Pour l’ancien premier ministre, il ne fait aucun doute que celui qui restera à jamais dans l’histoire le capitaine Dreyfus – il a terminé sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel – que les « cinq années de déportation et d’humiliation » passées au bagne en Guyane « ont irrémédiablement freiné sa carrière militaire ». « Il est incontestable que sans cette injustice, cette « faute d’État », (il) aurait accédé naturellement aux plus hauts grades ». Fort de cette conviction, Gabriel Attal a déposé une proposition de loi appelant la France à « honorer l’idéal républicain » et à reconnaître « ses erreurs » et à affronter « lucidement ses égarements ». Pour l’ancien premier ministre « promouvoir Alfred Dreyfus au rang de général de brigade constitue un acte de réparation, une reconnaissance de ses mérites et un hommage rendu à son engagement républicain ». Sa proposition de loi a été adoptée à l’unanimité par les députés (197 voix pour, 0 contre). Les députés MoDem avaient indiqué qu’ils ne participeraient pas au vote craignant « le risque d’une nouvelle instrumentalisation ». « Sous couvert d’honorer Alfred Dreyfus, certains cherchent à blanchir leur propre récit, leur propre histoire, ancienne ou plus contemporaine, et s’approprient une figure dont, de fait, ils combattent ou ont combattu les valeurs ». « Prenons cette proposition de loi pour ce qu’elle est : une correction d’un tort historique. Il ne s’agit pas d’ouvrir les blessures du passé ou de le travestir. (...) Nous devons finir l’affaire Dreyfus par le haut » a pour sa part commenté Sylvain Maillard, le patron des députés Renaissance. Le texte doit maintenant passer au Sénat.
Condamné injustement, dégradé publiquement le 5 janvier 1895 et déporté sur l’île du diable en Guyane, Alfred Dreyfus a été réhabilité par la Cour de cassation en 1906 et réintégré dans les cadres de l’armée au grade de chef d’escadron (commandant). ■