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Déserts médicaux : l’Assemblée rejette une proposition de loi socialiste

A l’Assemblée nationale, la proposition de loi portée par les socialistes sur les déserts médicaux a été rejetée via des amendements de suppression issus de la majorité.

“Je suis profondément déçu de voir que le gouvernement et la majorité s’obstinent dans le refus de toute forme de régulation pour l’installation des médecins, sans même accepter une expérimentation. Nous sommes face à un gouvernement qui se crispe sur des réponses inefficaces, mais les idées que je porte gagnent du terrain à chaque fois que le débat est posé dans l’hémicycle. Je continuerai à défendre le droit à la santé pour tous, à l’Assemblée et sur le terrain” a indiqué le député de Mayenne Guillaume Garot après avoir vu son texte rejeté en Commission et dans l’hémicycle.

Parce que 8 millions de Français vivent aujourd’hui dans un désert médical : absence de médecin de proximité, difficultés à prendre rendez-vous avec un généraliste ou un spécialiste… « et qu’ils se sentent abandonnés par notre système de santé, plus particulièrement dans les territoires ruraux et périurbains », les députés socialistes avaient choisi de déposer une proposition de loi d’urgence contre les déserts médicaux.

« Vous ne prenez pas la mesure de la détresse, de l’angoisse de nos concitoyens quand il n’y a plus de médecins près de chez eux » s’est encore emporté Guillaume Garot qui défendait son texte avec lequel il entendait « mettre un coup d’arrêt » à ce phénomène ancien. « Cette situation nous ne la découvrons pas. Cela fait des années que les uns et les autres, tous groupes parlementaires de toutes tendances confondues proposons aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis 20 ans de quitter le terrain de l’incitation financière pour attirer les médecins en zones sous dotées pour aller vers un système de régulation de l’installation » a rappelé le député UDI de Mayenne, Yannick Favennec qui soutenait l’initiative de son collègue socialiste. « Face à l’urgence, rien ne sera possible sans de nouvelles règles pour l’installation de médecins, comme il en existe d’ailleurs pour d’autres professionnels de santé, à l’exemple des pharmaciens » a alors plaidé Guillaume Garot sans arriver à convaincre la majorité LREM et MoDem qui s’y est opposée. « Je regrette qu’une fois de plus la majorité LREM et Modem n’ait pas été au rendez-vous. C’est une responsabilité grave sur le plan humain. Pendant ce temps, beaucoup de Français soufrent au quotidien de ne pas avoir de médecins et notre santé publique s’en trouve dégradée » a déploré Yannick Favennec dénonçant « une faute politique ».

La proposition de loi proposait d’instaurer une obligation de présence en désert médical pour les jeunes médecins en dernière année d’internat, puis pendant les deux années suivant l’obtention de leur diplôme. A cette mesure s’ajoutait un conventionnement sélectif pour limiter les nouvelles installations dans les zones déjà bien pourvues en médecins en les orientant vers les zones sous-denses. « Il n’est pas question de rejeter la faute sur les médecins dont nous connaissons l’engagement et l’implication dans leur profession. Mais il est nécessaire de refonder le contrat entre la nation, ses médecins et ses soignants » ajoutait Guillaume Garot.

« Les solutions immédiates n’existent pas » a rétorqué la ministre déléguée à l’Autonomie Brigitte Bourguignon pour justifier l’opposition du gouvernement à un texte qui « ne propose pas les bonnes solutions ». La ministre a alors préféré lister tout ce que le gouvernement avait déjà fait en la matière comme « la suppression du numerus clausus qui bridait l’arrivée de nouveaux médecins, ainsi que le développement de la télémédecine, et les dispositifs en faveur de la revalorisation des métiers du soin ». « Ce qui a été fait durant ce quinquennat dépasse largement le volume de ce qui a été fait, par-delà les alternances, de 2007 à 2017 » a-t-elle conclu. 

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