Pourtant, le discours politique et médiatique autour des véhicules électriques reste partagé. Beaucoup les considèrent encore comme trop chers, trop élitistes ou trop urbains.
Pour réussir la transition vers une mobilité propre, il est nécessaire de changer le récit politique autour des voitures électriques. La révolution écologique et industrielle que nous voulons ne repose pas sur des Tesla coûteuses et lourdes, fabriquées aux États-Unis et destinées aux citadins fortunés. La révolution écologique et industrielle pour laquelle nous nous battons, c’est pour la voiture électrique abordable, légère, fabriquée en France et en Europe, conçue pour les hommes et les femmes des classes populaires et des classes moyennes qui vivent en milieu rural et périurbain.
Il y a urgence. Les Français des classes populaires et moyennes qui vivent dans les territoires ruraux et périurbains sont particulièrement exposés aux augmentations des prix de l’essence et du diésel. Que les causes soient une reprise du prix du pétrole perturbé par les décisions erratiques de Donald Trump, une crise géopolitique, ou la mise en place du marché carbone européen ETS2, les prix à la pompe augmenteront dans les deux années à venir.
Pour atténuer le risque politique associé à la hausse des prix à la pompe dans le pays des Gilets Jaunes, il faut rendre les véhicules électriques accessibles à celles et ceux qui en ont le plus besoin. S’appuyant sur l’expérimentation française de leasing social de janvier 2024, un leasing social européen pourrait permettre à jusqu’à un million de personnes par an d’accéder à des véhicules électriques abordables.
En quoi consiste un dispositif européen de leasing social ?
C’est un dispositif de location : il permettrait d’accéder à une voiture électrique sans payer de coût initial (qui peut par exemple être d’environ 30 000 e), contre un loyer mensuel (qui peut par exemple être compris entre 50 et 180 euros). Un peu comme les Habitats à Loyer Modéré (HLM) permettent à des millions de familles françaises de se loger dignement, nous devons développer une flotte d’automobiles à loyer modéré (ALM) pour permettre à des millions de familles françaises de se déplacement dignement.
C’est un dispositif social : il bénéficierait aux personnes ayant le plus besoin d’accéder à une voiture électrique légère et abordable. Par exemple, les individus dont le revenu est inférieur à 90 % du revenu médian, et pour qui la voiture est la seule option viable : travailleurs de nuit, personnes vivant à 10-15 kilomètres de leur lieu de travail, etc.
C’est un dispositif européen : il serait cofinancé par des fonds européen (Fond Social Climat) et par des recettes nationales issues des politiques européennes (ETS1). De plus, la Commission européenne pourra sélectionner au niveau européen les modèles de voitures éligibles, afin de garantir qu’elles soient fabriquées en Europe dans le respect de la protection de l’environnement et de la justice sociale. Regrouper la demande de voitures électriques légères et abordables à l’échelle européenne, garantit l’efficacité du dispositif en permettant aux constructeurs automobiles d’adopter une stratégie favorisant le volume plutôt que la marge unitaire.
Cette initiative de leasing social européen bénéficie déjà de soutien politique, tant de la part du député européen français et social-démocrate que je suis, mais aussi du ministre Bolesta qui sert le gouvernement polonais de centre-droit. Nous avons en effet publié en avril dernier une prise de position commune, pour montrer que le soutien au leasing social européen est une mesure qui bénéficie d’un soutien transpartisan, interinstitutionnelle et transational (1). ■
1. https://www.euronews.com/next/2025/04/15/a-social-leasing-scheme-would-make-electric-cars-affordable-in-europe