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Un accueil repensé à l’Assemblée

Pour remplacer le pavillon d’accueil qui n’est plus adapté aux flux croissants de visiteurs, l’Assemblée a fait le choix de la modernité et de la transparence avec un nouvel espace d’accueil qui sera achevé en 2028. Reste que ses qualités esthétiques et son coût suscitent une levée de boucliers des défenseurs du patrimoine.

Clairement l’actuel pavillon d’accueil de l’Assemblée nationale situé au 33 Quai d’Orsay datant de 1887 et à la valeur patrimoniale limitée n’est plus aujourd’hui adapté aux flux croissants de visiteurs. L’Assemblée a donc opté pour la construction d’un nouveau bâtiment. Fruit d’un concours d’architectes organisé au premier semestre 2024 emporté par l’agence Moatti-Rivière, il devrait être livré en 2028. Révélé lors d’un week-end portes ouvertes à l’Assemblée avant l’été, le projet a suscité une vague de remous. Il est notamment reproché à la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet d’avoir voulu dissimuler le projet et de mettre tout le monde devant le fait accompli. « Ce projet date d’il y a plus de vingt ans. C’est un projet qui a été voulu par tous mes prédécesseurs de gauche et de droite » a pourtant rappelé la présidente de l’Assemblée à l’Association des journalistes parlementaires le 3 juillet dernier. « C’est le genre de polémique qui me stupéfait. C’est parti très rapidement sur un projet qui a 20 ans d’âge et dont on vient nous expliquer qu’il a été fait en catimini. C’est stupéfiant » a-t-elle ajouté précisant que le projet a été adopté par deux bureaux successifs et que trois collèges d’experts spécialistes du patrimoine ont donné largement leur aval. « Ce n’est pas le fait du prince, ce n’est pas le choix de Yaël Braun-Pivet, je n’étais membre d’aucun collège » s’agace la présidente.

Pourquoi ce projet ? « Parce que l’on accueille le public dans des conditions déplorables et dans des conditions de sécurité très légères. Cela fait 20 ans que ce constat est partagé par tout le monde » insiste Yaël Braun-Pivet. Ce projet s’inscrit aussi dans une dynamique d’ouverture de l’Assemblée avec l’accueil de plus en plus de visiteurs : 200 000 personnes viennent chaque année visiter gratuitement l’Assemblée nationale, dont 40 % de scolaires. Il devenait urgent de trouver une solution.

Le nouveau pavillon s’étendra sur 4000 m2, soit le double de la surface actuelle et sur deux niveaux. On y trouvera non seulement les espaces consacrés à la prise en charge des visites mais aussi des espaces de découverte et d’approfondissement de la vie parlementaire et de son histoire, un petit auditorium en forme d’hémicycle, une cafétéria, des vestiaires, une salle de déjeuner pour les scolaires, sans oublier bien évidemment une boutique. La façade toute en transparence comprendra des ondulations de verre rappelant les colonnes de l’Assemblée. « Ce nouvel accueil, qui respectera l’identité du site et les dimensions du pavillon actuel, s’ouvrira sur la ville et mettra en valeur l’emblématique colonnade, comme un message de bienvenue » se félicite l’Assemblée.

Pour autant, son coût estimé entre 35 et 50 millions d’euros - on ne connaît pas le montant exact - et son esthétique ne sont pas du goût de tout le monde et surtout des défenseurs du patrimoine que n’hésitent à parler d’un « projet grotesque et hideux ». Sur X, le député RN, Philippe Tanguy dénonce pour sa part une « gabegie d’argent public qui défigurent notre patrimoine ». Les polémiques autour du projet ne sont pas prêtes de s’éteindre. Une pétition est déjà en ligne ; les recours contre le projet devraient suivre rapidement. 

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