 217 trains MP14 sur 15 ans et pour un montant total de plus de 2 milliards d’euros. « Cette levée d’option va permettre de pérenniser les emplois en France pendant plusieurs années, sur les sept sites Alstom qui conçoivent et produisent le métro (Valenciennes, Le Creusot, Ornans, Villeurbanne, Tarbes, Saint-Ouen et Aix en Provence) et chez ses fournisseurs » souligne Alstom dans un communiqué. 

 

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