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La France s’ouvre pour accueillir des patients étrangers

Par Jean de Kervasdoué, Professeur d’économie et de gestion des services de santé au Conservatoire National des Arts et Métiers

Si de tout temps la réputation de la médecine française a attiré de prestigieux patients étrangers, la France n’a pas vu que se produisait une révolution et que se développait un marché en très forte croissance. D’autres pays ont su y répondre plus tôt, cependant la France a d’incontestables atouts, elle peut en quelques années rattraper ce retard. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, s’y emploient.

Les raisons du développement de ce que l’on appelle à tort le « tourisme médical » sont peu nombreuses et simples. Avant de les évoquer, remarquons qu’une personne malade, donc inquiète et fragile, ne décide pas de se faire soigner dans un pays étranger par plaisir. Elle n’est pas un « touriste », mais un malade qui pense que la qualité des soins médicaux d’une équipe médicale étrangère la prendrait mieux en charge. Cette décision implique aussi son entourage car elle requiert des dépenses et nécessite un voyage dans un pays dont l’on ne parle pas nécessairement la langue, une source d’angoisse supplémentaire.

Néanmoins ce marché se développe parce qu’est apparue dans les pays du sud de la planète une classe moyenne supérieure aisée que l’on peut estimer à environ 300 millions de personnes. En outre, Internet permet de consulter dans tous les champs de la médecine les équipes les plus réputées de la planète, ou tout au moins les équipes qui sont considérées comme telles par la Toile. Enfin, cela va sans dire, si cette décision de se faire soigner à l’étranger existe, c’est parce que les soins y sont supposés sensiblement meilleurs que dans le pays d’origine ou, à qualité égale, sensiblement moins chers.

Ainsi la Thaïlande, l’Inde, Israël, mais aussi l’Allemagne ont répondu à cette demande et si le chiffre d’affaires induit par cette activité est de 2 milliards d’euros en Allemagne, il n’est que de 120 millions d’euros en France où, par ailleurs l’on soigne gratuitement, le plus souvent à juste titre, un grand nombre de patients.

Pour se placer sur ce marché qui ne nuira pas aux Français, bien au contraire, le Gouvernement a décidé de lever plusieurs verrous administratifs et notamment de faciliter la procédure des visas pour les patients, leur famille et les médecins qui souhaitent venir se former en France. Il a en outre développé une politique active pour :

• Présenter, grâce à un site Internet, par spécialité, par ville, par nature d’établissement… l’offre française de soins,

• Permettre en quelques heures l’élaboration de devis « tout compris » (séjour et honoraires médicaux),

• Définir une procédure simplifiée de caution afin de sécuriser les paiements,

• Développer et encadrer la conciergerie médicale et l’hôtellerie à côté des établissements réputés.

Le communiqué du 31 juillet des deux ministres montre que le dossier chemine rapidement et que les freins seront levés avant la fin de l’année 2015.

 

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