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Sir Julian King, Ambassadeur de Grande-Bretagne en France : “Nous n'avons pas de plan B”

Fin mars, le nouvel ambassadeur du Royaume-Uni était auditionné par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée. L’occasion de faire le point sur le Brexit, Calais, les flux migratoires et même la Libye. Un éclairage sans langue de bois… ou presque à quelques jours du référendum britannique.

Sir Julian King qui a succédé à Sir Peter Ricketts à l’ambassade du Royaume-Uni en France courant février s’est plié au jeu des questions réponses des députés. Sans se départir du flegme britannique, il a bien entendu répondu aux interrogations -et souvent inquiétudes - des parlementaires français et notamment sur le Brexit. Alors que depuis le 27 mai, gouvernement et administration britanniques sont entrées en période de purdah – en bon français de réserve électorale – le diplomate pouvait encore aborder le sujet. Ce qu’il n’a pas manqué de faire. Si lors de son audition, les sondages étaient déjà « assez serrés », Sir King a manifesté quelques inquiétudes face aux quelque 20 % d’indécis qui, sondage après sondage restent toujours aussi « élevés ».

Sur l’organisation du référendum décidé par David Cameron, le diplomate a tenu à réaffirmer la position officielle du gouvernement qui est celle du maintien dans l’Union et ce en dépit des déclarations de six ministres en faveur de la sortie– « Dans nos traditions, on laisse aux ministres leur liberté de parole » a indiqué l’ambassadeur.

Interrogé par Pierre Lellouche (LR, Paris) sur un plan B dans l’hypothèse où le Royaume-Uni quitterait l’Union européenne, Sir King a été très clair « Nous n’avons pas de plan B ». « Cela peut paraître surprenant à entendre mais c’est la réalité. Le gouvernement a même demandé à l’administration de ne pas préparer la sortie » a-t-il lancé laissant aux partisans de la sortie ce type de réflexion, « jusqu’ici, ils n’ont pas vraiment été en mesure d’expliquer vers quoi l’on irait dans l’hypothèse d’une sortie ». Après moi le déluge.

« Il n’y a pas de solution facile »

Quant à la question de Calais et des migrants pour lesquels « il n’y a pas de solution facile », le diplomate a indiqué que son pays avait déjà payé 82 millions d’euros de travaux destinés à sécuriser le port et les infrastructures et qu’une contribution de 22 millions d’euros supplémentaires pour financer des travaux de sécurisation demandés par le gouvernement français allait être versée. Un brin agacé par le fait que l’on puisse considérer son pays comme « fermé » en matière migratoire, Sir Julian King a fait remarquer que l’an dernier le solde migratoire britannique avait dépassé les 200 000 personnes « dont la moitié environ venait d’autres pays de l’Union européenne et l’autre moitié du reste du monde ». « Ce n’est pas ce que j’appelle un pays complètement fermé » a-t-il vertement répondu.

Dernier point abordé, celui de la Libye. François Loncle (SRC, Eure) est revenu sur les événements vieux de cinq ans, lorsqu’en 2011, David Cameron et Nicolas Sarkozy décidaient de frapper militairement la Libye, « avec les résultats que l’on sait : la libération de Benghazi qui figurait dans la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations-Unies mais aussi de la transgression de cette résolution, puisqu’au bout de quelques jours d’intervention militaire, notamment aérienne, l’ensemble du pays était en proie aux combats ». « Les conséquences de cette intervention franco-française sont catastrophiques » insiste le député, « cinq ans plus tard, on n’arrive pas à sortir du chaos libyen, sans parler des répercussions sur la région sahélienne et sur toute l’Afrique de l’ouest ». « Il est vrai que la situation actuelle n’est pas fantastique mais nous sommes tous un peu impliqués dans cet état de fait ; je ne suis donc pas entièrement d’accord avec la critique formulée par Barack Obama » qui avait condamné très sévèrement l’initiative de MM Cameron et Sarkozy a répondu l’ambassadeur. 

 

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