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Guerre et paix ou les 70 ans de l’ONU

L’Organisation des Nations-Unies (ONU) fête cette année son 70ème anniversaire dans une atmosphère pesante. La vieille dame doit trouver des réponses à la guerre en Syrie, en Irak, à un afflux incontrôlé de réfugiés en Europe, au terrorisme et à de multiples autres conflits et crises à travers le monde. Pourtant, malgré les efforts déployés et une bonne volonté, sans cesse réaffirmée, l’ONU est encore loin de son objectif premier de paix universelle.

A voir l’état du monde aujourd’hui, on en a presque oublié les objectifs et principes premiers énoncés per la Charte fondatrice de l’ONU, fondée en 1945 et forte aujourd’hui de193 États membres et de deux Etats observateurs (La Palestine et le Vatican) : Maintenir la paix et la sécurité internationales ; prévenir et écarter les menaces à la paix, développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes ; prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde ; réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion…

Ainsi, de par son statut unique à l'échelon international et les pouvoirs que lui confère sa Charte fondatrice, l'ONU peut s’attaquer aux grands maux auxquels est confrontée l'Humanité au XXIème siècle, tels que la paix et la sécurité, le changement climatique, le développement durable, les droits de l'Homme, le désarmement, le terrorisme, les crises humanitaires et sanitaires, l'égalité entre hommes et femmes, la gouvernance, la production alimentaire et d'autres encore. Vaste programme diraient certains. Mais voilà depuis 1945, l’Organisation des Nations-Unies a parfois du mal à passer du discours aux actes. Le bilan de ces 70 années est en demi-teinte. Un ancien sous-directeur général de l’Organisation, Shashi Tharoor en finit même par se demander si « les Nations-Unies ont encore un avenir». Tout au long de son histoire, l’ONU a dû faire face à de multiples handicaps comme son gigantisme â€“ plus de 44 000 employés â€“ qui en fait un « machin Â» comme disait le général de Gaulle, difficile à manoeuvrer et à réformer. C’est aussi les caprices de l’Histoire qui ont bloqué l’ONU. La Guerre froide entre l’Est et l’Ouest, entre les Etats-Unis et l’URSS a paralysé l’organisation qui n’a alors pas pu (su) éviter les conflits meurtriers de Corée, du Vietnam ou les invasions de la Hongrie, de la Tchécoslovaquie. Un antagonisme entre les deux grandes puissances qui, paradoxalement, ressurgit aujourd’hui avec les conflits syriens ou ukrainiens.

Son mode de fonctionnement et ses institutions faits pour être une force se sont révélés, au fil du temps, être une faiblesse.L’Assemblée générale, par exemple. Les 193 membres (contre 21 en 1945) ont chacun un droit de vote équivalent que ce soit la Chine et ses 1,5 milliard d’habitants ou le Tuvalu (10 000 habitants). Un principe démocratique louable mais qui permet un jeu d’alliances (et d’influence) délicat.

Des institutions plus adaptées au monde d’aujourd’hui

Quant au Conseil de sécurité, il n’est sans doute plus en phase avec la réalité du monde d’aujourd’hui. De 11 membres en 1945, il est passé à 15 membres en 1966, 10 membres non-permanents sensés représenter les grandes régions du monde et 5 permanents, les puissances (officiellement) nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France). Le droit de véto dont disposent les membres permanents a à plusieurs reprises servis à bloquer des prises de positions et des engagements de l’ONU en faveur de la paix, pour d’obscures raisons diplomatiques. Si des projets de réformes ont bien existé, ils ont toujours échoué, faute d’entente.

Outils de l’ONU, les opérations de maintien de la paix (OMP) affichent, elles aussi un bilan en demi-teinte avec des succès incontestables comme au Timor oriental (1999-2000) qui a permis d’éviter un massacre par les Indonésiens, des succès relatifs (Kosovo) et de vrais échecs comme au Rwanda où les casques bleus n’ont pas pu éviter le génocide de 1994. â– 

 

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