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L’entrisme iranien en France

Un rapport du think-tank France2050 (1) alerte sur l’entrisme iranien en France via ses réseaux. Le coordinateur du rapport, le journaliste Emmanuel Razavi a été également auditionné par la commission d’enquête sur les liens entre mouvements politiques et islamisme (2).

“Depuis 1979, la République islamique a fait du terrorisme, de l’espionnage et de l’influence ses trois marques de fabrique” indique sans sourciller en préambule de son audition le journaliste Emmanuel Razavi, spécialiste de l’islamisme frériste et des réseaux iraniens depuis plus de vingt ans. « Soyons clairs, avertit-il, la République islamique d’Iran a pour objectif de porter le chaos sur le territoire français ». Tout l’enjeu du rapport du think-tank France2050 remis au ministère de l’Intérieur, à l’Assemblée nationale et au Sénat a donc été de cibler et d’identifier les réseaux d’influence et d’action de la République d’Iran en France et d’alerter les autorités. Pour cela, les journalistes coordinateurs du rapport Emmanuel Razavi et Jean-Marie Montali, tous deux menacés de mort, ont fait appel à 12 experts reconnus. Pour le président du think-tank, Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône et conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, il y a là « un danger qu’on ne veut pas voir » s’inquiète-t-il.

Le rapport pointe alors les réseaux de l’Iran en France mais aussi leur façon d’opérer notamment en « instrumentalisant la cause palestinienne ». « La cause palestinienne est un véhicule pour agiter les étudiants dans les universités ou les militants et cadres des mouvements politiques d’extrême gauche » a démontré Emmanuel Razavi aux parlementaires de la commission visant tout particulièrement les élus de la France insoumise. Les journalistes vont même plus loin et désignent clairement du doigt, l’ambassade de la République islamique en France comme « centre névralgique » des services secrets iraniens dont l’influence est forte à travers plus particulièrement « le numéro 2 » de l’ambassade. Également président du centre franco-iranien, enseignant et directeur de cabinet de l’ambassadeur, cet homme est en capacité d’« entrer en contact avec des intellectuels, journalistes et étudiants » préviennent-ils.

Le rapport évoque aussi le détournement de la laïcité et l’instrumentalisation de la religion comme stratégie d’influence. Le journaliste franco-iranien Armand Shahbazi n’hésite pas à parler dans son texte de la « campagne de propagande récurrente contre la France, l’accusant d’opprimer les femmes musulmanes à travers ses lois sur la laïcité ».

Très éclairant aussi sur les méthodes iraniennes, le chapitre intitulé « Le silence assourdissant des droits-de-l’hommistes face à la révolte et la répression en Iran ». Hilda Dehghani-Schmit, activiste franco-iranienne militante des droits de l’Homme, prix de la Laïcité 2023 fait semblant de s’étonner du peu de réactions des spécialistes de l’indignation sélective et des médias sur la répression en Iran avec « 856 exécutions entre le 1er janvier et le 31 août 2025, des milliers de contestataires emprisonnés, des dizaines de journalistes réduits au silence… ». « Et que dire des « féministes » occupées à défendre le signe ostensible de soumission de la femme (le voile) et indifférentes au sort des Iraniennes qui sont en première ligne pour défier les mollahs au prix de leur liberté et parfois de leur vie ? » s’emporte-t-elle. « Ce silence ne tient évidemment pas seulement à l’aveuglement idéologique. Il s’agit aussi d’une stratégie délibérée d’influence de la République islamique qui a compris, depuis des décennies, qu’il ne suffit pas de réprimer chez soi, mais qu’il faut aussi neutraliser à l’extérieur. Comment ? Par l’entrisme, par les lobbies, par un patient travail de sape dans les milieux culturels, universitaires et militants occidentaux » écrit cette militante.

Alors pourquoi la France est-elle particulièrement visée par la République islamique ? « Aux yeux des services secrets iraniens, notre pays est celui qui a le plus d’influence en Europe » explique Emmanuel Razavi. Ils la considèrent aussi comme « une puissance militaire gênante » notamment dans le golfe persique avec notre base militaire à Abou Dhabi et nos patrouilles maritimes dans le détroit d’Ormuz. « L’Iran nous craint, c’est une réalité » insiste le journaliste. Et pour nous contrer, ils utilisent « la diplomatie de la terreur » en posant des bombes, en usant de la « diplomatie des otages » et en faisant de l’ingérence. Ce qu’ils veulent, c’est « nous montrer qu’ils peuvent déstabiliser le pays. L’objectif est de nous faire peur et de montrer qu’en instrumentalisant des groupes, Téhéran et ses services secrets peuvent soulever des foules sur le territoire français ».

La lecture du rapport inquiète. Rapporteurs et Gilles Platret plaident tous pour un débat national et pourquoi pas pour une commission d’enquête parlementaire afin de « réveiller l’opinion publique pour qu’elle prenne conscience qu’une démocratie et qu’un pays comme la France ne peuvent accepter d’être infiltrés et peut-être demain attaqués »


1. L’infiltration en France de la République islamique d’Iran – Espions, agents d’influence, voyous, la mécanique du chaos – Mission d’enquête indépendante président par Gilles Platret

2. Commission d’enquête sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste présidée par Xavier Breton et dont le rapporteur est Matthieu Bloch.

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