“La thématique de l’immigration prend de l’ampleur au niveau mondial, accentuée ces deux dernières années par la crise des migrants et les attentats” indique Brice Teinturier, directeur général délégué France d’Ipsos. Il faut dire que les tendances soulignées par cette dernière étude internationale réalisée par Ipsos sur ce thème ont de quoi inquiéter. Les chiffres sont sans appel – et encore, rappelons-le, l’étude a été réalisée entre le 24 juin et le 8 juillet, avant les attentats de Nice, de Saint-Etienne du Rouvray et d’Allemagne -. 78 % des interviewés des 22 pays étudiés considèrent qu’il y a de plus en plus d’immigrés dans leur pays, et ce quelle que soit la manière dont l’immigration y est régulée (quotas professionnels, regroupement familial, etc.). Pour 49 % d’entre eux, « les immigrés sont trop nombreux ». Ils sont 20 % seulement à considérer que leur présence est positive pour leur pays. Les Français ont une opinion encore plus tranchée puisqu’ils sont 87 % à déclarer que le nombre d’immigrés a augmenté depuis 5 ans en France. 57 % jugent qu’il y a trop d’immigrés dans le pays et seulement 11 % jugent que l’impact de l’immigration est positif. (18 % en Allemagne, 20 % en Espagne). A l’inverse, dans des pays à forte tradition d’immigration, la perception est toute autre. Aux Etats-Unis par exemple, « l’impact culturel » de l’immigration est vu positivement par 42 % des Américains, 45 % en Angleterre, 17 % en France. Les Français sont ainsi 66 % à dénoncer la mise sous pression des services publics et 41 % où la concurrence que représenteraient les immigrés en termes d’emplois (44 % opinion mondiale). « Même limitée à des diplômes avec des emplois hautement qualifiés, l’immigration pose problème à une partie de l’opinion poursuit Ipsos A l’échelle mondiale 40 % seraient favorables à la mise en place d’une sélection de ce type mais seulement 32 % des Français, 31 % des Espagnols et 26 % des Italiens ».

Et la crise des migrants vient là-dessus rajouter de l’huile sur le feu. 61 % des sondés à l’échelle mondiale (67 % en France) se disent persuadés que des terroristes vont se mêler aux réfugiés pour entrer dans leur pays. 51 % (54 % en France) considèrent que la plupart des personnes se présentant comme des réfugiés n’en sont pas véritablement (ils viendraient pour des raisons économiques) et 45 % considèrent qu’ils ne s’intégreront pas dans leur pays d’accueil. En France, ce chiffre atteint 63 %. Enfin, toujours à l’échelle mondiale, 38 % considèrent même qu’il faut fermer les frontières de leur pays aux réfugiés (contre 49 % qui pensent le contraire). En France, ils sont 45 % pour la fermeture des frontières (42 % y sont opposés). ■

* L’étude Global @dvisor Immigration tracker 2011-2016 a été réalisée par Ipsos dans 22 pays, du 24 juin au 8 juillet 2016, sur 16 040 individus constituant un échantillon représentatif de la population âgée de 16 à 64 ans, via l’Ipsos Online Panel system. Les pays interrogés sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie-Saoudite, Argentine, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Corée du Sud, Espagne, États-Unis, France, Hongrie, Inde, Italie, Japon, Mexique, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suède et la Turquie.