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Promouvoir la nutrition et la santé par la reconnaissance de l’agriculture comme matière d’enseignement

Par Jean-Pierre Taite, Député de la Loire, Conseiller Régional Auvergne Rhône-Alpes*

La crise que traverse le monde agricole français a mis en lumière deux choses essentielles : le fort soutien des Français à leur agriculture mais aussi leur méconnaissance profonde de la réalité de ce monde. Car si les Français ont très majoritairement une opinion favorable de l’agriculture, peu la connaisse.

Les chiffres sont révélateurs : 72 % des personnes ignorent que le nombre d’agriculteurs a été divisé par deux en vingt ans. 68 % ignorent que 90 % de l’alimentation des vaches est produite sur la ferme ; 57 % ne sont pas conscients qu’un fruit ou légume sur deux consommés en France est importé.

Pourtant, ils sont 80 % à dire opter préférentiellement pour les produits locaux. Enfin, ils expriment le souhait à 78 % d’une souveraineté alimentaire pour la France.

Partant de ce constat, il est nécessaire de faire découvrir la réalité de l’agriculture à nos enfants et de les instruire sur ce sujet.

Aussi, j’ai pensé qu’il était nécessaire de combler un vide et d’ajouter clairement un article au code de l’éducation nationale reconnaissant l’agriculture comme une matière d’enseignement à part entière.

En effet, de même qu’il leur est appris à lutter contre le gaspillage alimentaire, il faudrait leur apprendre comment est produit cet aliment.

De même qu’on leur parle écologie et empreinte carbone, il faudrait leur apprendre où est produit ce qu’ils mangent et la distance qu’il doit parcourir pour se retrouver dans nos assiettes, comme on devrait leur apprendre la réalité des saisons et que les fraises qu’ils mangent en hiver sont certainement produites sous serre très loin d’ici…

Ainsi instruits, les enfants et les jeunes seraient incités à manger sainement, de saison et local. Car par-delà la connaissance du monde agricole, c’est l’éducation à la nutrition qui est visée.

En effet, un tel enseignement conduirait à lutter contre la malbouffe et les aliments ultra-transformés. Ce n’est pas un cliché de dire que certains enfants pensent que les poissons sont carrés. Les fermes pédagogiques rencontrent un beau succès et les enfants sont demandeurs de ce genre d’enseignements, voir les animaux d’élevage et découvrir « comment ça pousse ».

Un programme européen « Fruits et légumes à l’école » et « Lait et produits laitiers à l’école » existe bien depuis 2023 visant à éveiller le goût des enfants et des adolescents et de leur faire intégrer la notion de « bien manger » par la distribution de ces produits frais accompagnés de fiches éducatives. Ce programme est appliqué dans les écoles françaises depuis la rentrée dans le cadre de l’enseignement contre le gaspillage alimentaire.

C’est un premier pas, mais cela n’est pas suffisant.

Les enfants et les jeunes doivent se reconnecter à la réalité et cela passe par une réelle éducation à l’agriculture avec une réelle connaissance du travail, des contraintes climatiques, de saison… en un mot, la réalité du terrain, ce qui permettrait aussi de lutter contre les préjugés parfois négatifs qui entourent la profession d’agriculteurs.

Ce qui est visé par ma proposition de loi, c’est aussi « qui fait pousser ? » et « qui élève et comment ? »


*Auteur de la Proposition de loi n°2189 visant à promouvoir la nutrition et la santé par la reconnaissance de l’agriculture comme matière d’enseignement

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