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François Brottes : retour sur la polémique de l’été

L’ancien député socialiste est à la tête de RTE, filiale de transport d’électricité d’EDF depuis le 1er septembre. Sa nomination a fait polémique.

Si la nomination de François Brottes, à la tête de RTE avait été discrètement annoncée fin juillet pour une prise de fonction au 1er septembre en remplacement de Dominique Maillard, atteint par la limite d’âge, la polémique n’a pourtant pas cessé d’enfler au cours de l’été. L’opposition reprochant au gouvernement la manière de faire. Député de l’Isère depuis 1997 et président de la Commission des Affaires économiques, François Brottes a été nommé, par Manuel Valls par décret du 20 février « député en mission » sur la sécurité de l’approvisionnement électrique dans un cadre national et européen. Or, si la mission temporaire dépasse les six mois, le code électoral prévoit que le siège du député soit automatiquement repris par son suppléant sans passer par une élection partielle. Et c’est bien là que le bât blesse. Par décret paru au Journal officiel le 18 août dernier, on apprenait que la mission de François Brottes était fort opportunément rallongée de… 12 jours. « A l’évidence chacun aura compris que cette rallonge de mission au cours de l’été ne sert en rien la qualité de la mission parlementaire menée par François Brottes » écrit la sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller, « il s’agit d’un décret ad hoc qui permet à François Hollande de faire coup double. Il place un député socialiste ami à la tête d’une filiale importante d’EDF et conserve un député socialiste dans la majorité en évitant une législative partielle particulièrement risquée ». Au-delà du tour de passe-passe, l’opposition et même plusieurs élus socialistes ont également pointé du doigt les risques de conflits d’intérêts qui pourraient exister alors que François Brottes a été le président de la Commission des Affaires économiques mais aussi de la Commission spéciale sur la loi sur la transition énergétique. A l’Assemblée, ce fils d’agent de maîtrise EDF, a contribué à l’élaboration de la loi énergétique visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre (16 avril 2013). Fin août 2015, il a remis au Premier ministre un rapport sur la sécurité de l’approvisionnement électrique en France et en Europe. « A travers ses propositions, ses amendements, il a pu créer ces derniers mois un environnement propice à son atterrissage à RTE » note au Figaro Sébastien Huyghe (Les Républicains, Nord). François Bayrou, qui avait été un des premiers à dénoncer cette nomination, s’est à nouveau emporté début septembre contre le choix de l’exécutif qui « continue à nommer des proches, des copains ». « Il est anormal qu'un parlementaire qui a été le porte-parole d'un lobby se retrouve ensuite nommé dans une responsabilité d'entreprise très importante par ce même lobby, c'est insupportable. Et que le gouvernement dise c'est très bien, amen [...], c'est le contraire de ce qu'ils avaient promis » a ajouté le président du MoDem chez BFM TV.

En 2014, le gouvernement avait déjà tenté d’éviter une législative partielle dans le Doubs avec le départ de Pierre Moscovici pour la Commission européenne. La manœuvre avait échoué faute d’avoir pu faire correctement coïncider les dates. Rebelote avec l’annonce du prolongement de la mission parlementaire sur la politique vaccinale de la députée socialiste Sandrine Hurel. Sa suppléante Marie le Vern, 32 ans, conseillère générale, la remplacera donc. Signalons au passage que Marie Le Vern est la fille d’Alain le Vern, ancien président de la région Haute-Normandie… et mari de Sandrine Hurel. Une affaire de famille en somme.

 

Par décret du président de la République daté du 23 août, l'ancienne ministre et candidate malheureuse à la mairie de Marseille, Marie-Arlette Carlotti a été nommée à la tête du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées en remplacement de Xavier Emmanuelli. Marie-Arlette Carlotti voit ainsi sa fidélité une nouvelle fois récompensée. L’élue des Bouches-du-Rhône avait rallié François Hollande dès 2010 avant de rejoindre l’équipe de campagne du candidat socialiste en 2011. En mai 2012, elle était nommée ministre déléguée aux Personnes handicapées mais à l’arrivée de Manuel Valls, cette fidèle Hollandiste n’avait pas été reconduite au gouvernement. La place de tête de liste aux municipales de Marseille promise par l’Elysée lui ayant finalement échappé, Marie-Arlette Carlotti est désormais présidente du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées. Un poste non rémunéré est-il habilement précisé même si elle pourra bénéficier de notes de frais sans limite et de la prise en charge des déplacements.

 

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