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“J’appartiens à une génération plus libre”

Entretien avec Julien Aubert, Député

Julien Aubert fait partie de la jeune génération de parlementaires. Candidat à la présidence des Républicains, il nous donne sa perception du travail parlementaire, de la situation politique et des grandes orientations de son projet pour sa famille politique.

 

Quel regard portez-vous sur les 5 mois d’action du gouvernement d’Edouard Philippe ?

Un regard critique. Clairement, le gouvernement actuel essaye de rompre avec les mauvaises habitudes prises sous Hollande (budget insincère) ou de corriger certaines aberrations (éducation nationale). L’ensemble manque cependant de vision. Emmanuel Macron fait une politique dictée par Bercy, parfois de courte vue (APL) et l’habille de symboles (la transparence, l’interdiction des hydrocarbures, l’ISf coupé en deux). Au plan économique, je ne vois pas l’intérêt de décourager l’accession à la propriété (TH, suppression du PTZ en milieu rural, ISF sur l’immobilier...) et ce n’est certainement pas une politique de Droite. Les ordonnances travail font beaucoup de bruit mais ne créeront pas directement de l’emploi. En revanche, brader Alstom ou les chantiers de St Nazaire auront dans quelques années des conséquences industrielles. Enfin, la politique européiste d’Emmanuel Macron me semble complètement datée, et décalée par rapport aux aspirations populaires.

Vous faîtes partie de la jeune génération de parlementaires, que pensez-vous de l’organisation des débats parlementaires, de la procédure législative, … ? Que pensez pensez-vous de l’initiative de François de Rugy pour une « nouvelle Assemblée nationale » et des 7 groupes de travail constitués ?

Il y a une nécessité de revoir l’organisation du travail parlementaire pour supprimer les monologues et phases inutiles afin de redonner à la discussion son role éminent. Je suis en faveur de faire siéger du lundi au vendredi une semaine sur deux, en mettant fin aux séances de nuit. François de Rugy a pris une bonne décision en lançant ces chantiers de rénovation même si certains sujets de travail ne sont pas du même niveau de priorité que les autres. De plus, le vrai sujet c’est l’affaiblissement de la fonction parlementaire, accentué par la loi sur la moralisation. A partir du moment où la fonction politique cesse d’être une carrière à vie, il ne me semble pas logique de faire comme si un mandat était un métier comme les autres (ex : régime de retraites).

Que manque-t-il aux parlementaires pour mieux assumer leur fonction d’évaluation et de contrôle des lois ?

De véritables équipes. Donnez moi 6-7 assistants bac +5 et vous verrez que mon travail changera profondément.

Vous avez déclaré votre candidature à la présidence des Républicains. Qu’est-ce-qui vous différencie de Laurent Wauquiez ? Où en êtes-vous de vos parrainages ?

J’ai a priori 13 promesses de parrainages parlementaires et 1200 parrainages militants. J’appartiens à une génération plus libre car je ne dois pas ma carrière politique à un des nombreux patrons de la Droite qui ont occupé le devant de la scène. Je suis donc plus libre pour dresser un inventaire de nos succès et de nos erreurs, plus libre aussi de faire primer l’intérêt du Mouvement sur les écuries présidentielles des uns et des autres. Je suis un franco-optimiste qui croit en l’Europe des Nations mais pas au modèle fédéral et donc contrairement à Laurent Wauquiez j’ai toujours voté contre les mesures qui allaient dans le mauvais sens. Je suis pour une décentralisation plus respectueuse des communes, des départements et des territoires ruraux, et non favorable aux métropoles sans limites et aux régions sans âme. Enfin, je pense que la question identitaire n’est que le verso de la question de l’intégration sociale. Enfin, je veux libérer la pensée économique de la doxa austéritaire et néolibérale. Laurent Wauquiez me semble moins clair sur ces sujets et moins radical.

Vous regrettez que le débat ne porte plus à droite que sur les ambitions et écuries présidentielles et pas assez sur les grands sujets qui se posent à la France.

Quelles sont ces questions que la Droite devrait aborder et comment y répondez-vous ?

Quatre sujets :

• La question européenne. Je réponds Europe des Nations.

• La question de la décentralisation, qui est le verso de la question européenne. Je réponds priorité à une organisation asymétrique avec commune + département en milieu rural, métropole + aire métropolitaine en milieu urbain, et avec des régions plus petites.

• La question économique. Je prône une 3ème voie entre socialisme de répartition et capitalisme libre-échangiste, avec une meilleure participation des salariés aux produits de la croissance. Nous devons déterminer où est la justice sociale et comment revaloriser le travail dans un système marqué par les aides à la non activité.

• La question culturelle. Je propose que nous travaillons serieusement à la création d’un islam de France, et que les islamistes soient passibles d’une cour de sureté de l’Etat. 

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