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Climat : les sénateurs tirent la sonnette d’alarme

Dans un récent rapport, les sénateurs Cédric Perrin (Les Républicains, Territoire de Belfort), Leïla Aïchi (Ecologiste, Paris) et Eliane Giraud (Soc, Isère) s’inquiètent des conséquences géopolitiques du changement climatique.

Dans ce rapport qualifié de « novateur » par le président de la Commission de la Défense et des Forces armées du Sénat Jean-Pierre Raffarin, parce qu’il s’intéresse « à un angle mort de notre réflexion stratégique de long terme du dérèglement climatique », le groupe de travail de la Commission s’est attaché à démontrer comment la combinaison de différents facteurs (salinisation des aquifères, érosion des côtes, atteintes aux écosystèmes côtiers…) accroît considérablement la vulnérabilité de nos territoires et de nos populations. « Les intempéries catastrophiques qui ont dévasté une partie de la Côte d’Azur témoignent de l’urgence à agir, alors même que la concentration des populations et des activités sur les côtes n’a fait que croître » s’alarme Cédric Perrin qui rappelle que 20 % de la population mondiale vit actuellement à moins de 30 km des côtes. En 2035, on l’estime à 75 % soit près de 6,5 milliards d’habitants. En France, les communes du littoral représentent 10 % de la population sans compter la population touristique. S’agissant du risque inondation, il concerne 1 Français sur 4 et un emploi sur 3. Cette élévation du niveau de la mer qui coïncide avec une concentration croissante des populations sur les côtes montre également la grande vulnérabilité des pays et des populations les plus pauvres. « La problématique des réfugiés climatiques sera massive » affirme Leïla Aïchi. Une augmentation du niveau marin de 50 cm entraînerait le déplacement de 72 millions de personnes. Le nombre de déplacés environnementaux pourrait atteindre 200 millions d’ici à 2050. Le changement climatique mettra sous tension nos systèmes économiques, sociaux et politiques. Il en résultera des risques d’instabilité et de conflits. Le dérèglement climatique est « l’ultime multiplicateur de menaces », affirme la sénatrice.

Dans un second volet de son rapport, le groupe de travail s’est penché sur l’évolution de la région arctique qui avec l’ouverture annoncée des routes maritimes du Nord va en faire « un enjeu international ». « Le réchauffement, qui est deux fois plus rapide en Arctique qu’ailleurs, pourrait conduire à l’émergence d’un nouvel espace d’échanges et d’activités économiques » estime Cédric Perrin. Une banalisation de cette région, jusque-là perçue comme une périphérie, aujourd’hui appréhendée comme « une nouvelle frontière », constituerait un changement géostratégique majeur font alors remarquer les sénateurs.

Le rapport finit par insister sur le fait que les incidences de tout ce dérèglement ne seront pas seulement climatiques ou météorologiques, « le bouleversement - largement sous-estimé - sera bien plus global » explique Cédric Perrin qui recommande, avec ses collègues, que « des mesures d’anticipation et d’adaptation » soient très vite mises en œuvre, « sans quoi les conséquences géostratégiques ne seront pas maîtrisées (déplacements importants de population, risques d’instabilités et de conflits etc.) » A moins de deux mois de la COP 21, les trois élus invitent la France à intervenir dans les enceintes internationales, européennes et à agir sur son territoire. « La désolation légitime suscitée par les catastrophes naturelles démontre que ces questions ne peuvent plus être posées » conclut Cédric Perrin. 

 

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