Print this page

France : Le regard (sévère) des investisseurs américains

Dans le dernier baromètre de l’AmCham (American Chamber of commerce) de Paris, les patrons des filiales américaines en France jugent la France moins attractive.

Si la France reste le pays d’Europe le plus attractif pour les Américains, premiers investisseurs et employeurs étrangers sur le territoire, « pour la deuxième année consécutive », cette attractivité hexagonale se dégraderait selon l’enquête réalisée par la Chambre de commerce américaine en France (AmCham) avec le cabinet Bain & Company et publiée le 28 février dernier. Ils ne sont que 52 % des 140 patrons de filiales américaines en France interrogés à porter un regard positif sur la France et à inviter à investir en France. Ils étaient 56 % en 2022 et même 64 % en 2021. « On voit l’attractivité de la France s’éroder encore plus » qu’en 2022 a reconnu en conférence de presse Marc-André Kamel, vice-président de l’AmCham. « Ce chiffre efface le rebond d’attractivité post-Covid et revient à un niveau comparable à celui de 2020 ». Un état des lieux attribué à « certains irritants historiques de la France (qui) sont en train de remonter à la surface » comme le coût du travail considéré par les répondants comme « la principale faiblesse » de la France, le climat social (81 %) - Cela témoigne de l’impact négatif des mouvements sociaux en France sur le ressenti des collaborateurs américains sur l’attractivité du pays -, et le coût des licenciements, la fiscalité et la lourdeur administrative et réglementaire. « Nous sommes dans une période de turbulences mondiales, la performance économique des entreprises est plus compliquée et les met sous pression. Donc la question des coûts du travail et de la fiscalité revient très fort dans les préoccupations des entreprises » insiste Marc-André Kamel.

Aujourd’hui, les dirigeants des filiales américaines attendent beaucoup des réformes législatives en cours qu’ils aimeraient voir concrétisées « rapidement ». Et Natacha Rafalsky, la présidente de l’AmCham, également présidente de Disneyland Paris, de lister la suppression de la CVAE reportée à 2027, la création des titres de séjour pour les métiers en tension, la réforme des charges sociales… Elle voudrait également voir la France « arrêter la surtransposition des normes européennes » et s’engager fermement sur la voie du « choc de simplification » annoncée par le Chef de l’Etat en 2021 qui s’impose aujourd’hui « plus que jamais ». Elle suggère aussi au gouvernement français d’aboutir à une « formalisation rapide du projet de loi Simplication/Pacte II », qui suscite « de fortes attentes auprès des entreprises » tout comme l’application « au plus vite de l’ensemble des dispositions prévues par la loi industrie verte ».

Paradoxalement, les dirigeants américains estiment que le contexte économique en France s’est amélioré en 2023 (33 %) et 36 % anticipent une évolution positive du contexte économique en France dans les 2 à 3 années à venir. Ils applaudissent des deux mains les « réformes mises en place depuis la réélection d’Emmanuel Macron » qui a favorisé une « impulsion pro-business dans l’Hexagone ». Parmi les atouts reconnus de la France, sa position géographique incontestable, la qualité de sa main d’œuvre et de ses infrastructures et son écosystème d’innovation qui satisfait 84 % des entreprises étrangères cette année. Dans l’enquête, les dirigeants reconnaissent également les efforts de l’exécutif pour contenir les prix du gaz et de l’électricité au plus fort de la crise énergétique à travers la mise en place des boucliers tarifaires. Le plan France 2030 et le crédit d’impôts recherche sont enfin salués par les entreprises américaines. 


Selon le baromètre EY 2023, avec 1259 nouveaux projets, la France est en 2022 le pays le plus attractif d’Europe, en nombre de projets d’investissement étranger (+3 % par rapport à 2021).

47 K2_VIEWS