En séance, les sénateurs ont dit non à la proposition de loi du député macroniste Sylvain Maillard. Un vote sans réelle surprise tant les défenseurs de ce texte étaient peu nombreux au palais du Luxembourg. Seuls les élus de l’Union centriste et quelques autres sénateurs ici-et-là ont voté pour. Un scrutin à l’opposé de ce que les députés avaient pourtant acté début avril grâce à la réunion des votes des macronistes, de la droite LR, du RN et de LFI (183 voix contre 53). Mais au Sénat, c’est une autre union qui s’est faite jour : sénateurs de gauche et droite ont voté contre (218 voix contre et 97 pour). La proposition de loi avait déjà été rejetée lors de son passage en commission des lois le mois dernier.
Pourtant sur le papier, ce texte soutenue par le gouvernement de François Bayrou qui vise à « faire en sorte que le principe démocratique qui s’applique dans les 35 000 communes de France puisse également s’appliquer dans ces trois métropoles afin qu’un Parisien égale une voix, qu’un Lyonnais égale une voix et qu’un Marseillais égale une voix » aurait pu faire consensus. Si l’Assemblée semble l’avoir pensé, les sénateurs se sont montrés très critiques y voyant surtout dans ce texte « un tripatouillage électoral » qui propose de changer les règles du jeu moins d’un an avant les municipales. C’est « une atteinte à la stabilité électorale dans l’année qui précède un scrutin » a notamment dénoncé Mireille Jouve, du groupe des radicaux de gauche (Rassemblement démocratique et social européen). « Les Français ont d’autres urgences. Avec cette réforme, vous ne dynamisez pas la démocratie locale, vous la dynamitez » a pour sa part commenté la sénatrice LR de Marseille Valérie Boyer (LR).
Le sort du texte est maintenant lié à la convocation d’une CMP (ou pas) qui pourrait voir une alliance se faire en faveur du texte entre l’Union centriste, les macronistes, le Rassemblement national et La France insoumise favorables au texte et les députés LR eux aussi pour le texte. Tout va dépendre des élus envoyés en CMP. Mais « la difficulté de cette CMP sera surtout de trouver un accord susceptible d’être suivi et voté dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat » prévient le patron des sénateurs centristes, Hervé Marseille. Enfin, en cas d’absence d’accord en CMP, il est peu probable que le texte reparte à l’Assemblée se murmure-t-il. ■