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“Arrêt de Fessenheim : une décision politique lourde de conséquences pour le territoire !”

A la veille de l’arrêt du premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim prévu le 22 février, Raphaël Schellenberger (LR, Haut-Rhin) a toujours du mal à accepter la décision du gouvernement qu’il qualifie de « purement politicienne ». Déterminé, le député a récemment obtenu la création d’une mission d’information parlementaire sur le suivi de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

“La centrale nucléaire de Fessenheim est abandonnée pour des raisons purement politiciennes. C’est tout un territoire qui va s’étouffer” s’étrangle le député Les Républicains du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger « toujours opposé à la fermeture de la centrale ». La conférence de presse qu’il a donné le 18 février, à seulement quelques jours de l’arrêt du premier réacteur de Fessenheim – le second le sera en juin - lui permet ainsi de rappeler ses vérités.

Pourquoi fermer Fessenheim ? Le député reconnaît ne pas avoir de réponses satisfaisantes. Raphaël Schellenberger met même directement en doute « le récit construit politiquement par le Gouvernement ». Fessenheim, la plus vieille centrale française ? « C’est surtout la première d’une série de réacteurs de 900 MW présents sur tout le territoire français et qui, pour le reste de la série - même technologie, même niveau de sûreté et quasiment la même ancienneté - se verront prolonger d’au moins dix ans, si ce n’est 20 ans » remarque-t-il. Sa performance de production ? « Elle est remarquable » : 2019 a représenté la cinquième meilleure année de production d’électricité depuis son intégration au réseau en 1977. Quid de la sûreté et de la sécurité : « les rapports de l’Agence de sûreté nucléaire sont constants et mettent ces dernières années Fessenheim largement en tête du réseau du parc nucléaire français ».

Quelles conséquences ? L’arrêt de Fessenheim va d’abord entraîner un coût financier pour l’Etat avec « une indemnisation conséquente » d’EDF pour la fermeture de la centrale : 400 millions d’euros immédiatement plus un calcul sur vingt ans pour compenser les pertes de bénéfice.

Ensuite, alors que « durant les 40 années de succès industriel de la centrale nucléaire, tout un territoire s’est fortement développé, l’arrêt des réacteurs ne va pas être sans conséquence pour les salariés, les commerces, artisans, écoles, habitants... ». La fermeture de Fessenheim ce sont d’abord 850 emplois directs et 1100 emplois indirects qui sont menacés ; et même si, reconnaît-il, un plan de reconversion est prévu par EDF, « ce sont tout de même des emplois qui quittent le territoire, avec une incapacité à un rebond immédiat pour ce même territoire ». Cela va également avoir un impact sur les commerces et les services de proximité – il estime la chute du chiffre d’affaires des commerçants locaux entre 4 et 6 millions d’euros. Ce sont encore 4 à 6 classes qui devraient fermer avec le départ de 180 à 280 enfants. « Le marché de l’immobilier sera lui aussi touché avec 160 à 260 logements vacants à louer, enchaîne le député, il va y avoir un déséquilibre entre l’offre et la demande, avec une dévaluation du patrimoine immobilier ».

Raphaël Schellenberger met aussi l’accent sur la question de la sécurité de l’approvisionnement, « pas pour agacer mais, ironise-t-il, parce que nos amis Allemands toujours prompts à nous donner des leçons en matière de stratégie énergétique viennent justement de publier un rapport dans lequel ils s’interrogent sur leur propre capacité à pouvoir alimenter un réseau interconnecté européen à l’échelle de 2023 ».

Qu’en est-il de l’action de l’Etat pour compenser tout cela ? Nullement convaincu, le député y répond : « Une promesse d’un point de vue énergétique d’installer des panneaux photovoltaïques d’une puissance de 60 MW..., la promesse de création d’une structure de coopération franco-allemande pour l’aménagement d’une zone d’activités, un projet de technocentre qui sera présenté comme une solution miracle, qui est une usine de recyclage des matériaux issus de la déconstruction de centrales avec 150 emplois à la clé ». Or, pour aboutir, ce technocentre doit répondre à deux conditions qui aux yeux du parlementaire sont loin d’être réunies : D’abord, la construction d’un marché européen de la déconstruction nucléaire – « aujourd’hui il n’y a pas de remontées politique du gouvernement français pour faire ça avec les Allemands » -, ensuite, l’instauration de la réglementation qui l’accompagne sur le seuil libératoire des déchets nucléaires. Sans cela pas de possibilité réglementaire de créer l’activité du technocentre. Or, constate-t-il, « pas un mot n’a été dit sur ce seuil libératoire lors du dernier débat public sur le plan de gestion des déchets radioactifs. Question pourtant cruciale lorsque l’on aborde la création d’une filière industrielle de recyclage ».

La mission d’information sur le suivi de la fermeture de Fessenheim qu’il préside rendra un pré-rapport en juillet et un plus complet d’ici 10 à 11 mois. 

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