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Etat de santé des hôpitaux publics

L’étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur les établissements de santé révèle une dégradation inquiétante de leurs comptes.

Si l’on regarde du côté du verre à moitié plein, on doit noter qu’en 2024 l’activité des établissements de santé a crû dans l’ensemble avec certaines disparités selon les disciplines. En médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO ou court séjour), le nombre de séjours croît de 3,9 % en 2024, après +4,6 % en 2023. Cette croissance est principalement portée par l’activité ambulatoire, qui augmente de 6,1 % (après +8,6 % en 2024). Tous secteurs confondus, l’activité d’hospitalisation complète en court séjour augmente de 1,5 %. Elle progresse dans le secteur public (+2,2 % en 2024, soit +0,1 million de séjours), alors qu’elle est stable dans le secteur privé. Au final, les hôpitaux publics contribuent pour les deux tiers à la hausse du nombre de séjours en MCO en 2024. En soins médicaux et de réadaptation (SMR ou moyen séjour), l’activité croît quels que soient la forme d’hospitalisation et le secteur juridique : le nombre de journées augmente de 2,6 % en 2024 (après +4,1 % en 2023). L’hospitalisation partielle ralentit (+8,3 % en 2024 après +11,3 % en 2023). Elle est majoritairement portée par les cliniques privées qui représentent près de la moitié de l’hospitalisation partielle de SMR en 2024, comme de sa croissance. En psychiatrie, le nombre de journées de prise en charge à temps complet ou partiel diminue (-1,1 % en 2024, après avoir été stable en 2023). Quant au nombre de passages aux urgences, il a augmenté de 2,5 % en 2024, avec 21,3 millions de passages sur l’année.

Maintenant, l’autre versant de l’étude, moins flatteur, montre une « dégradation des comptes financiers des hôpitaux publics qui se poursuit ». D’après les premières estimations collectées par la DREES, le déficit des hôpitaux publics se creuse de nouveau, jusqu’à atteindre 2,5 % de leurs recettes (après 2,3 % en 2023). « Il s’agit de nouveau d’un niveau inédit depuis 2005, point de départ des observations, qui correspond à un résultat net négatif de l’ordre de -2,7 à -2,9 milliards d’euros (après -2,3 milliards d’euros en 2023) » expliquent les auteurs de l’étude. Pour la DREES, cette nouvelle détérioration du résultat est largement attribuable à la dégradation du résultat d’exploitation, qui atteint un nouveau point bas à -2,1 % des recettes (après -1,8 % des recettes en 2023), soit de l’ordre de -2,2 à -2,4 milliards d’euros (après -1,9 milliard d’euros en 2023). La Drees explique notamment cela par « la réduction des dispositifs de soutien mis en place pendant la crise sanitaire ».

L’étude constate que la progression des dépenses du secteur hospitalier public, amorcée depuis la crise sanitaire, ralentit : +4,0 % après +6,6 % en 2023, elle reste forte +5,1 % en 2022, et seulement +2,6 % par an en moyenne avant la crise (entre 2005 et 2019). Ces dépenses sont de l’ordre de 110,2 milliards d’euros (après 105,9 milliards d’euros en 2023), « et leur dynamisme est principalement attribuable aux charges de personnels, notamment en lien avec les mesures nationales de revalorisations des rémunérations dans la fonction publique hospitalière ». Ce sont les charges de personnels qui grèvent le budget avec une hausse de l’ordre de 2,7 milliards d’euros (+4,4 % après +5,0 %).

A noter encore que l’effort d’investissement des hôpitaux publics marque aussi le pas en 2024 malgré les fonds prévus par l’État à la suite des accords du Ségur de la santé de 2020, qui a contribué à le rehausser les années précédentes : il se replie légèrement à 5,1 % des recettes (après 5,4 % des recettes en 2023). « Ce léger repli traduit vraisemblablement la prise de retard de nombreux projets du fait de la dégradation de la situation financière des établissements, du renchérissement des coûts des projets et des compléments d’instruction importants » juge la Drees.

Enfin, « la dette des hôpitaux publics continue de diminuer, mais leur ratio d’indépendance financière ne s’améliore pas ». Si l’encours de la dette des hôpitaux publics baisse pour la troisième année consécutive (à 30 milliards d’euros, soit 27,8 % des recettes), « le ratio d’indépendance financière des hôpitaux publics, qui rapporte l’encours de la dette aux capitaux permanents, est globalement stable depuis trois. Les capitaux permanents diminuent en effet malgré les mesures d’abondements issues du Ségur (-2,0 % en 2024, après -0,4 % en 2023, +1,1 % en 2022 et +13,0 % en 2021) »

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