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Julien Aubert lance “Oser la France”

Entretien avec Julien Aubert, député (LR, vaucluse)

Fin novembre, le député du Vaucluse, qui a échoué à se présenter à la présidence des Républicains poursuit le combat des idées en lançant son mouvement « Oser la France ». Ce « Laboratoire d’idées » n’est pas, assure le député « une énième chapelle, ni une écurie présidentielle » qui le voit plutôt comme « une transgression : croire que la France a un avenir, et que les idées léguées par le Général de Gaulle n’ont jamais été aussi modernes ». Seize membres fondateurs parrainent politiquement cette initiative : cinq députés (Bérengère Poletti, député des Ardennes ; Thibault Bazin, député de Meurthe et Moselle ; Stephane Viry, Député des Vosges ; Jean-François Parigi, député de Seine-et-Marne, trois sénateurs (Alain Dufaut, Vaucluse, Bernard Fournier, Loire, et René-Paul Savary, Marne), deux anciens parlementaires (Bernard Carayon et Jean-Phlippe Mallé) et six élus locaux (outre Bernard Carayon, Maire et Conseiller Régional) ; Alexandre Rassaert, Maire de Gisors ; Laurent Burgoa, adjoint au Maire de Nîmes et président du groupe LR au conseil départemental du Gard ; Olivier Arsac, adjoint au Maire de Toulouse ; Pierre Laget, adjoint au Maire des 11ème et 12ème arrondissements de Marseille ; Anne Lorne, conseillère régionale LR Rhône-Alpes-Auvergne ; Christian Vermelle, Maire de Clermont-en-Genevois).

Quelles sont les grandes lignes de convictions d’Oser la France ?

La ligne qu’entend défendre Oser la France repose sur 4 principes fondamentaux.

Tout d’abord, le socle fondamental, c’est-à-dire la Nation. C’est le cadre d’expression et d’exercice de la démocratie, contrairement aux grands ensembles supranationaux sans peuple et sans âme mais aussi aux régionalismes identitaires qui fragmentent au lieu d’unir.

Ensuite, la souveraineté nationale et la souveraineté populaire, sources de toute légitimité du gouvernement de la Nation. Ce sont elles qui commandent l’indépendance de la France dans le monde et le respect de la volonté des électeurs notamment lors des consultations référendaires.

Également, une vision de l’humanité et de la société, fondée sur la dignité de l’homme. Cette dignité fait obstacle à la marchandisation du corps et estime que le marché et le consumérisme n’est pas l’horizon indépassable de l’existence.

Enfin, dernier principe, l’éthique en politique. Cette éthique politique se traduit par le respect de la parole donnée aux Français, la clarté des convictions et le refus des arrangements d’appareil.

Est-ce la énième réincarnation du mouvement gaulliste ?

Le « gaullisme » est mort avec le Général de Gaulle le 9 novembre 1970. En revanche, les idées qu’il a défendu toute sa vie sont éternelles : la défense de l’indépendance nationale, le refus de la fatalité, le pouvoir de la politique et du verbe.

Le gaullisme n’a pas besoin d’une réincarnation mais d’une réinvention, ce que propose « Oser la France » c’est de réfléchir à nouveau sur les courants de fonds qui agitent le monde et la France à la lumière de ces principes directeurs.

Il a toujours existé en France un mouvement politique attaché au patriotisme, à l’autorité de l’État, ainsi qu’à l’égalité entre ses citoyens et ses territoires. Dernièrement, celui-ci a connu une éclipse avec les disparitions de figures comme Philippe Séguin et de Charles Pasqua. Notre objectif est de le faire briller à nouveau.

Vous ambitionnez de réunir les républicains de tous bords. Pourtant, Jean-Pierre Chevènement ou Philippe Séguin avant vous ont déjà nourri cette espérance mais sans succès. Pourquoi pensez-vous réussir cette fois-ci ?

“Oser la France” veut rassembler des hommes et des femmes sur l’essentiel, c’est-à-dire la France et son avenir.

Oser la France est le lieu pour celles et ceux qui croient viscéralement que la France et sa nation doivent vivre en Europe et dans le monde au lieu de s’effilocher petit à petit, par le haut en raison d’un globalisme accéléré par la destruction européenne actuelle, et par le bas en raison de résurgences régionalistes archaïques et de communautarismes importés qui minent notre cohésion sociale.

Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin, Charles Pasqua, Philippe de Villiers mais aussi Nicolas Dupont-Aignan ont tous fait vivre cette flamme avec plus ou moins d’intensité et avec leurs particularités politiques. Ils ont été défricheurs et ont souvent réussi à imposer des idées dans le débat politique. Parfois, ils ont même pu remporter de grandes victoires politiques : souvenez-vous du référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005 ou de la tonalité des discours de Nicolas Sarkozy en 2007 qui étaient grandement inspirés par Henri Guaino.

Oser la France s’inscrit dans leur sillon et continuera à labourer, nos réussites seront à la mesure de notre travail.

Comment entendez-vous articuler les actions et réflexions d’« Oser la France » avec la nécessaire unité de votre mouvement « Les Républicains » que ne manquera pas de réclamer Laurent Wauquiez après son élection ?

L’unité dans la clarté sera notre devise. Quand je lis que Virginie Calmels s’affirme comme non gaulliste mais marche dans les pas de Margareth Thatcher et Ronald Reagan, je dis à Laurent Wauquiez qu’il est essentiel que les Républicains marchent sur deux jambes.

La France n’a pas besoin d’un nouveau parti libéral thatchérien en plus de la République en Marche. Croire que c’est étant dans la surenchère libérale que nous pourrons nous différencier d’Emmanuel Macron serait une erreur d’analyse historique : ce serait nous marginaliser. Nous devons dépasser la stricte ambition économique pour voir au-delà quel est le projet global que nous portons pour la France afin qu’elle ait un avenir.

« Oser la France » pourrait-elle présenter une liste aux élections européennes le moment venu si la ligne politique des Républicains n’est pas souverainiste ?

« Oser la France » a pour ambition de peser sur la ligne politique des Républicains de manière constructive et intelligente. Nous n’allons pas décerner des brevets de défense de l’indépendance nationale à tel ou tel, nous ne sommes pas un organisme certificateur. En revanche, nous pensons que les élections européennes seront le premier vrai test politique du Président Macron qui défend un fédéralisme européen décomplexé et une dissolution programmée de la France dans cet ensemble.

Il nous apparaît donc logique de lui opposer une liste de droite républicaine et nationale qui promeut la Nation française et s’activera au sein du groupe PPE au Parlement européen pour sortir de la logique fédéraliste. Cela sera plus efficace et plus sincère que de prôner l’Europe des Nations à Paris pour la trahir une fois à Bruxelles ou de former un groupuscule fait de bric et broc regroupant des hurluberlus de divers pays comme a pu le faire le FN après les dernières élections européennes.

S’il fallait chercher une démonstration de l’inutilité du vote Front national aux élections européennes il suffit de regarder leur « influence » quasi-nulle, sauf sur leurs finances, au Parlement européen depuis 2014. 

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