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Gabriel Attal : Toujours plus vite, toujours plus loin

Nommé à Matignon par Emmanuel Macron, Gabriel Attal devient à 34 ans, le plus jeune Premier ministre de la Vème République. Bon communiquant, passé par les rangs du parti socialiste, il séduit aussi à droite mais peut agacer dans son propre camp.

Six mois à peine après avoir été désigné ministre de l’Education et de la jeunesse et alors qu’il semblait donner un nouvel élan rue de Grenelle, contre toute attente Gabriel Attal a été nommé Premier ministre le 9 janvier dernier. Désigné deuxième personnalité politique préférée des Français derrière Edouard Philippe et devant Bruno Le Maire, selon le palmarès des personnalités Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio paru à la rentrée dernière, il succède à Elisabeth Borne usée par les crises politiques successives et dont la popularité ne cessait de s’étioler. En choisissant Gabriel Attal qui l’avait rejoint en 2016, le Chef de l’Etat espère sans doute relancer son quinquennat quelque peu malmené ces derniers temps. « Cher @GabrielAttal, je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j’ai annoncé. Dans la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace. Au service de la Nation et des Français » a salué sur X, le président de la République. A 34 ans, Gabriel Attal est le plus jeune premier ministre de la Vème République ; il passe devant laurent Fabius qui avait été nommé à 37 ans.

Celui qui a été militant au Mouvement des jeunes socialistes et qui a fait ses premières armes en manifestant contre Jean-Marie Le Pen en 2002 a gravi les marches une à une pour arriver là où il en est aujourd’hui. A sa sortie de Sciences Po, Gabriel Attal est stagiaire de Marisol Touraine, alors députée. Devenue ministre, elle lui demande d’intégrer son cabinet comme conseiller en charge de ses discours. Le voilà lancé. Il ne quittera plus la scène politique. En 2016, il rend sa carte du parti socialiste et rejoint En Marche ! En 2017, il participe à la campagne au plus près des proches d’Emmanuel Macron comme Christophe Castaner jusqu’à la victoire. Dans la foulée, le militant devient député des Hauts-de-Seine en battant l’indéboulonnable André Santini, élu au Palais-Bourbon depuis 20 ans. Dans l’hémicycle, Gabriel Attal trouve très vite sa place et sait se faire entendre. S’appuyant sur plusieurs proches du président qu’il rencontre fréquemment comme

Sibeth Ndiaye, Ismaël Emelien ou Stéphane Séjourné avec qui il est pacsé, Pierre Person ou encore Guillaume Chiche, le député sait se rendre indispensable. Il est omniprésent. Toujours plus vite, toujours plus loin, Edouard Philippe le nomme au gouvernement quatorze mois à peine après son entrée au palais Bourbon, en 2018. Le voilà à 29 ans, secrétaire d’État aux côtés de Jean-Michel Blanquer à l’Education national. Il est chargé de mettre en oeuvre le service national universel (SNU), l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron.

Autre Premier ministre, autre maroquin. En 2020, Jean Castex fait de lui le porte-parole du gouvernement. Il affrontera à Matignon, la crise de Covid-19. Un apprentissage qui lui servira sans aucun doute pour affronter les crises qui pourraient subvenir. Sa carrière prometteuse se poursuit à Bercy en 2022 lorsqu’il il est nommé ministre délégué des Comptes publics à la suite de la réélection d’Emmanuel Macron. Nicolas Sarkozy a été l’un de ces prestigieux prédécesseur. De là à y voir un signe…

En 2023, il est à nouveau le plus jeune… ministre de l’Éducation nationale depuis 1958. Dès son arrivée rue de Grenelle, il s’attèle à de grands chantiers comme le harcèlement scolaire, la lutte contre l’intégrisme religieux avec l’interdiction de l’abaya dans les collèges et les lycées ou en lançant l’expérimentation de l’uniforme à l’école. Il veut aussi et surtout, lui l’ancien élève de la prestigieuse Ecole alsacienne, fréquentée par une certaine élite issue des beaux quartiers, « élever le niveau » avec son « choc des savoirs ». Il agit ou fait comme si et le fait savoir. Sa fermeté est saluée à droite. Un peu moins à gauche. Il déplait même à beaucoup. Son ambition fait de l’ombre. A l’annonce de sa nomination, il se murmure que plusieurs figures de la macronie ont vivement contesté ce choix en déclarant ne pas avoir envie de bosser « avec un gamin de 34 ans » qui pourrait être un rival à la prochaine présidentielle. Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Edouard Philippe, François Bayrou et Alexis Kohler ont bien évidemment démenti avoir tenu de tels propos.

Si pour le « jeune » Gabriel, l’année 2024 commence bien, le plus dur reste à faire : agir et convaincre. 

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