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Des armes pour la police municipale

Dans un contexte de lutte contre le terrorisme et une exigence de sûreté des biens et des personnes exprimée par la population après les derniers attentats, de nouvelles villes françaises ont décidé de franchir le pas en armant leur police municipale.

Belfort, Saint-Quentin, Poissy, Rumilly-en-Seine, Le Puy-en-Velay, Versailles, Dunkerque, Toulouse… Au lendemain des attentats meurtriers qui ont frappé dernièrement la France, les villes dotées d’effectifs de police municipale sont de plus en plus nombreuses à franchir le pas et à décider d’armer leurs policiers. Parfois à contre cœur – nombreux sont les maires à craindre qu’une fois leurs policiers municipaux armés, la police nationale ne se désengage de certaines de ses missions de sécurité - mais l’exigence de sûreté exprimée par la population explique ce choix. La tendance est là : l’armement des policiers municipaux ne cesse de croître. En décembre dernier, une enquête de l’association « Villes de France » parlait d’un peu moins d’un tiers (32 %) des villes ayant armé leur police municipale d’armes de catégorie B (révolvers calibre 38 spécial ou armes de poing calibre7.65) soumises à autorisation. Sur les quelques 21 238 policiers municipaux en France, les chiffres du Ministère de l’Intérieur, cités par la Gazette des communes parlent de 8232 policiers municipaux armés, soit une hausse de 12 % depuis 2012. Au-delà des armes à feu, l’enquête de « Villes de France » montrait déjà un fort développement des armes de catégorie C (flash-ball et pistolet à impulsion électrique type Taser) puisqu’une ville sur quatre dispose de telles armes. Enfin quasiment toutes les villes ayant des policiers municipaux ont équipé leurs agents d’armes de catégorie D (bâton de défense de type « Tonfa » et bombes aérosol incapacitantes).

Mais le contexte a changé et notamment avec la guerre contre le terrorisme, la demande en armes à feu se fait de plus en plus forte. Une exigence des syndicats de policiers municipaux qui demandent à être mieux protégés alors qu’on leur demande toujours plus en matière de sécurité publique. Une demande entendue ? Après les attentats de Nice, Bernard Cazeneuve, le Ministre de l’Intérieur a décidé la mise à disposition de 4000 petits calibres. Selon l’Association des Maires de France citée par Les Echos, 3000 armes ont été demandées par 291 communes et la moitié déjà livrée. Ce qui porte à 10 000, le nombre de policiers municipaux dotés d’armes à feu.

Toutefois, les maires restent très attachés à leur pouvoir de décision en la matière. En 2015 déjà, après les attentats de Paris, l’Association des Maires de France rappelait au Ministre de l’Intérieur que le choix d’armer une police municipale « doit rester conditionné par la demande du maire, en fonction des missions exercées, des lieux et des horaires d’intervention, et soumis à l’approbation du préfet. L’équipement en armes de poing ne peut en effet se décréter, et surtout pas dans l’urgence car il suppose, pour le moins, une formation préalable des agents et une organisation appropriée ». Ce principe réaffirmé, la question d’armer les policiers municipaux doit cependant être reposée clairement et au-delà des clivages politiques. Ce qui semble être de plus en plus le cas comme l’a montré la décision de François Rebsamen à Dijon d’armer sa police municipale. « Il est urgent de permettre à nos policiers, à tous nos policiers de se protéger pour pouvoir nous protéger » écrit François Sauvadet, le président du Conseil départemental de Côte d’Or dans un communiqué de début août dans lequel il s’étonne de la décision du maire socialiste de Besançon de ne pas armer sa police municipale. Selon l’ancien député Nouveau Centre, alors que la France est entrée en guerre contre le terrorisme, « le bon sens appelle à doter les polices municipales des moyens adaptés à cette nouvelle donne »

 

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