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Le soutien du Parlement à l’Ukraine

Sans surprise l’Assemblée a voté le soutien à l’Ukraine lors d’un vote non contraignant. Il en a été de même le lendemain au Sénat. Ce qui n’a pas empêché le débat et les critiques contre Emmanuel Macron.

Le soutien à l’Ukraine fait l’unanimité, à l’Assemblée (372 voix pour, 99 contre, 101 abstentions) comme au Sénat. Ce qui n’a toutefois pas empêché les élus de débattre sur le fond et la forme de l’accord de sécurité entre la France et l’Ukraine signé entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky. Annoncé par le Chef de l’Etat le débat suivi d’un vote a été décidé en vertu de l’article 50-1 de la Constitution. Un choix qui est intervenu à la suite des propos polémiques d’Emmanuel Macron qui n’excluaient pas l’envoi de troupes en Ukraine et qui avaient fait l’unanimité (ou presque) contre lui.

Cet accord de coopération bilatérale prévoit un renforcement sur dix ans de l’aide civile et militaire notamment dans les domaines de l’artillerie et de la défense aérienne. L’accord prévoit également, comme l’a rappelé par ailleurs le ministre des Affaires étrangères « jusqu’à trois milliards d’euros de soutien supplémentaire » pour Kiev en 2024 (contre 1,7 Mde en 2022 et 2,1 Mde en 2023). Finalement « voter contre [cet accord], c’est donner à Vladimir Poutine tous les arguments et un signal qu’il attend (...) S’abstenir, c’est fuir ses responsabilités devant l’Histoire » a finement lâché Gabriel Attal. A la tribune de l’Assemblée, le premier ministre a par ailleurs confirmé que « par principe », « aucune option » n’était exclue. « Nous ne nous fixons pas de limite face à une Russie, qui elle, n’en fixe aucune ». Mais que l’on se rassure, le gouvernement n’est pas dans une « logique d’escalade ». « La victoire de la Russie sur l’Ukraine constituerait un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français » a mis en garde Gabriel Attal. Et le premier ministre d’ajouter : « On peut être dans l’opposition à ce gouvernement tout en apportant un soutien sans ambiguïté à l’Ukraine ».

Finalement si tout le monde s’accorde à soutenir l’Ukraine, les débats ont surtout permis de s’en prendre à Emmanuel Macron dont les propos ont été vivement critiqués. Le socialiste Boris Vallaud, avant de voter en faveur de l’accord n’a pourtant pas hésité à les qualifier d’« effets de manche » ressemblant plus à de « l’inconstance et à de l’inconséquence » qu’à une « ambiguïté stratégique » comme s’en est plus tard défendu l’exécutif. « Cet accord n’est pas et ne peut pas être une entrée en guerre contre la Russie [… ] il ne donne quitus de rien au gouvernement et ne signe aucun chèque en blanc » a-t-il complété.

Le chef de file des députés communistes Fabien Roussel a pour sa part regretté ces « déclarations va-t’en guerre ne mettant aucune limite à notre soutien » reprochant au président de « bomber le torse ». Les communistes ont voté contre.

Même dénonciation chez LFI. Arnaud Le Gall évoquera les mots « irresponsables » du chef de l’Etat qui « ont ouvert la voie à une escalade que nous ne pouvons pas accepter ». Mathilde Panot sur X dénoncera ce vote qui n’est qu’« une mascarade d’un accord déjà conclu ». « Les ’va-t’en-guerre’ de tous bords ont leur général en chef : il s’appelle Emmanuel Macron » s’est-elle emportée.

A droite, Olivier Marleix, le président du groupe LR a pointé les « prises de parole intempestives » d’Emmanuel Macron qui ont, selon lui, « brouillé la voix de la France sur la scène internationale ».

Plus à droite encore, Marine Le Pen a cherché à justifier le vote d’abstention de son groupe en critiquant les « annonces guerrières d’Emmanuel Macron » pouvant entraîner une « aggravation du conflit ». « Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d’être pro-Poutine » a-t-elle finalement déclaré accusant le camp macroniste de faire avec la guerre en Ukraine de « la basse politique politicienne » pour un « agenda électoraliste de court terme ».

« Je préfère bomber le torse qu’être à plat ventre devant la Russie » a répondu à l’ensemble des oppositions un premier ministre droit dans ses bottes.

« Aujourd’hui, l’Assemblée nationale a envoyé un message clair au peuple ukrainien : la France est avec vous. C’est aussi un moment de clarification : il y a ceux qui sont avec les Ukrainiens et les extrémistes qui sont avec le Kremlin » s’est félicité sur X, Stéphane Séjourné à l’issue du vote. 


Après les députés, les sénateurs
« Tourner le dos à l’Ukraine, ce serait tourner le dos à nos valeurs, trahir la confiance de nos alliés, faire acte de faiblesse » a rappelé en ouverture du débat Gabriel Attal qui a été écouté et entendu par les sénateurs qui ont largement voté en faveur de l’accord de sécurité signé mi-février entre la France et l’Ukraine par 293 voix et 22 contre. En l’absence d’élus de la France insoumise et seulement trois du Rassemblement national, le vote était assuré. La première force d’opposition au Sénat, Les Républicains ont pour leur part largement approuvé le texte, malgré six oppositions et quatre abstentions. Le groupe communiste a voté contre. En tribune, l’ambassadeur ukrainien a été largement applaudi par les sénateurs.

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