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TikTok : la commission d’enquête finit ses auditions

La commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs lancée à l’Assemblée en mars dernier achève ses travaux. Elle devrait rendre son rapport à la rentrée.

Le 13 mars dernier, les députés votaient une proposition de résolution de la députée Laure Miller (EPR, Marne) visant à créer une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les enfants et adolescents. TikTok « c’est plus de 15 millions d’utilisateurs mensuels en France ». De nombreux enfants de 12 ans et moins possèdent un compte, « alors même que le réseau social est normalement interdit aux moins de 13 ans » commentait la députée inquiète. La commission d’enquête s’est fixée comme ambition de déterminer « si l’application encourage ou non le passage à l’acte suicidaire et d’automutilation », ou si elle amplifie « la mise à disposition des contenus hypersexualisés » qui « favoriseraient le développement de troubles » a expliqué Laure Miller. Et pour cela, la commission a fonctionné comme un « entonnoir » décrit le président de la commission Arthur Delaporte (SOC, Calvados). « Nous avons commencé par évoquer les aspects généraux, puis la mécanique de l’algorithme, les effets sur les jeunes, les parents et associations, les autorités administratives et enfin les créateurs de contenus, les tiktokeurs et enfin les dirigeants de TikTok ».

L’audition de ces créateurs de contenus, désignés comme « problématiques » par les plus de 30 000 répondants de la consultation citoyenne mise en ligne par la commission mais qui comptent des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux a fait des étincelles. Et si lors d’un précédent point presse, le président Delaporte avait promis que sa commission d’enquête « n’est pas un tribunal et ne se substitue pas à la justice », la teneur des échanges a parfois laissé penser le contraire. Avec des points de vue parfois irréconciliables et un ton qui a pu très vite monter d’un cran. Il faut ici rappeler que les tiktokeurs auditionnés sont connus pour leur réputation controversée (atteinte à l’image de leurs enfants, pratiques commerciales trompeuses, propos misogynes, partage de liens avec des contenus pornographiques…). Se sentant largement mis en accusation, les influenceurs se sont contentés de décrire leur activité tout en cherchant à se laver de toutes les accusations avancées invoquant le plus souvent « la liberté d’expression » et parfois « l’ignorance de la loi ».

Tandis qu’Alex Hitchens, irrité par les questionnements de la commission finissait par lâcher aux députés « ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque » juste avant de se déconnecter de son audition en visio, l’influenceur Nasdas avertissait les élus : « TikTok, ça a pris une ampleur tellement grande… je vous le dis, bon courage à vous, si vous devez prendre des mesures, ça ne va pas être facile ».

L’audition de plusieurs responsables de la modération de TikTok qui ont parfois eu du mal à se justifier a montré les failles du système TikTok comme avec l’algorithme de recommandation de la plateforme pointé du doigt par plusieurs études. Il lui est notamment reproché d’enfermer les internautes dans un flux de contenus inappropriés et répétitifs parfois dangereux. 11 familles françaises ont d’ailleurs assigné Tiktok en justice pour provocation au suicide et propagande aux publicités des moyens de se donner la mort. Autres sujet, celui de la modération qui pour la commission apparaît comme léger et qui ne fait pas toujours opposition à la visualisation des contenus par de jeunes enfants alors même que la plateforme est interdite au moins de 13 ans. « Nous supprimons les contenus non autorisés avant même qu’ils soient vus ou autorisés et nous restreignons le contenu qui n’est pas adapté au public de 13 à 17 ans » assure pourtant Nicky Soo, responsable de la digital safety de la plateforme. « 100 % du contenu sur la plateforme est modéré et moins de 1 % des contenus ne respecte pas nos conditions d’utilisations. Pour ceux-là, 80 % sont supprimés automatiquement. La modération humaine arrive ensuite » enchaîne Brie Pegum, responsable des aspects techniques de la régulation. Mis sous pression et face à plusieurs exemples de lourds dérapages donnés par la commission, les responsables de TikTok ont fini par admettre qu’ « Evidemment, il y a des contenus qui passent dans les trous du système, il y a des ratés ».

« Mais on travaille proactivement pour empêcher ces contenus (...) Il y a une marge d’amélioration » souffle Nicky Soo. « Ca ne sera jamais parfait »


Un million d’utilisateurs de moins de 13 ans sont présents sur TikTok

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