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Le coût des “ex”

Sur son blog, le député René Dosière (SRC, Aisne) calcule ce que coûte un ancien président de la République à l’Etat. Cher.

En janvier 2015, déjà, le député socialiste, spécialiste des questions budgétaires s’était plongé dans les comptes de l’Etat pour déterminer le coût des anciens présidents de la République. A l’époque, René Dosière, à qui il manquait les chiffres afférents à la sécurité, était arrivé à un montant de 6,2 millions d’euros chaque année pour les trois « ex », Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Un an plus tard, René Dosière révise sa copie, le Ministère de l’Intérieur ayant fini par répondre, au bout de 17 mois, à une question écrite du député. Le coût annuel actualisé des anciens présidents grimpe à 9,6 millions d’euros. Le classement de l’ex le plus coûteux au moins coûteux s’établit donc comme tel : Valéry Giscard d’Estaing, 3,9 millions d’euros, Nicolas Sarkozy, 3,3 millions d’euros et Jacques Chirac, 2,4 millions. Pour expliquer, ce coût, le député pointe notamment du doigt la surveillance de la résidence provinciale de Valéry Giscard d’Estaing, à Authon (Loir-et-Cher) qui revient à 1 303 163 euros, 2,6 fois plus cher que celle de Jacques Chirac.

Petit rappel historique. C’est seulement en 1932, sur proposition d’un député, que les Chambres décidèrent de verser une dotation annuelle (près de 11 000 euros d’aujourd’hui) à un ancien président mais si et seulement si, celui-ci avait « bien mérité de la patrie ». Une disposition annulée par une loi du 3 avril 1935 qui octroyait à un ancien président une somme équivalent à un traitement d’un conseiller d’Etat, soit environ 5000 euros mensuel. « Cette disposition est toujours en vigueur » écrit René Dosière. « En cas de décès, la moitié de cette somme est réversible à la veuve ». Pourtant, cette question du statut ne se posera pas vraiment jusqu’à la défaite de VGE en 1981 (le Général de Gaulle décède un an après sa démission, Georges Pompidou meurt au cours de son mandat). A la demande de François Mitterrand, le 8 janvier 1985, Laurent Fabius écrit à Valéry Giscard d’Estaing. Dans ce courrier, resté longtemps secret, est fixé de « manière permanente le statut dans la nation ».

On y apprend que les anciens présidents bénéficient d’un « appartement de fonction meublé et équipé ». Deux personnes sont affectées au service de cet appartement ; « deux fonctionnaires de la police nationale » assurent leur protection. Le domicile et leur résidence font l’objet d’une « protection particulière » ; « Une voiture de fonction est attribuée avec deux chauffeurs ». Enfin, sept collaborateurs permanents, choisis par l’ancien chef de l’Etat sont mis à disposition. « Au total les anciens présidents disposent de 13 personnes en permanence ! L’intégralité des dépenses est prise en charge par l’Etat dans une opacité certaine » déplore René Dosière. « Il n’est pas admissible que de telles sommes soient dépensées sur la seule base d’une lettre personnelle d’un Premier ministre à un ancien président » s’emporte l’élu sourcilleux qui demande un débat parlementaire sur la question. 

 

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