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La chasse au “gaspi” est lancée

Après une querelle médiatique et de façade entre Ségolène Royal et la grande distribution, un accord sur une série d’engagements volontaires visant à lutter contre le gaspillage alimentaire a finalement été conclu, sans passer par la loi.

Qualifié de « fléau insupportable » par Ségolène Royal, le gaspillage alimentaire devrait être limité après l’accord signé le 27 août entre la Ministre et la grande distribution. Dans cet accord, la distribution alimentaire s’engage à poursuivre ses efforts dans la chasse au gaspi avec une série d’engagements volontaires comme l’interdiction de détruire les invendus alimentaires consommables ; le don des invendus à des associations ; la mise en place de rayons « anti-gaspi » pour les produits proches de la date limite de consommation ; la mise en oeuvre d’actions de sensibilisation du personnel et motivation des responsables de magasins et une meilleure information des consommateurs grâce aux vendeurs, aux sites internet, à la publication de guides, etc. Mais pour les grandes enseignes, pointées du doigt par la ministre de l’Ecologie, toutes ces actions n’ont rien d’innovant. Elles rappellent qu’elle ne sont d’abord pas les premiers responsables du gaspillage alimentaire en France – 5 à 10% contre 15% pour la restauration et 70% pour les ménages - et que les chaînes de magasins n’ont pas attendu la ministre pour prendre des mesures en ce sens et collaborer avec les banques alimentaires depuis bien longtemps déjà. Les enseignes de la grande distribution alimentaire sont les premiers donateurs privés aux associations d’aide alimentaire : leurs dons représentent, chaque année, l’équivalent de 120 millions de repas.

De son côté, la Ministre s'est engagée elle aussi sur un certain nombre de mesures comme la mobilisation de l’ensemble des acteurs dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, la valorisation d’initiatives, ou la mise à disposition, dans les territoires, de la liste régulièrement mise à jour des associations caritatives habilitées, sans oublier son engagement de favoriser l’accès aux financements existants pour les associations.

Alors que la grande majorité des mesures prises par la grande distribution faisaient parties du projet de loi sur la transition énergétique, elles avaient été retoquées par le Conseil constitutionnel. La ministre qui ne « voulait pas en rester là » avait alors décidé de « mettre la pression » sur la grande distribution, jugeant « inadmissible que les grandes surfaces détruisent des stocks alimentaires notamment en mettant de l’eau de javel dessus » (ce qui selon de nombreux observateurs relèverait aujourd’hui plus de la légende urbaine que de la réalité). Ségolène Royal était allée jusqu’à menacer de dénoncer les brebis galeuses tout en déclarant vouloir passer par une autre loi. Des menaces qualifiées de « coup de communication » par Serge Papin, le patron de Système U. Michel Edouard Leclerc accusait pour sa part la ministre de « faire sa rentrée sur le dos de la grande distribution ». Ambiance. Le climat s’est ensuite apaisé pour aboutir à cet accord qui pourtant ne convainc pas tout le monde.

 

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