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Un rapport pour mieux défendre l’épargne des Français

Dans leur rapport sur « la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes », Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national) et François Jolivet (Horizons) appellent à « réformer » l’épargne réglementée « dans un sens de plus de clarté, d’efficacité et d’efficience en termes de rendement ». Ils veulent également obliger les banques à proposer le meilleur placement d’épargne aux personnes et aux ménages.

A la question : « qui défend l’épargnant français ? », fil conducteur de ce rapport, le député RN répond : « Personne ! Ni Bercy, ni le secteur bancaire, ni le secteur assurantiel ». Un constat sévère mais étayé par un an et demi d’enquête menée par la mission d’information sur « la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes », la première à s’intéresser au sujet. Une situation à leurs yeux plus que regrettable d’autant plus que la France est l’un des pays de l’OCDE qui épargne le plus « en particulier au sein des classes moyennes ». « L’épargne nationale est un trésor » pointe même Jean-Philippe Tanguy qui donne le chiffre de 6 000 milliards d’euros d’épargne sous différentes formes dont 900 milliards d’épargne réglementée. « La quasi-totalité des Français possèdent un ou plusieurs livrets d’épargne réglementée, en particulier un livret A ou des plans d’épargne logement (PEL) » précise François Jolivet qui n’oublie pas les contrats d’assurance-vie répandus dans « 40 % des ménages ».

Une bonne nouvelle ? Oui et non. « Avec la crise de l’hyper inflation, force est de constater que cette épargne réglementée n’est pas protégée - en dehors du Livret d’épargne populaire - de l’érosion monétaire » dénonce Jean-Philippe Tanguy. Une érosion monétaire qui fait perdre du pouvoir d’achat aux Français déplorent les rapporteurs. « De bonne foi et sans le savoir les Français pensent que leur épargne est protégée. Ils sont floués » s’emporte le député RN. Selon la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (Faider), entre 2021 et 2023, la perte du pouvoir d’achat est estimée à 300 milliards d’euros sur les actifs qualifiés « d’épargne populaire » (dépôts bancaires, livrets A et assurances-vie en euros), « un chiffre considérable ». Or, pour les rapporteurs, les premières victimes de cette érosion monétaire sont les classes moyennes et populaires mal informées des meilleurs placements. Faute d’une « culture financière » suffisante, les Français ont tendance (trop) naturellement à placer leur épargne dans « des supports très sécurisés » à la « rémunération souvent décevante » et « sans que le phénomène d’érosion monétaire leur soit clairement exposée » lit-on dans le rapport. Un constat qui pousse les rapporteurs à faire une série de propositions visant à « réformer » l’épargne réglementée mais aussi et surtout à inciter fermement les banques à mieux informer leurs clients. « Nous avons un maquis de livrets et nous pensons qu’il faudrait un peu simplifier les choses, voire en supprimer » suggère par exemple François Jolivet. Pourquoi ne pas créer qu’un ou deux produits d’épargne réglementée « afin d’améliorer sa visibilité et son rendement » s’interrogent les rapporteurs. Les établissements bancaires devraient également proposer « systématiquement à tous leurs clients le meilleur placement » insistent-ils visiblement peu convaincus que cela soit le cas. « Il y a une forme de rupture du contrat moral entre les épargnants et ceux qui sont chargés de défendre leurs intérêts » s’agace encore Jean-Philippe Tanguy. « Il y a un problème de devoir de conseil. Or, le devoir de conseil n’est pas une option c’est une obligation » poursuit-il. Pour l’élu RN, l’enjeu va au-delà de la simple épargne des Français : « derrière cela, il y a le financement de l’économie nationale qui est en jeu. Si l’épargne n’est pas assez rémunératrice, c’est que son usage n’est pas assez rémunérateur. Or, il y a des placements qui permettent un enrichissement commun » juge-t-il. C’est notamment le cas avec le livret d’épargne populaire « bien mieux rémunéré » que le livret A « mais le moins utilisé ». « 40 % des Français éligibles n’en disposent pas, alors qu’ils disposent d’un Livret A » remarque François Jolivet. « Ça signifie donc que les banques jouent un rôle de conseil pas complètement performant, puisqu’elles ne dirigent pas l’épargne des Français les plus modestes vers les meilleurs placements réglementaires, alors qu’elles assument une mission d’intérêt général » ajoute-t-il.

Pour les deux élus, l’objectif de cette mission était aussi d’inviter les élus à investir le sujet en instaurant chaque année un débat au Parlement sur l’épargne des Français avec un rapport spécial. Ils ne s’interdisent pas non plus de reprendre certaines de leurs recommandations dans le projet de finances 2026 via des amendements. « Il faut que tout le monde se réveille face à la forme de passivité sur cette question » finit par lacher Jean-Philippe Tanguy. 


https://www.assemblee-nationale.fr / dyn/17/rapports/cion_fin/l17b1427_rapport-information

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