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Référendum aux Pays-Bas ou le rejet de l'Union européenne

Le 6 avril dernier, par voie référendaire, les Néerlandais ont massivement dit non à l’accord de partenariat entre l’Union européenne et l’Ukraine. Mais plus que l’opposition à un texte, ce vote est le signe d’un rejet de l’Union européenne et de ses institutions. Un mauvais signal à la veille du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne du 23 juin prochain.

C’est « avec tristesse » que Jean-Claude Juncker, a appris le résultat du référendum néerlandais. Et le président de la Commission européenne d’ajouter, amèrement, que cette victoire du non « peut ouvrir la voie à une crise européenne ».

Ce 6 avril, aux Pays-Bas, ils ont donc été 2,5 millions (64 %) à dire non à un accord de partenariat entre l’Union européenne et l’Ukraine, même si seuls 32 % des électeurs se sont déplacés, tout juste au-dessus des 30 % de participation, seuil d’invalidation du scrutin. Mais et même si le référendum est uniquement consultatif et non contraignant, le résultat est là. Implacable. « Nous ne pouvons continuer comme cela avec la ratification de l’accord d’association avec l’Ukraine. Le camp du non a clairement gagné, a reconnu le Premier ministre libéral Mark Rutte, l’accord ne peut être ratifié tel qu’il est actuellement ». Ce scrutin a été légalement rendu possible récemment aux Pays-Bas dès lors qu’une pétition rassemble plus de 300 000 signatures. On a en compté 451 000. L’accord doit maintenant conformément à la loi sur le référendum, être représenté au Parlement qui aura le dernier mot (La Tweed Kammer, la Chambre basse du Parlement néerlandais avait déjà voté ce texte).

« Le début de la fin de l’Union européenne » ?

Une subtilité que n’a pas manqué de rappeler le Président ukrainien Petro Porochenko. « Je tiens à souligner que ce référendum, conformément à la Constitution et à la législation des Pays-Bas, ne dispose que d’un caractère consultatif. Maintenant, la balle est entre les mains du Gouvernement, du Parlement et des hommes politiques des Pays-Bas. Je suis sûr que stratégiquement, cet événement n’est pas un obstacle sur le chemin de l’Ukraine vers l’Europe » a-t-il déclaré dans un communiqué. Et puis, ce « non » assure le Président ukrainien n’est pas dirigé contre le texte mais contre l’Union européenne, « le véritable but des organisateurs de ce référendum, ce n’est pas l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE, c’est une attaque contre l’unité de l’Europe ». Ce que ne nient pas les partisans du « non ». Il s’agit « d’une motion de défiance du peuple contre les élites de Bruxelles et de La Haye » a reconnu le député d’extrême droite Geert Wilders qui n’a pas hésité à parler du « début de la fin de l’UE ». A Londres, Brian Monteith, le porte-parole de la campagne en faveur du Brexit s’est réjoui de ce vote, « ce rejet humiliant de l’accord avec l’Ukraine prouve que les gens n’ont pas besoin de supporter l’Union européenne pour se sentir européens ».

Un David Cameron inquiet

Pour le Premier ministre néerlandais, le choix va être délicat. Il peut passer outre mais cela semble compliqué – mais pas impossible, cela a déjà été fait par le passé, comme en 2005 -, et ce d’autant plus que se profilent dans son pays des élections législatives en mars 2017. La solution est sans doute celle de la négociation afin de se désengager de certains points du traité. C’est ce qu’a également laissé entendre à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand à Metz (Moselle) François Hollande, en compagnie d’une Angela Merkel « confiante », qui a déclaré que l’Union européenne « appliquera ce qui peut l’être » de cet accord. Sourd et aveugle. Le plus inquiet est peut-être David Cameron qui joue gros avec le référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’UE le 23 juin prochain. « Ce qui compte désormais, c’est que le Gouvernement néerlandais et les institutions européennes entendent, comprennent et réagissent à ce qu’ont dit les électeurs plutôt que de considérer qu’il n’y a rien à faire ».

Reste au final, qu’en dépit de ce vote négatif, l’accord qui porte sur le commerce, la politique et la défense est déjà appliqué à titre provisoire avant même qu’il n’ait été ratifié par les 28 pays membres de l’Union européenne -. Les Pays-Bas étaient les derniers à voter. Le provisoire pourrait durer assurent plusieurs dirigeants européens. 

 

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