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Création d’un huitième groupe à l’Assemblée, une première

Le « Groupe « Libertés et Territoires » a été lancé le 17 octobre. Il est co-présidé par Philippe Vigier et Bertrand Pancher, tous deux issus du groupe UDI-Agir.

“La défense des valeurs républicaines, des libertés, l’exigence de cohésion sociale, une réelle décentralisation politique, la volonté d’œuvrer à une croissance respectueuse des hommes, des écosystèmes et des ressources naturelles et l’attachement indéfectible au projet européen constituent le socle de leur engagement commun”. Un crédo volontairement large (et vague) pour un groupe très hétéroclite. La création de ce huitième groupe à l’Assemblée nationale, une première dans l’histoire de la Vème République était pourtant dans les tuyaux depuis quelques mois déjà. Mais sa naissance a été plus longue que prévue au regard sans doute de la difficulté de réunir un nombre suffisant de députés – le seuil minium de formation d’un groupe est fixé par le règlement de l’Assemblée nationale à 15 membres. Le groupe compte dans ses rangs 16 députés venant à la fois des rangs des « marcheurs », des radicaux, d’UDI-Agir et d’indépendants. Le groupe est co-présidé par Philippe Vigier – « enfin, le voilà président, lui qui en rêvait depuis si longtemps » ont persiflé quelques mauvaises langues à l’annonce de sa « promotion » - et Bertrand Pancher, tous les deux issus du groupe UDI-Agir. Ils sont en compagnie de Charles de Courson d’UDI-Agir, des LREM François-Michel Lambert et Paul Molac, des ex-LREM M’jid El Guerrab et Jean-Michel Clément. Au sein de ce nouveau groupe, on trouve également le socialiste François Pupponi, des élues radicales Jeanine Dubié et Sylvia Pinel. S’y ajoutent, les trois élus nationalistes corses Paul-André Colombani, Michel Castellani, et Jean-Félix Acquaviva et le non-inscrit Olivier Falorni (ex-PS). Tous sont réunis autour de la « convergence des territoires et des terroirs ».

Parce qu’ils « refusent de voir l’Assemblée nationale devenir une chambre d’enregistrement », les membres de ce nouveau groupe ont promis qu’ils seraient « indépendants et libres » capables de s’opposer « quand ça n’ira pas dans le bon sens ». Inscrit comme « groupe minoritaire » et non comme « groupe d’opposition », « Libertés et Territoires » n’entend pas être « un troisième groupe de la majorité, mais un groupe de propositions et de solutions » a déclaré son co-président Philippe Vigier. Nous ne serons « ni une béquille ni un groupe d’opposition » s’est empressé d’ajouter Jean-Michel Clément, qui sera l’un des trois vice-présidents avec Sylvia Pinel et Jean-Félix Acquaviva.

A l’annonce de ce groupe, les réactions ont été très mitigées. Devant l’Association de Journalistes parlementaires, Eric Woerth (LR) s’est contenté d’un laconique mais qui en dit long : « cela fait beaucoup de groupes ». Si dans les rangs de la majorité, le président du Groupe LREM, Gilles Le Gendre assure sur twitter vouloir établir avec ce nouveau groupe « des relations constructives », d’autres sont moins tendres comme Aurore Bergé, porte-parole LREM qui voit dans ce groupe « un attelage grossier ». Certains voient aussi dans cette multiplication des groupes, « un risque de balkanisation ». D’autres encore, parlent d’« un syndicat d’auto-entrepreneurs » qui va « alourdir les débats ».

Le nouveau groupe ainsi créé va disposer d’une enveloppe budgétaire de l’Assemblée nationale pour assurer son fonctionnement – « curieux quand on se souvient que Philippe Vigier en juin dernier s’était intéressé de très près, comme rapporteur spécial aux dépenses de l’Assemblée » explique ironiquement un élu de la majorité -, de temps de parole dans l’hémicycle pour ses membres, de place au sein des commissions et au bureau mais aussi d’un droit à une commission d’enquête et d’une niche parlementaire par session.

Alors qu’il était président de l’Assemblée nationale, François de Rugy (LREM) avait pourtant appelé « les uns et les autres à garder quand même le sens de la raison » vu que « dans l’histoire de l’Assemblée, il n’y a jamais eu autant de groupes ». Peine perdue. 

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