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Post-Brexit : un sursis économique avant la tempête ?

Jusqu’à maintenant l’économie britannique semble peu souffrir des effets post-Brexit. Très récemment, les banques Morgan Stanley et Crédit Suisse ont annoncé avoir annulé leurs prévisions de récession au Royaume-Uni après le Brexit. Mais selon certains analystes, l’accalmie pourrait n’être que de courte durée.

Du « sang et des larmes » avaient (presque) annoncé les Cassandre de tous poils et de tous horizons opposés au Brexit. Les Anglais avaient voté en faveur de la sortie de l’Europe. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir. Le pire leur était prédit. Pourtant, quelques semaines après le vote, la catastrophe économique et financière si souvent annoncée qui devait frapper la « perfide Albion » dans la foulée du vote renégat n’est pas (encore) au rendez-vous. Cette bonne nouvelle pour des Britanniques inquiets n’est cependant pour beaucoup d’analystes qu’un léger sursis avant la tempête.

Fin juillet, les dernières statistiques économiques ont déjoué tous les pronostics. La vente au détail, indice de confiance des consommateurs a connu en effet un bond de 1,4 %, bien au-dessus des prévisions qui tablaient sur +0,1 %, après une baisse de 0,9 % en juin. C’est le secteur alimentaire qui a surtout profité de cette hausse (+2,4 %). Des chiffres qui laissent supposer que les Britanniques n’ont, après ce référendum, pas changé grand-chose à leurs habitudes de consommation. Mieux encore, les commerçants ont également pu bénéficier d’un pouvoir d’achat des touristes boosté par la dépréciation de la Livre. Un bel effet d’aubaine. « Jusqu’à présent le vote pour le Brexit ne parvient pas à affecter les indicateurs économiques officiels (…) Il est encore tôt, mais il est évident qu’une baisse de la confiance n’est pas avérée, tant pour le consommateur que pour les entreprises » admettait début août Laith Khalmaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.

La Banque d’Angleterre en soutien

D’autres voyants sont également et pour l’instant au vert. Le mois de juillet a connu une baisse des demandes d’allocation chômage, une faible accélération de l’inflation et une stabilisation des ventes de voitures neuves. De son côté la Bourse de Londres, après une période incertaine s’est très bien reprise depuis début août. Il est vrai que les marchés ont apprécié la baisse des taux et le programme d’achats d’actifs orchestrés par la Banque d’Angleterre. De nouvelles mesures de relance sont annoncées par le Gouvernement à l’automne. « Le chômage est historiquement bas et la confiance des consommateurs reste élevée » a pu constater Daniel Vernazza, économiste chez Unicredit, cité par l’AFP. Pour cet expert « la plupart des personnes qui ont voté pour quitter l’Union européenne ne pensaient pas que le résultat allait plomber l’économie du Royaume-Uni, ils ne devraient donc pas réduire trop leurs dépenses à court terme ».

Des prévisions plus pessimistes

Mais, ces statistiques officielles plutôt optimistes laissent dubitatifs les analystes économiques. Plusieurs enquêtes montreraient un indice de confiance des consommateurs et des entreprises en berne pour les prochains mois. En ce qui concerne déjà les ventes de détail, ils sont nombreux à rappeler leur caractère très volatile ne permettant pas de prédire quoi que ce soit à long terme. La chute de la Livre devrait également impacter le pouvoir d’achat des Britanniques avec une augmentation du coût de la vie qui affectera la capacité des ménages à dépenser.

L’autre principale inquiétude vient des investissements des entreprises qui compte tenu des incertitudes pourraient réduire leurs investissements, leurs coûts et in fine les embauches. « Les projets sont annulés ou suspendus, et les entreprises ont tendance aussi à réduire leurs stocks »

souligne Philippe Gudin, Chef Europe de Barclays. Pourtant cette incertitude quant à la sortie du Royaume-Uni de l’Europe annoncée par le gouvernement conservateur de Theresa May pour pas avant fin 2019, selon le Sunday Times risque de peser lourdement sur la confiance des entreprises. 

 

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