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Biométhane et économie circulaire vont de paire

Par François-Michel Lambert, Député des Bouches du Rhône, Vice-président de la Commission du Développement Durable de l’Assemblée nationale

En juin 2013 en tant que co-rapporteur d’une étude sur la biomasse-énergie, j’ai mis en avant le potentiel majeur de la filière biogaz. Effectivement, la biomasse-énergie était généralement abordée avant tout par l’offre du bois-énergie, voire du biocarburant liquide, mais peu perçue par la filière biogaz. Or, c’est bien dans le biogaz que nous avons un potentiel majeur de répondre aux enjeux de l’énergie future. Ainsi les transporteurs de gaz européens (dont GRTGaz) en font l’atout majeur de leur objectif de « 100 % de gaz neutre en carbone en 2050 ».

Pour que cet objectif soit atteint, une approche économie circulaire est primordiale, en plaçant la ressource au centre de la recherche de performance en termes de services et de richesses, dans une dynamique vertueuse. Ainsi le biométhane initialement produit à partir des émanations naturelles des centres d’enfouissement, avec un faible taux de productivité par rapport à la masse mobilisée, est de plus en plus produit dans des unités de production industrielles comme des bioréacteurs, des méthaniseurs. La productivité est bien plus élevée, la matière solide récupérée devient un produit commercialisable, l’intérêt collectif est bien meilleur. Seul le rendement économique ne s’améliore pas. Il y a donc question à se poser sur nos modèles de valorisation des solutions innovantes et productives des déchets. La question de la fiscalité doit être adaptée pour favoriser les bonnes pratiques, mais aussi les modèles de valorisation des bonnes pratiques : les externalités positives doivent rentrer dans le calcul de rentabilité des solutions. Ainsi l’exemple de Forbach la collecte sélective de déchets organiques, associée à un haut rendement de production et d’épuration du gaz pour en faire du biométhane à usage de carburant véhicule, via une injection dans le réseau, entraîne une démarche citoyenne plus globale, que l’on retrouve dans le tri des déchets d’emballage, dans la consommation plus responsable, dans le respect de la vie collective. Et pourtant, ce modèle de Forbach ne peut se porter seul sans apport financier de la collectivité, le modèle économique classique ne donnant aucun avantage majeur au biométhane par rapport au méthane fossile.

Autre point il faut renverser les imaginaires collectifs qui placent l’énergie renouvelable comme étant quasi exclusivement de l’électricité, écartant de fait le gaz. Pourtant la production de biométhane a l’avantage de pouvoir être rapidement opérationnelle sans investissement d’infrastructures lourdes, qui plus est c’est l’énergie renouvelable stockable par excellence.

Il est aussi à noter qu’au-delà de l’équilibre économique, le point dur important est l’acceptabilité sociétale : trop souvent les refus d’implantations de biométhaniseurs se font sous la pression de riverains, qui par voie de conséquence crée des blocages, voire des abandons de projets par les élus locaux, sous la pression de leurs administrés.

Et pourtant c’est bien l’énergie de la transition énergétique : l’atteinte de l’objectif de 20 % d’énergie renouvelable en 2020 se fera avant tout par le biogaz avec son formidable potentiel de croissance autour des déchets agricoles, industriels et urbains.

Et demain ? Le biométhane sera produit à partir de micro-algues nourries au Co2 issu d’émetteurs de gaz à effet de serre. Captation du Co2 pour créer de l’énergie et de la matière, c’est une approche économie circulaire. La France et l’Europe doivent être leader dans ce domaine : un plan majeur européen est nécessaire pour faire émerger au plus tôt une filière, les transporteurs du gaz et nombre d’industriels et centres de recherches sont déjà prêts. Aux politiques d’agir ! 

 

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