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Covid-19 : Le Professeur Raoult devant la commission d’enquête

Le 24 juin dernier, la Commission d’enquête sur le coronavirus auditionnait le très médiatique Professeur Didier Raoult, directeur de l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU).

Trois heures durant, le Pr Didier Raoult s’est prêté à l’exercice des questions-réponses avec une certaine délectation prenant plaisir à distribuer les bons et surtout les mauvais points sous le regard parfois médusés des députés.

Ardent défenseur de l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le traitement contre la Covid-19, l’épidémiologiste a reconnu n’avoir jamais connu de « telles tensions ». « Ca a pris une ampleur extraordinaire. Il y a des enjeux à un niveau que je n’ai jamais connu dans ma carrière, je n’ai jamais vu ça, et je ne suis pas un pigeon de l’année ». Il s’en est ensuite pris aux détracteurs de la molécule les accusant d’être liés financièrement au laboratoire Gilead, le fabricant du remdesivir testé aussi dans le traitement de la Covid-19. Et de recommander aux députés « de faire une vraie enquête sur Gilead et le remdesivir ». Il a également critiqué la décision de l’exécutif d’arrêter brutalement d’administrer de l’hydroxychloroquine après l’étude de The Lancet qu’il s’est empressé de qualifier de « faux ». « Le soin est passé au second plan. […] Celui qui a aidé à décider de ça, je vous assure, il a fait une faute ».

De conflits d’intérêts, il en a été encore question lorsqu’a été abordé le Conseil scientifique créé mi-mars pour conseiller le gouvernement. « Ce n’était pas un conseil scientifique. Moi j’en ai un à Marseille qui fait rêver le monde entier, je n’ai que des stars dans leur domaine. Un conseil scientifique, ce n’est pas une bande de types qui ont l’habitude de travailler entre eux et qui discutent en disant "et toi, qu’est-ce que tu en penses ?" ». Il leur fait notamment grief d’avoir pris des décisions plus politiques que scientifiques. « Il fallait déterminer quels étaient les progrès scientifiques, ce n’était pas à nous de réfléchir sur le confinement, personne ne sait répondre à ça. Les décisions politiques ne nous concernent pas. Moi je voulais bien parler de sciences, de médecine », mais « dans ce conseil scientifique, j’étais un ovni ou un extraterrestre (...) Je ne suis pas un homme de réunions, je suis un homme de données. »

Présenté par le rapporteur général de la commission Eric Ciotti (LR, Alpes-Maritimes) comme « un pionnier en matière de tests au CHU de Marseille », le Pr Raoult a dit ne pas comprendre pourquoi le ministre de la Santé Olivier Véran prônait un « usage rationnel, raisonnable et raisonné des tests » alors même « que dès le mois de mars, l’OMS demandait aux pays de tester massivement ». Pour l’infectiologue, ce n’était pas lié à un manque de matériel. Et d’expliquer plutôt : « Il y a eu un mécanisme qui s’est fait : puisqu’on ne peut pas faire les tests, les tests sont inutiles. Mais ce n’était pas vrai. On pouvait faire des tests ». Et d’ajouter que la technique PCR (écouvillon dans le nez) était un « examen extrêmement, simple, banal ». Le Pr Raoult a fini par juger que l’organisation des tests en France était « totalement archaïque »

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