Print this page

Loin des clichés, la vie d'un Garde Suisse

Depuis plus de cinq siècles, ce sont eux qui ont la responsabilité et le devoir de veiller constamment sur le Pape. Présents notamment aux différentes entrées du Vatican, les Gardes suisses vêtus de leur uniforme haut en couleur prêtent serment chaque année le 6 mai, en souvenir du sacrifice ultime de leurs prédécesseurs en 1527 quand Rome était mise à sac par les armées de Charles Quint. Leur geste héroïque avait permis au Pape Clément VII de fuir Rome.

C’est une cérémonie hors du temps où les recrues, cuirasse sur le dos et hallebarde en main, attendent le moment où, à leur tour, ils promettront de sacrifier si nécessaire leur vie afin de protéger celle du Pape. Hauts et forts, ils jurent, les trois doigts de la main droite levés symbolisant la Trinité, et la main gauche empoignant le drapeau sur lequel figurent les blasons du Pape François et du commandant, le colonel Christoph Graf. Parce que réputés pour leur fidélité et leur bravoure et à ce titre utilisés par de nombreux souverains et princes européens, en 1506 le pape Jules II fait appel à 150 mercenaires suisses. Placés sous le commandement de Kaspar von Silenen. Ils entrent dans Rome le 22 janvier par la Porta del Popolo où ils furent bénis.

Plus de cinq siècles plus tard, après avoir quitté lacs et montagnes suisses pour rejoindre la chaleur romaine, en ce 6 mai 2016, ils sont 23 jeunes hallebardiers à prêter serment pour une durée d’engagement de deux ans minimum.

Jugés trop souvent à tort plus décoratifs qu’utiles, ils sont la proie des touristes qui ne veulent pas repartir sans le souvenir le plus coloré de Rome, qu’il soit en photographie ou porte-clefs ! Ils sont alors beaucoup à penser que Michel-Ange a eu, parmi ses nombreux talents, celui de styliste de la garde pontificale. Erreur ! Cet uniforme a été dessiné, certes à partir des fresques de la Renaissance, mais en 1914 par le fribourgeois Jules Repond. L’uniforme de gala, le plus célèbre, évoque par le bleu et le jaune la famille della Rovere, famille de Jules II, et par le rouge, les Medicis, famille de Clément VII. Porté notamment à la Porte Sainte Anne, l’uniforme de service, plus pratique, est entièrement bleu, avec col et gants blancs.

Avec ses 110 héritiers de la tradition suisse du mercenariat, le Vatican en finirait presque par être considéré comme le vingt-septième canton de la Confédération. C’est un véritable bout de Suisse qui s’est déplacé dans le plus petit Etat du monde, entre la basilique Saint Pierre et la porte Sainte Anne. La vie quotidienne de ces gardes est actuellement présentée par le biais d’armes, casques, uniformes et de photographies de Fabio Mantegna, jusqu’en juin dans le Cortile delle Corazze des Musées du Vatican. Les clichés sont accompagnés de commentaires et réflexions des gardes eux-mêmes sur leurs expériences et ce travail hors du commun. Une façon d’apprendre à connaître cette garde que l’on pense être seulement décorative. 

The life of a Swiss guard - A private view - Jusqu’au 12 juin 2016. En savoir plus : museivaticani.va

 

2246 K2_VIEWS