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Une Région sur les rails

Par David Valence, Député, Président de la commission transports déplacements et infrastructures à la Région Grand Est

Avec un réseau ferré historiquement très développé, et une ambition politique forte en faveur du ferroviaire, la Région Grand Est peut compter sur une offre importante et très utilisée. En moyenne nos TER transportent 185 000 voyageurs par jour.

Depuis 2016, l’offre a augmenté de 25 % plaçant la région comme la première, hors Île-de-France, en quantité de trains. La volonté de la Région est de poursuivre l’augmentation de l’offre tout en renforçant la qualité de service. Cela s’est traduit par la conclusion d’un contrat avec TER couvrant la période 2024 – 2033, marquant une rupture avec les accords précédents : SNCF a pris des engagements très forts tant sur les retards que sur les suppressions de trains, avec la mise en place d’un système de bonus-malus très incitatif.

Ce contrat prévoit également une ouverture à la concurrence progressive jusqu’en 2033. Elle a débuté cette année par une première consultation pour la réouverture de la ligne Nancy et Vittel, emblématique de cette volonté de reconquête ferroviaire de la Région (signature prévue en 2024). Deux autres marchés ont suivi, dont un lancé en partenariat avec nos voisins Allemands qui permettra de renforcer les liaisons actuelles entre nos deux pays.

Outre la mise en concurrence des lignes, la Région Grand Est a engagé deux opérations d’envergure inédites en France : la récupération en propriété du matériel roulant et celle des lignes de dessertes fines du territoire (LDFT). Ces deux opérations, de plus d’1 milliard d’euros chacune (1,3 milliard pour près de 200 rames, et entre 1 et 1,5 milliard pour les LDFT) illustrent toute la volonté régionale de pérenniser le ferroviaire tout en rationalisant le coût pour les collectivités.

La Région s’est également lancée dans la mise en œuvre de services express régionaux métropolitains (SERM), d’abord à Strasbourg dont la première étape du projet a été lancée en décembre 2022 mais qui doit encore faire l’objet d’investissements importants pour franchir une étape supplémentaire dans le report modal. La réflexion est également engagée, en partenariat avec l’État, la Société du Grand Paris (demain la Société des Grands Projets) et SNCF, sur Lorraine-Luxembourg et Mulhouse – Bâle. Nous allons, d’ici un an et en concertation avec les autres autorités organisatrices concernées, établir pour ces trois SERM un schéma d’ensemble qui définira le niveau d’offre à mettre en place ainsi que les investissements à réaliser, un schéma de gouvernance (qui sera nécessairement transfrontalier étant donné l’importance des déplacements entre pays) et un plan de financement. Cette feuille de route est une étape majeure dans la réussite de ces projets.

La Région a également un rôle actif dans les autres formes de mobilités : inspirés de la démarche engagée en Île-de-France autour d’un réseau de Car Express, nous lançons une démarche d’identification des lignes de Car Express permettant de répondre à des besoins existants et mal couverts par des modes lourds. Nous avons également adopté un plan vélo très ambitieux, doté d’un budget de 125 Me que nous mettons progressivement en place avec des actions phares comme la création d’un service de location de vélo à la sortie des gares. La Région accompagne ses territoires dans les transports à la demande et le covoiturage et les dispositifs correspondants seront actualisés au courant de l’année prochaine.

Enfin, et bien que cette compétence ne soit pas aujourd’hui directement celle des régions, la Région Grand Est assume un rôle de plus en plus structurant dans la sauvegarde et la reconquête du fret ferroviaire. La Région co-finance des opérations de régénération de lignes de capillaires fret : ces lignes, qui reçoivent 16 millions de tonnes par an (soit 25 % du niveau national), sont capitales pour assurer les chaines logistiques de nos entreprises. Pour aller au-delà, la Région, en partenariat avec l’État, a établi une stratégie régionale fret avec 5 engagements et 12 actions concrètes. Ce volontarisme trouve écho dans le fait que la Région Grand Est va expérimenter l’exploitation de 500 kms de réseau routier national afin d’y mettre en œuvre une éco-contribution poids lourds (comme nos 4 voisins le font déjà). Le produit de cette éco-contribution servira d’une part à régénérer en profondeur un réseau routier à bout de souffle, et à le moderniser, mais aussi à contribuer au financement des investissements nécessaires au développement du fret ferroviaire comme la création de plateformes multimodales.

Nous sommes à l’aube d’une révolution majeure dans le domaine des mobilités, qui est le seul secteur de l’économie dont les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et qui doit prendre le virage de la transition énergétique. Par ses compétences, ses leviers financiers, et sa capacité à fédérer les acteurs, les régions en seront les têtes de pont et je me réjouis d’y contribuer par mes fonctions de président de la commission transports en Grand Est. 

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