L’ancien neurologue Olivier Véran souhaite en parallèle de son mandat de député (RE), se reconvertir et exercer dans une clinique esthétique (la clinique des Champs-Elysées aux tarifs très élevés). Rien ne l’interdit. Mais cela interroge, notamment Yannick Neuder, le député de l’Isère et lui-même médecin. Avec sa proposition de loi, l’élu entend réguler les reconversions des médecins vers la pratique de la médecine esthétique, alors que l’on manque de généralistes et de spécialistes et que « 87 % du territoire est un désert médical ». Constatant le recours de plus en plus important à la chirurgie esthétique notamment poussé par les réseaux sociaux, Yannick Neuder pointe son « caractère lucratif » qui entraîne des « dérives ». L’attrait que suscite cette spécialité n’est pas non plus sans risque de déséquilibres pour les autres disciplines. A la campagne mais aussi en ville, les délais d’attente pour un rendez-vous sont de plus en plus longs. Il faut en moyenne dix jours pour voir un généraliste en 2024 contre quatre jours en 2019. Comptez trois semaines et trois jours pour un pédiatre (2 semaines et 4 jours en 2019), deux mois pour un ORL, un gynécologue, 2 mois et 2 semaines pour un cardiologue…

Yannick Neuder s’inquiète aussi des disciplines boudées par les étudiants en médecine (28 % de places vacantes en santé publique en 2022, 23 % en biologie médicale, 17 % en gériatrie. La France manque aussi de psychiatres) tandis que « la chirurgie esthétique trônait parmi les cinq spécialités d’internat les plus choisies en 2023 ».

Sans intention de « stigmatiser » la médecine esthétique, son texte qui ne parle d’ailleurs pas de la chirurgie plastique et réparatrice « primordiale dans la reconstruction physique de lésions importantes » vise à encadrer ce type de reconversions en vue d’assurer « une régulation optimales des spécialités ».

Olivier Véran qui a expliqué vouloir reprendre la blouse une journée par semaine dit avoir choisi la médecine esthétique (et non la chirurgie) pour « aider des gens à se sentir mieux dans leur peau, dans leur corps » et à se « réparer après une maladie ». « Je ne toucherai ni à des pénis ni à des fessiers, et je serai très loin des prothèses mammaires » a enfin promis Olivier Véran dans un entretien au Parisien. ■