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L’internationalisation des soins de santé en France

Par David Marguerit, Chargé de mission à France Stratégie au département Société, Institutions et Politiques sociales*

Le marché du tourisme médical est en plein essor : entre 2007 et 2012, le nombre de patients non résidents se rendant à l’étranger pour des soins serait passé de 7,5 à 16 millions. Il représenterait 60 milliards de dollars annuels.

Si des pays optent pour une stratégie basée sur la compétitivité prix, d’autres mise sur la qualité des soins et les technologies disponibles (ex. : États-Unis). La France a les atouts pour se positionner sur ce second marché. Les soins sont excellents, des techniques de pointes sont disponibles, le temps d’attente est court et le prix est compétitif. Le prix des soins est en moyenne quatre fois supérieur aux États-Unis pour une qualité comparable.

Pourtant, la France peine à se positionner. Seuls 10 000 patients non résidents seraient accueillis chaque année pour bénéficier de soins programmés.

Le développement de l’accueil de patients non résidents doit être organisé et avoir pour objectif d’améliorer les prestations fournies aux assurés sociaux français. Cela implique que les patients non résidents ne doivent pas avoir de privilèges pour ne pas créer d’inégalités de traitements.

La stratégie à mettre en place pour développer ce secteur doit s’articuler autour de deux leviers complémentaires. Le premier comprend le développement de services afin d’accueillir les patients non résidents dans les hôpitaux. Cela implique de pouvoir fournir un devis en quelques heures, avoir du personnel parlant des langues étrangères, suivre le patient avant et après l’acte, fournir des prestations de conciergerie et proposer des chambres individuelles. Le deuxième levier est la vente de services à l’étranger en développant la labélisation et l’accréditation « Santé France », en fournissant des formations pointues aux professionnels de santé étrangers, en vendant des services d’expertises… Cela permet de créer des liens entre les hôpitaux français et étrangers afin de se faire recommander des patients non résidents. Les hôpitaux ont tout intérêt à se coordonner entre eux pour peser plus lourd sur le marché mondial dont les acteurs sont déjà bien en place.

En juillet 2015, les ministres L. Fabius et M. Touraine ont annoncé plusieurs mesures concernant ce secteur (1). Cependant, il faut aller plus loin et s’interroger sur le prix fixé pour les soins et la répartition des recettes. La France à un avantage compétitif prix important. Il est donc légitime de se demander si les prix ne devraient pas être augmentés. Par ailleurs, si une partie des recettes doit rester au sein de l’hôpital qui a fourni la prestation, une autre doit permettre d’améliorer les services et infrastructures sous-dotés. Cette péréquation est indispensable pour garantir l’amélioration des soins à l’ensemble des assurés sociaux.

* Auteur de la note d’analyse : Quelle place pour la France sur le marché international des soins ?

(1) Création d’une « task force », élaboration d’une brochure et d’un portail internet, allégements administratifs et accompagnement des métiers touchant à la conciergerie médicale et à l’hôtellerie.

 

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