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#REVIENSLEON ou l'envie de faire rentrer les Français expatriés

En mai 2015, une dizaine de jeunes entreprises innovantes lançaient un vibrant appel aux Français expatriés pour qu’ils rentrent en France. Un an après, le bilan est mitigé.

Se réappropriant un slogan devenu culte d’une publicité pour les pates Panzani « Reviens Léon, j’ai les mêmes à la maison », avec « #reviensleon, j’innove à la maison » une dizaine d’entreprises innovantes parmi lesquelles BlablaCar, Sigfox, Criteo ou LaFourchette, avaient, en mai 2015, pleinement réussi leur opération de communication. Le but de la manœuvre : faire revenir en France les Français partis s’expatrier à l’étranger. Ce programme qui a obtenu le soutien du label French Tech entend ainsi promouvoir l’attractivité de l’entreprenariat français, recruter des profils internationaux en publiant sur le site des offres d’emploi dans les start-up membres - « Une approche franco-française de l’entreprise ne suffit plus » a d’ailleurs bien expliqué Frédéric Mazzella, le président-fondateur de BlaBlaCar lors d’un point presse -, et accompagner leur retour en France. Sur le site dédié à l’opération, des fiches pratiques sont mises en ligne pour faciliter ce retour. Elles sont là pour donner des conseils à ces expatriés désireux de rentrer en France et faciliter les démarches administratives : changement de résidence, se loger au retour d’expatriation, rechercher un bien, préparer son départ, arriver en France, formalités, Sécurité sociale, déménagement, douane… Rien n’est laissé au hasard. Mais pour quel résultat ? Un an après, quel est le bilan de ce programme d’attractivité internationale ? A regarder les chiffres, on a l’impression que le soufflé est un peu retombé. Certes, le collectif compte désormais une quinzaine de sociétés membres (Le ticket d’entrée est à 3 000 € et évolue en fonction du chiffre d’affaires). Ont ainsi récemment intégré le collectif des sociétés qui ont pignon sur rue comme 1001 Menus, 350 Learning, Stupeflix, et plus surprenant, le groupe LVMH. Reste que côté retour, la pêche est un peu maigre. Fin 2015, avec 230 offres publiées sur le site par les 15 start-ups membres et 2 amis (Michel et Augustin et MyLittleParis), et 5000 candidatures dénombrées, seuls 8 « Léon » sont rentrés au bercail. D’ailleurs sur le site, à la rubrique « ça y est, je suis un Léon », on retrouve le profil de ces revenants. Johanna par exemple, embauchée par BlaBlaCar pour recruter à son tour des talents internationaux et accompagner le développement de sa nouvelle société a passé 6 mois à Londres, 7 mois en Inde et 4 ans à Berlin. Rentrée en France en février 2016, elle explique très naturellement avoir été « impressionnée par le dynamisme des entrepreneurs français ». A lire aussi parmi d’autres, le témoignage de Nicolas, recruté par Iadvize qui après s’être senti « un peu à l’étroit en France » a roulé sa bosse à Singapour, à Londres avant de finir par rentrer en France, même si au départ, il n’en avait pas « franchement envie », car, poursuit-il « je ne connaissais pas l’actualité bouillonnante de l’écosystème French Tech ». « j’ai découvert à mon retour, un dynamisme qui vaut largement celui de Londres ! Et je reste évidemment très attaché à la France et à sa qualité de vie. La perception de la France à l’étranger progresse enfin, le french bashing est démodé ! » s’enflamme ce « Léon » décidément très enthousiaste. Des témoignages comme celui-ci, il y en a plusieurs sur le site… enfin au moins huit.

Mais comme l’a souligné Frédéric Mazzella sur RTL pour expliquer ces résultats, « quand vous êtes à l’étranger depuis quelques années, le temps que vous vous décidiez de rentrer, que vous passiez les entretiens, que vous reveniez, que vous installiez votre famille […] que vous preniez vos fonctions, ça prend un peu de temps ».

Quoiqu’il en soit, « #reviensleon » entend essaimer. Le collectif participera déjà à plusieurs événements internationaux dédiés aux start-up comme en juin à la French touch conference à New-York, ou prochainement au Web summit à Lisbonne. Les start-up membres ont également ouverts des antennes dans une trentaine de pays, dont 19 européens. Des bureaux qui nécessitent du personnel sur place (depuis fin 2015, 31 postes basés à l’étranger ont été déjà proposés par les entreprises du collectif)… Pour info, signalons que sur les quelque 5000 offres de candidatures reçues, la moitié provenait d’étrangers. Et si à défaut de faire revenir les Français, le filon était plutôt de faire venir des têtes bien faites étrangères ? 

 

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