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La fin programmée des cabines téléphoniques

Sur proposition du Ministre de l’Economie, les sénateurs ont adopté un amendement à la loi Macron abrogeant les dispositions de l’article L35-1 du Code des postes et des communications électroniques qui obligent l’opérateur historique (France telecom puis Orange) à donner à travers le « service universel » « accès à des cabines téléphoniques publiques installées sur le domaine public ou à d'autres points d'accès au service téléphonique au public ».

 

Selon un rapport parlementaire remis l’année dernière au gouvernement*, sur un total de 65 250 cabines, Orange exploiterait « un parc de près de 40 000 cabines au titre du service universel, pour un coût fixé par l’ARCEP à 13,6 millions d’euros », soit au moins une cabine dans chaque commune, voire deux pour les communes de plus de 1 000 habitants. Mais voilà, le développement de la téléphonie mobile a mis fin à ce fragile équilibre. Alors qu’en 1997, la France comptait plus de 300 000 cabines téléphoniques ou publiphones, en 2014, on en recense plus que 62 250 environ, soit une baisse de 40% par an. La faute à la téléphonie mobile qui n’a cessé de grignoter des parts de marché. Avec aujourd’hui, un taux de pénétration de 121% et 80 millions de cartes SIM, soit 1,2 téléphone mobile par Français, il est logiquement apparu à l’opérateur historique que les cabines téléphoniques n’avaient plus vraiment leur utilité. Sans compter leur coût pour l’opérateur (réparation, entretien) et un chiffre d’affaires annuel estimé à environ 12 millions d’euros.

« À titre de comparaison en 2000, le trafic représentait un chiffre d’affaires de 516 millions d’euros, et en 2007 (...) 124 millions d’euros » apprend-t-on toujours à la lecture du rapport parlementaire. En effet, les usages ont fortement évolué et même les traditionnels utilisateurs des publiphones, les touristes ou les Français qui appellent régulièrement à l’étranger se sont tournés vers des moyens plus modernes comme la téléphonie par Internet. Fort de ce constat, et face aux évolutions des usages, le Gouvernement a jugé plus sage de signer la mise aux rebuts des cabines téléphoniques. En contrepartie, l’opérateur historique a promis de redoubler d’effort dans sa participation au programme « zone blanche » de couverture en téléphonie mobile des zones habitées encore non couvertes. « L’extension de la couverture mobile en zone rurale va nécessiter un engagement financier très significatif de la part des opérateurs, que la suppression de cette composante du service universel viendra pour partie compenser » a d’ailleurs expliqué le gouvernement en défendant son amendement. Orange qui attendra le vote définitif de la loi Macron avant de s’engager dans le démantèlement de ses cabines en prévoit le démantèlement pour fin 2015 pour celles sur la voie publique et fin 2016 pour celles installées dans des lieux privés (gares, aéroports, hôtels, etc.). Les dernières cabines seront pour le musée des télécoms. n

 

 

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