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“S'il est bien un faux débat, c'est de savoir s'il faut ou non armer les policiers municipaux. Il n'est plus temps de tergiverser”

Par Fabien Golfier, Secrétaire National de la FA-FPT Police Municipale

Il n’est pas un nouveau drame qui touche notre pays, qu’il soit la conséquence d’un acte de délinquance « ordinaire » ou d’une action terroriste, sans que le débat portant sur l’armement des policiers municipaux ne ressurgisse. Historiquement la Police en France relève d’une conception assez éloignée de « la police par consentement mutuel » de Sir Robert Peel. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 définit le rôle de la force publique en ces termes : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ;… ». A la différence de la Metropolitan Police, cette force publique sera armée. La Loi du 14 décembre 1789, précisera que les corps municipaux sont chargés de « faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, …, de la sûreté dans les rues, lieux et édifices publics ». Les policiers municipaux sont les successeurs de ces corps municipaux et sont aujourd’hui des agents dépositaires de l’autorité publique.

La Loi de 1999 qui uniformisera les policiers municipaux, ne laissera subsister que la pluralité des politiques locales de sécurité, dorénavant bordées par les nombreux textes encadrant l’exercice des missions de ces agents. Elle fera également abstraction de tout pragmatisme et enfermera les policiers municipaux dans un espace réglementaire contraint en matière d’armement, mais rendra obligatoire la formation posant les jalons d’une professionnalisation « opérationnelle ». Depuis le législateur n’a eu de cesse de conforter et d’étendre leurs missions, ils sont de fait des acteurs incontournables de la sécurité publique aux côtés de leurs collègues des polices d’état.

S’il est bien un faux débat, c’est de savoir s’il faut ou non armer les policiers municipaux. Il n’est plus temps de tergiverser, de savoir qui de l’Etat ou des collectivités a la responsabilité d’assurer la sécurité de l’espace public. Il s’agit de s’organiser, chacun dans la limite de ses prérogatives, pour offrir un service de sécurité publique efficient, en dotant tous ses acteurs d’outils leur permettant d’assurer leur propre sécurité et celle des citoyens. Car une arme en soi, n’est qu’un outil dont il ne peut être fait usage que dans des circonstances limitées par la Loi. Paradoxalement, alors que la sempiternelle question de doter ou non 20 000 policiers municipaux d’armes à feu se pose, la réglementation française en la matière, bien que très prohibitive, n’a pas su empêcher la circulation d’un nombre de ces armes estimé entre 3 et 20 millions.

Le cœur de métier des policiers municipaux, la sécurisation de l’espace public, tend à les exposer durablement à toutes les formes de violences. Il n’est pas là question que de grand banditisme ou d’actes terroristes, il est surtout question d’une société qui exprime son malaise au travers d’actes de plus en plus violents notamment à l’encontre de ceux qui la protègent. Les débats sont clos, les policiers municipaux doivent de fait être autorisés à porter des armes à feu. 

 

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