En 2024, une augmentation de 4,8 % des prescriptions, en ville et hors secteur d’hospitalisation, a été observée par rapport à 2023, avec plus de 860 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants réalisées au cours de l’année, a pu constater Santé publique France (SpF) dans son étude annuelle réalisée à partir des données sur les remboursements de la Sécurité sociale.
Après une baisse importante des prescriptions d’antibiotiques en 2020, liée aux difficultés d’accès au système de soin et aux mesures de gestion de la pandémie de Covid-19 (baisse des consultations médicales, confinements, adoption de gestes barrières…) et à une moindre fréquence de certaines infections bactériennes, « les années 2021 et 2022 avaient été marquées par une reprise des infections hivernales courantes, des consultations médicales et une ré-augmentation des prescriptions d’antibiotiques ». « L’année 2023 en revanche, avait vu les prescriptions et la consommation faiblement refluer, reflux qui ne se confirme donc pas en 2024 » note l’étude. « Avec plus de 860 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants par an, nous sommes encore loin de l’objectif cible de 650 prescriptions pour 1 000 habitants par an d’ici 2027, fixé par la Stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance. D’ailleurs, en 2024, la France occupe le 2ème rang des pays consommant le plus d’antibiotiques en Europe (après la Grèce, Ndlr) » explique le Docteur Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France qui appelle à « continuer à mieux sensibiliser les prescripteurs et les patients » si l’on veut atteindre nos objectifs de santé publique.
En 2024, ce sont les prescriptions des médecins généralistes (75,6 % du volume total) qui ont le plus augmenté (+6,2 %) suivies par celles des spécialistes (12,2 % du volume total), +1,5 % alors que les prescriptions des chirurgiens-dentistes (11,9 % du total) sont restées stables (-0,2 %). La consommation d’antibiotiques est globalement plus importante chez les femmes que chez les hommes : la part de la consommation des femmes était en 2024 de 54,7 % en Doses Définies Journalières (DDJ) et de 51,8 % en prescriptions, alors que la part des femmes dans la population était de 51,6 %. L’étude relève également une stabilisation chez les enfants de 0-4 ans (1 326 prescriptions/1 000 habitants/an), valeur qui reste légèrement inférieure à celle de 2019 (1 333 prescriptions/1 000 habitants/an) mais note que le nombre de prescriptions chez les enfants « a particulièrement augmenté au 3ème trimestre 2024 ». Une hausse à mettre en lien avec une activité épidémique soutenue concernant les infections hivernales, « alors même que ces dernières sont majoritairement virales et ne doivent pas justifier dans cette situation une prescription d’antibiotiques » déplorent les auteurs de l’étude.
C’est en Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur qu’ont été enregistrées en 2024 comme en 2023 les niveaux de consommation et de prescriptions les plus élevés, tandis que la Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays de la Loire affichent les taux les plus bas.
Faire reculer la consommation d’antibiotique est une nécessité pour éviter l’apparition de bactéries résistantes qui sont désignées par l’Organisation Mondiale de la santé comme l’une des principales menaces de santé publique. ■
